"L'impossible, nous ne l'atteignons pas
mais il nous sert de lanterne."
Colette est à la barre du défi n°196 des CROQUEURS DE MOTS et sa feuille de route se résume en deux mots qui englobent toute la vie : Nuit et Jour. Pour les jeudis en poésie j'ai l'embarras du choix parmi les poèmes choisis que j'ai déjà mis en ligne et la nuit m'a souvent et récemment inspiré.
J'ai hésité à rééditer la fin de la première partie de L'homme approximatif de Tristan Tzara, trop désespérant et difficile à isoler du tout.
Et puis j'ai pianoté "manteau de nuit, poème" et j'ai retrouvé ce poème de René Char sur le blog de Mes écrits vains, un ancien Croqueur de mots qui l'avait mis en ligne pour Lenaïg en 2011 proposant cette belle expression.
Une façon me semble-t-il de prolonger mon billet du printemps dernier pour L'Herbier de poésies Danse des sabres dans sa partie Nuit. Jeudi prochain je continuerai à prolonger ce billet avec Le jour
Si vous préférez entendre Sur une nuit sans ornement ou l'écouter en le lisant
Sur une nuit sans ornement
Regarder la nuit battue à mort; continuer à nous suffire en elle.
Dans la nuit, le poète, le drame et la nature ne font qu'un, mais en montée et s'aspirant.
La nuit porte nourriture, le soleil affine la partie nourrie.
Dans la nuit se tiennent nos apprentissages en état de servir à d'autres, après nous. Fertile est la fraîcheur de cette gardienne!
L'infini attaque mais un nuage sauve.
La nuit s'affilie à n'importe quelle instance de la vie disposée à finir en printemps, à voler par tempête.
La nuit se colore de rouille quand elle consent à nous entrouvrir les grilles de ses jardins.
Au regard de la nuit vivante, le rêve n'est parfois qu'un lichen spectral.
Il ne fallait pas embraser le cœur de la nuit. Il fallait que l'obscur fût maître où se cisèle la rosée du matin.
La nuit ne succède qu'à elle. Le beffroi solaire n'est qu'une tolérance intéressée de la nuit.
La reconduction de notre mystère, c'est la nuit qui en prend soin : la toilette des élus, c'est la nuit qui l'exécute.
La nuit déniaise notre passé d'homme, incline sa psyché devant le présent, met de l'indécision dans notre avenir.
Je m'emplirai d'une terre céleste.
Nuit plénière où le rêve malgracieux ne clignote plus, garde-moi vivant ce que j'aime.
René Char, La Parole en archipel, 1962
recueil de poèmes écrits entre 1952 et 1960
René Char, 1907 - 1988, poète et résistant français
capture d'écran du ballet suivant |
Grand merci pour le tout Jeanne... bon jeudi, bises
RépondreSupprimerLa nuit porte nourriture ... la nuit déniaise notre passé ... la nuit ne succède qu'à elle-même ... c'est profond et si plein, Jeanne ! Excellent choix ! J'♥ beaucoup, beaucoup ! Bonne journée de ce jeudi ! Bises♥
RépondreSupprimerJoli choix. Bisous
RépondreSupprimerUne poésie difficile, mais saisissante par ses images incroyables de la nuit que j'adore...
RépondreSupprimerLe nom du blog me parlait, du coup j'ai cherché le lien.
RépondreSupprimerLe blog n'est plus actif depuis 2016. J'espère qu'il n'est rien arrivé à Jean-Pierre.
Merci en tout cas pour René Char.
Bises et douce journée.
Une nuit qui envoûte et fait peur, comme une nuit qui purifie, la nuit abrite encore de nombreux mystères.
RépondreSupprimerSuperbe écrit que je découvre merci pour ce choix de René Char
RépondreSupprimerBonne journée
Bisous
la nuit et tous ses mystères
RépondreSupprimerJe viens de passer un très bon moment.
RépondreSupprimerMerci beaucoup.
Bisous.
Domi.