pour "jeudi poésie" les 16 et 23 novembre je vous propose des couleurs...choisissez la votre !
J'aurais pu avec Rimbaud, décliner les voyelles en couleurs, j'espère que d'autres croqueurs le feront. J'aurais pu ...
En complément de ce poème, Blancs et noirs, tous frères, tous égaux, de Victor Hugo
La vie antérieure
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.
Charles Baudelaire, recueil Les fleurs du mal, éd de 1857
soleil couchant d'hiver sur le pont de l'Île de Ré |
Charles BAUDELAIRE, 1821 - 1867, poète français
Recueil : Les fleurs du mal, poèmes de 1840 à sa mort, première édition 1857, rééditions remaniées et censurées, 1861, 1866, 1868, réédition de réhabilitation de l'oeuvre 1949
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J'ai connu ce poème magnifique bien après avoir appris l'histoire chaotique de la parution du recueil Les fleurs du mal grâce à la témérité de Poulet-Malassis et de l'Imprimerie Alençonnaise.
Mais si l'oeuvre a été censurée en 1857 et Baudelaire condamné pour délit d'outrage à la morale publique et a valu à l'éditeur un exil forcé en Belgique pour y échapper, La vie antérieure ne fait pas partie des poèmes interdits.
L'abolition de l'esclavage est toute récente (1848) et n'a concerné moralement que bien peu d'hommes d'influence (Victor Schoelcher ; Victor Hugo). L'expression "esclave nu" a-t-elle échappé à la vigilance des censeurs ? Est-ce le mot esclave qui a sauvé le poème pour éviter les foudres des abolitionnistes ?
Aurait-il été interdit s'il avait écrit "l'homme nu" ? Non sans doute. L'allusion à la volupté et même une volupté interdite n'est le fait d'à peine de quelques mots.
Aujourd'hui le mot "esclave", écrit dans l'insouciance d'une coutume assumée par les hommes de cette époque, me dérange, en dépit de la beauté sublime du poème.
L'esclavage moderne existe et je le dénonce dans mes blogs depuis le début. Mais aujourd'hui, grâce à la diffusion, notamment devant les parlementaires d'une vidéo-reportage sur un marché aux esclaves de Tripoli, que je ne veux pas visionner, que m'apprendrait-elle que je ne sache déjà dans l'impuissance ?
... comme un pacha... merci Jeanne, bon jeudi, bises
RépondreSupprimerSuperbe choix, Jeanne ! Magnifique photo ! Bravo et bon jeudi ! Bises♥
RépondreSupprimerSuperbes poème et photo. Beau jeudi
RépondreSupprimerBeauté incroyable de ce poème dont la lecture à voix haute coule comme de l'eau...
RépondreSupprimerMerci Jeanne pour ce cadeau.
RépondreSupprimerJe ne veux pas la visionner non plus. :(
RépondreSupprimerJe n'en reviens pas...
En tout cas, ton sonnet de Baudelaire est un excellent choix.
Bises et douce soirée.
J'aime beaucoup ce poème de Baudelaire , je me souviens l'avoir appris par coeur , malheureusement ma mémoire m’empêche d'aller plus loin que la première strophe .
RépondreSupprimerQuant à l'esclavage je croyais ce temps révolu hélas il n'en est rien .
Bises
Baudelaire ! quel cadeau ce matin que de le lire et relire, ma mémoire défaille je ne peux plus "réciter" tous les sonnets que j'aimais tant !
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