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Il est certains esprits...[...]Il est certains esprits dont les sombres penséesSont d'un nuage épais toujours embarrassées ;Le jour de la raison ne le saurait percer.Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.Selon que notre idée est plus ou moins obscure,L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,Et les mots pour le dire arrivent aisément.Surtout qu'en vos écrits la langue révéréeDans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.En vain, vous me frappez d'un son mélodieux,Si le terme est impropre ou le tour vicieux :Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divinEst toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,Et ne vous piquez point d'une folle vitesse :Un style si rapide, et qui court en rimant,Marque moins trop d'esprit que peu de jugement.J'aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène,Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux,Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :Polissez-le sans cesse et le repolissez ;Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. [...]Nicolas BOILEAU, Recueil : L'art poétique, 1669 - 1674
(Chant I), extrait
Nicolas Boileau, 1636 - 1711, poète écrivain et critique français
C’est peu qu’en un ouvrage où les fautes fourmillent,Des traits d’esprit semés de temps en temps pétillent.Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ;Que le début, la fin répondent au milieu ;Que d’un art délicat les pièces assortiesN’y forment qu’un seul tout de diverses parties,Que jamais du sujet le discours s’écartantN’aille chercher trop loin quelque mot éclatant.Craignez- vous pour vos vers la censure publique ?Soyez-vous à vous-même un sévère critique.L’ignorance toujours est prête à s’admirer.Faites-vous des amis prompts à vous censurer ;Qu’ils soient de vos écrits les confidens sincères,Et de tous vos défauts les zélés adversaires.Dépouillez devant eux l’arrogance d’auteur ;Mais sachez de l’ami discerner le flatteur.[...]