Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune

145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015, 123 en 2016, encore 123 en 2017, 121 en 2018 ? 101 femmes depuis le 1e janvier 2019 en France (2 septembre 2019) , soit une femme tous les deux jours ! accélération ou meilleure visibilité ?

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

mardi 31 janvier 2023

Vivent les vieux ...

Je viens de remettre en brouillon un article qui n'aurait pas du être publié en l'état et il mérite d'être amélioré si c'est possible.

Aujourd'hui, partout en France, de nombreux manifestants vont marcher comme le 19 janvier dernier avec la mobilisation contre la réforme des retraites et  le 21.

"La retraite, c'est mieux quand on est vivant." Voilà l'imparable évidence que certains slogans reprenaient lors de la manifestation du jeudi 19 janvier contre la réforme du gouvernement. 

INFOGRAPHIES. Visualisez comment le risque de mourir avant et juste après la retraite concerne davantage les classes populaires (francetvinfo.fr)

Retraites : est-il inévitable de travailler plus longtemps ? On a passé au crible les principales propositions des opposants à la réforme (francetvinfo.fr)









Pour celles et ceux qui croyaient qu'elle existe depuis longtemps, eh bien non, pas du tout ! 

1910, l'Etat accorde souvent chichement des pensions à ses vieux militaires et autres agents de l'Etat qu'on appelle pas encore fonctionnaires et dans d'autres secteurs de la production où se sont développées les idées de mutualisation, idées mises en action par quelques patrons solidaires ou sensés, des caisses mutuelles permettent des retraites par capitalisation.

"Camarade, ne vous y trompez pas, ce n’est pas à l’heure où il arrive à l’heure de la retraite, ce n’est pas seulement à 60, 65 ans, que le vieil ouvrier a ce réconfort, c’est quand il voit la suite de la vie. Aujourd’hui, quand l’ouvrier de 40 ans voit passer à côté de lui un vieux de 60 ans sans abri, sans travail, sans retraite, mendiant, (...) il se dit : "C’est comme cela que je serai dans quelques années", et il y a vers lui un reflux d’abjection... Dès demain, si vous le voulez, par le vote immédiat de la loi, et par l’effort d’amélioration que nous ferons tout de suite, dès demain, tous les vieux relèveront le front, et tous les jeunes, tous les hommes mûrs se diront du moins que la fin de la vie ne sera pas pour eux le fossé où se couche la bête aux abois." 

Jean Jaurès, discours du 8 février 1910, à Nîmes, lors du Congrès de la SFIO 
consacré à la loi sur les retraites ouvrières.

Histoire de la retraite en France : de l’acquisition d’un droit à la valse des réformes (radiofrance.fr)

Retraite en France — Wikipédia (wikipedia.org)

Alors oui il y a toujours eu la question du financement, bien plus difficile du reste naguère que maintenant. D'autant que l'économie d'avant guerre a mis en évidence l'extrême fragilité de la retraite par capitalisation qui avait fini par voir le jour pour une partie des travailleurs.

 en 1945, le principe d’une retraite pour tous est enfin acquis, mais dans les faits, la situation des retraités reste précaire. 

"Les personnes âgées constituent la population la plus pauvre de la société française jusque dans les années 1970. Et c'est avec le relèvement du minimum vieillesse, le relèvement des retraites, qu'on va réussir à sortir ces populations de la pauvreté. En 1960, 40 % des personnes âgées touchent le minimum vieillesse. En 2004, ils n’étaient plus que 4% à le toucher".

Rien ne s'est construit sans querelles ni luttes sociales ni reculs ni retours aux différences secteur public secteur privé. Seule constance qui ferait sourire si elle n'était pas (??? j'ai le mot sur le bout de la langue), la non considération et donc de reconnaissance du travail non rémunéré des femmes en plus de la moindre rétribution de leur travail rémunéré.

1953, la grande grève contre une réforme des retraites : épisode 2null du podcast Histoire des retraites (radiofrance.fr)

Car disons les choses clairement, l'une des raisons pour lesquelles c'est le plein emploi pendant les trente glorieuses, c'est qu'il fallait que la France ait des enfants, que la natalité remonte après les tranches creuses de la guerre et avant des années de la grande dépression. Il fallait donc que les femmes les élèvent au lieu d'aller travailler. Il fallait aussi faire accepter le paiement des cotisations patronales pour tous, d'où l'effacement des statistiques et des collectes des femmes d'agriculteurs, d'artisans et de profession libérales, quand bien même la fermière se levait plus tôt que son homme pour laver la maison, préparer les repas et aller traire les vaches. Quand bien même la femme du médecin prenait les rendez-vous au cabinet qui était deux pièces de leur logement ou au téléphone, qui permettait que la salle d'attente soit propre aérée et accueillante, qui ouvrait même souvent pour accueillir les patients. Qui était dans la boutique du boulanger ou du boucher ou du charcutier pendant que l'artisan pétrissait son pain, débitait les viandes ou préparait les galantines et autres bouchées à la reine ? Qui était derrière la caisse et qui faisait les comptes au quotidien ?

Combien de ces femmes ont encore maintenant continué à travailler "bénévolement" aux côtés de leur conjoint ?



lundi 30 janvier 2023

Défi n°276 : parler juste

NB : ma page pour l'herbier de poésies est publiée juste avant ou juste après celle-ci pour les croqueurs de mots

Faites dialoguer des personnages qui n'ont pas le même niveau de langue, exemple :

  • niveau de langue courant : Je n'ai pas lu ce livre.
  • niveau de langue familier Ce bouquin, je l'ai pas lu, moi.
  • niveau de langue soutenu  Je n'ai point lu cet ouvrage.
- Eh ! la môme crevette ! laisse donc ton bouquin et ramène ta fraise fissa ! Zieute-moi don toutes ces loupiotes dans le ciel ! T'as vu comme elle filent vite. On a d'la chance l'temps est ben clair c'te soir ! 
- Oh mon chéri, tu devrais faire attention quand tu lui parles. J'ai envie qu'elle apprenne à parler en s'exprimant correctement. Plus tard, elle ira aussi loin qu'elle pourra à l'école.
En attendant ma puce, viens voir avec nous les étoiles filantes.
- D'accord, tu as raison, faut que je fasse gaffe à la manière dont j'cause. Mais il nous faut raison garder, tout de même. Tu la vois causer comme madame la duchesse avec sa goule en cul d'poule ?
- Oh n'ayez aucune inquiétude très chers parents, j'ai déjà assimilé tout l'ouvrage intitulé "L'art de parler en toutes circonstances", le langage châtié comme le parler populaire, la langue de Molière, le verlan, notre patois normand, les lieux et les circonstances où le voussoiement est requis, et même la langue de bois ...
Les deux parents ensemble : mais elle cause ! Comme elle cause bien not' petiot' !
- Ouais et même que je sais lire ... j'apprends tout dans mes rêves ...

Une page de Narcisse et Farfouillet, le premier livre que j'ai "lu" je ne sais combien de fois en étant persuadée que je savais lire son histoire : clin d'œil à Anne et à son sonnet du jeudi 26 janvier

Nébuleuse

 NB : ma page pour les croqueurs de mots  est publiée juste avant ou juste après celle-ci pour l'herbier de poésies


Pour la page 216 de  l'Herbier de poésies

Nébuleuse

Sans la légende aurais-je deviné ce que représentait l'image ? Entre l'imagination créative de l'abstraction et l'observation scientifique de la rigueur mon cœur balance

Un tableau mystère
faisant danser les couleurs
douce chorégraphie

Aurais-je imaginé le bleu de l'océan et ses peuples des profondeurs ou celui de la nuit parsemée de ses milliers d'étoiles ?

Sous l'oeil avisé
d'un puissant télescope
la nuit étoilée

Et voici Van Gogh qui s'invite pour toucher du doigt l'immensité du ciel et éclairer sa nuit d'ombre.

Au cœur palpitant
le nébuleux s'estompe
en paréidolies
©Jeanne Fadosi, samedi 28 janvier 2023
pour la page 216 de l'Herbier de poésies
à découvrir bientôt avec les autres brins sur la page 216

https://www.aapod2.com/blog/heart-of-the-heart-nebula
Image de la nébuleuse du cœur prise à partir de l’observatoire piloté à distance au Portugal par l’équipe AstroDarkTeam composée de Stéphane Rolland et Pascal Gouraud astronomes amateurs.


Van Gogh, Nuit étoilée, 1889

"Pour voir l'Univers tel qu'il est, il faut soit la rigueur du scientifique, soit la sensibilité de l'artiste. Tout le reste n'est qu'illusion ..."    cité sur Ciel des hommes à la page Etoile

jeudi 26 janvier 2023

Au milieu des tempêtes, poème choisi collage (nom de l'auteur jeudi prochain)

 Les Cabardouche à la barre du défi 276 des CROQUEURS DE MOTS pour la quinzaine nous proposent pour le Jeudi poésie du 26 janvier Premier vers
Ouvrez un recueil de poésie, choisissez un poème qui résonne en vous, transcrivez-en le premier vers et continuez le poème à votre façon en vous laissant la liberté d’écrire un texte bref ou plus long.

Je préfère le jeudi partager une poésie choisie. Comment faire alors ?
J'ai requis "poésies choisies" sur mon blog et dans la liste j'ai choisi  de regrouper les deux premiers vers d'un poème et deux extraits d'un autre :

Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Échevelé, livide au milieu des tempêtes,*

À son côté, pareille aux beaux espoirs déçus,
La muse Charité, Grâce fière et touchante, [...]
Ô Rêve ! et le plafond ténébreux des cachots,
Déchiré tout à coup, laisse voir des étoiles.

L'esclave humilié, le pauvre, le maudit,
Sont relevés tandis qu'il accomplit sa tâche,
Et ce rouge assassin de l'ombre, ce bandit,
L'échafaud, démasqué, frissonne comme un lâche.

Esprit caché là-bas dans la brume du Nord,
Il répand sa clarté sur nous, tant que nous sommes.
Qui donc l'a fait si pur ? C'est le courroux du sort.
Et qui l'a fait si grand ? C'est l'injure des hommes.

Le sage errant n'a plus ici-bas de prison.
Le délaissé qui n'a plus rien n'a plus de chaînes.
Sa demeure infinie a pour mur l'horizon ;
Il parle avec la source et vit avec les chênes !**

* les deux premiers vers sont ceux de La conscience , Victor Hugo, La légende des siècles, première série 1859

** Permettez-moi pour les vers suivants de garder le mystère en prévision du jeudi prochain où les Cabardouche  nous suggèrent, telle  La bouteille à la mer inversée, de déclarer notre désir de vivre sur une île déserte en déclamant un poème à un naufragé inconnu. 

Je mettrai ce poème en ligne, promis.




Heureusement que les Cadarbouche nous laissaient le choix du poème car s'ils avaient écrit, prenez le premier vers que vous lisez ...

Ce à quoi alors vous avez échappé :
Petit mot sans méfiance, difficile à signer Fadosi continue: Paix et Joie en acrostiche-s
Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé, Fadosi continue: El Desdichado, de Gérard de Nerval
5 ** chut, rendez-vous jeudi prochain pour le découvrir

mercredi 25 janvier 2023

Antaon le Tong au pied de la montagne

 Les passagers de la Vespa Etna ont intérêt à être bien chaussés.

Tong masculin singulier allant par paire en féminins pluriels se trouve bien démuni à leurs pieds au pied de toute montagne, alors si c'est l'Himalaya !

En tongs au pied de l'Himalaya sur Apple Podcasts

Un taon au moins pourrait voler autour des oreilles des mulets sur les contreforts. Mais un tong !

La montagne peut être gigantesque mais tong n'a pas le choix, aiguillonné par Taon il va surmonter les obstacles.

Pour l'heure il va par paires et le pilote de l'hélico les découvrant aux pieds de ses passagers refuse tout net de les emmener là-haut ainsi chaussés. Les Tong, Taon en premier, en sont bien d'accord ! Aucune envie de se cramer la semelle dans les cendres chaudes de l'Etna !

Si au moins il pouvait se décomposer en kaons et hop, pourquoi pas se téléporter d'un seul coup d'un seul en lévitation au-dessus du cratère.

Kaon — Wikipédia (wikipedia.org) ; Téléportation quantique — Wikipédia (wikipedia.org)

Antaon Le Tong est las d'arpenter le sable chaud du littoral écrasé par ces marcheurs sans grâce ni légèreté, mais de là à grimper sur les pentes d'un volcan ! Quoi qu'ois-je* ? . Ils veulent nous faire grimper l'Everest ?



J'ai froid 😱
OUIR au présent de l'indicatif (conjugaison-verbe.net) j'ai vérifié car je m'étais trompée !

J'essaierai de tenir à peu près à jour Mes prénoms saison 14

Mes prénoms du mercredi saison1 
dansaient à la guinguette de la Récréa-bigornette, et ceux de La cour de récré de JB avec mes participations aux Prénoms du mercredi :


Si vous voulez connaître la genèse de cette aventure ludique, Bigornette, Présidente d'honneur de La cour de récré de JB, pour avoir créé les prénoms du mercredi, s'en expliquait ICI. 

mardi 24 janvier 2023

De la servitude volontaire à l'asservissement algorithmique

 En marge de Passereaux (voir billet précédent) et en écho à ma lecture de Chien 51 de Laurent Gaudé avec en toile de fond l'avenir de nos acquis sociaux :

« Tu dis que tu aimes les fleurs et tu leur coupes la queue, 
tu dis que tu aime les chiens et tu leur mets une laisse, 
tu dis que tu aime les oiseaux et tu les mets en cage, 
tu dis que tu m’aime alors moi j’ai peur » 
Jean Cocteau

Est-ce éthique de mettre un oiseau en cage ? - Pet's Rescue France (sos-animaux-23.fr)

Est-ce éthique de mettre les humains en cage ? et leurs cerveaux ?

Chien 51 - Laurent Gaudé - Babelio

La servitude volontaire, ce n'est pas une idée neuve :

Discours de la servitude volontaire — Wikipédia (wikipedia.org)

Discours de la servitude volontaire/Édition 1922 - Wikisource


ChatGPT : première interview radio de l'intelligence artificielle (radiofrance.fr)



lundi 23 janvier 2023

Oyez les CROQUEURS DE MOTS : défi 276 affiché chez les Cabardouche !

 Eh oui ce sont les Cabardouche qui sont à la barre de cette quinzaine pour Les Cabardouche à la barre du défi n° 276 - Cabardouche (francois-marie.fr) des CROQUEURS DE MOTS

Qu'on se le lise et qu'on affûte ses neurones car ...

... il parait que ça va tanguer !!!!

Passereaux

Pour la page 215 de  l'Herbier de poésies 

Lundi matin je me réveillais à peine dans la brume givrée, étonnée des chants de passereaux qui portaient clair et sonore dans cet air gelé. Tant de silence m'ayant fait croire à leur absence avait accompagné le tumulte des tempêtes.

Dans l'aube glacée
cueillaient-ils des perles d'eau
ou des baies de lierre ?

Près de la maison voisine un reste d'eau peut-être échappait encore à sa prison de gel. Leurs chants saluaient le grand âge du vieux maçon ou sa paresseuse fatigue qui naguère l'avait fait renoncer à reboucher les trous dans sa façade.

Un vrai paradis
pour ces petits emplumés
s'offrait à leurs nids.

image d'ABC


Côté distanciel
qui n'en est pas moins réel
est-ce coïncidence ?

Lundi soir, après une journée à lire et vaquer à quelques occupations domestiques et contraintes; ordinateur éteint, je l'ai rallumé, j'aurais pu comme souvent ne pas le faire. J'ai découvert sur l'Herbier de poésies l'image proposée par ABC, 

faisant résonnance
aux trilles matutinales
des oiseaux transis

Mardi soir au téléphone, un canari encagé, heureux de tenir compagnie à la personne à l'autre bout du fil et d'entendre une vraie conversation dans la solitude du lieu, s'est mis à chanter.

L'oiseau domestique
anime gaiement les journées
d'une dame dans sa nuit

loin de connaître la vie rude
de ses cousins sans barreaux.
©Jeanne Fadosi, mercredi 18 janvier 2023
pour la page 215 de l'Herbier de poésies
à découvrir bientôt avec les autres brins sur la page 215



Anne Sylvestre ; Les oiseaux du rêve - YouTube, album Les chemins du vent, 2003




jeudi 19 janvier 2023

Voyage intérieur, haïbun personnel

ps poètes et chanteurs d'ailleurs, en soutien à ce jeudi de protestation :

Un texte de défi qui commence par le premier jour de l'année [...] ou le plus beau dans ces voyages [...], telle est la consigne de Durgalola pour le défi 275 des CROQUEURS DE MOTS et
pour le premier jeudi en poésie du 12 janvier : 
poètes d'ailleurs 
(Asie, Afrique, Amérique, ...)
pour le deuxième jeudi en poésie du 19 janvier :
voyages
Je n'avais que l'embarras du choix en republiant par paresse ou envie de faire découvrir à de nouveaux lecteurs et lectrices un poème sur le voyage :

de 
à 
que nous connaissons grâce au courage et à l'exil du poète et de son éditeur 

mettre pleins phares sur l'exil

Mais pour rester dans le fil de ma participation de lundi dernier je choisis, avec quelques mots de mise à jour ici et là ...

Voyage intérieur

Je me suis calée dans mon fauteuil, les jambes légèrement surélevées, le plaid sur les genoux. J'ai fermé les yeux. Douces sont la voix et la musique accompagnant le relâchement du corps. Un tututut, tututut aigu et monocorde, trille d'oiseau chanteur, traverse la fenêtre. Les vitres vibrent au passage d'un engin agricole ou de chantier dans la rue. Le grésillement du support s'oublie dans le décor du paysage sonore.

Ici tout est calme.
Rumeurs du monde en sourdine,
parenthèse heureuse.

Est-il indécent de savourer des instants de plénitude en ces temps confinés tourmentés ? Dans cet exercice, j'ai quelques années d'avance. Non seulement ce n'est pas incongru, mais je sais combien ils sont nécessaires et salvateurs. Le téléphone a sonné. Je l'avais oublié à côté de moi. J'ouvre les yeux sans hâte. Qui est-ce ? L'appel peut attendre et d'un geste je balaie doucement l'écran pour le différer. Quelques secondes et je retourne à la légèreté.

Cueillir une fleur,
en respirer son parfum.
Rêver son odeur ?

J'ai franchi la porte vers mon voyage intérieur. Elle m'emmène dans nulle part. Aucune image. Le chat ne feulera sans écho plus jamais dans la pièce d'à côté. Au pied du piano la chienne rythme son sommeil d'une respiration régulière. Pendant quelques secondes elle émet des drôles de petits gloussements. Rêve-t-elle dans son jardin intérieur ?

Aucune évasion
vers un avant, un après.
Je suis dans l'instant.
©Jeanne Fadosi, jeudi 2 avril 2020
pour l'herbier de poésies 161 bis

Du jardin leur me parvenaient parviennent
roucoulades et fragrances.

Camille Pissarro, Gelée blanche

lundi 16 janvier 2023

Défi 275 : d'une année à l'autre

Un texte de défi qui commence par "Le premier jour de l'année, surtout me plaît." ou "Le plus beau, dans ces voyages, c'était ça : respirer l'air du réel.", telle est la consigne de Durgalola pour le défi 275 des CROQUEURS DE MOTS 

Le premier jour de l'année, surtout me plaît la perspective d'une journée tranquille où, après m'être levée à la même heure que d'habitude pour la sortie matinale de la vieille chienne de la maison et son repas du matin, après avoir pris un petit déjeuner léger et un bon bol de thé chaud et parfumé, je me recoucherais bien au chaud sous ma couette en me laissant bercer et surprendre par quelque émission de radio. Il est fort à parier qu'au ronronnement des voix laissées à un faible niveau sonore je me laisserais glisser dans un demi-sommeil voire, que je m'endormirais comme un bébé. Plus tard, je mettrais une tenue chaude par dessus mes vêtements de nuit, je ferais une toilette de chat et me laverais les dents, vérifierais les messages parvenus pendant la nuit. Une journée en suspension avant une année sans grande surprise calamiteuse en grand format. Avec un peu de chance j'allumerais la télévision juste à temps pour le début du concert du jour de l'an. Ainsi s'écoulerait cette première journée de l'an neuf. Avec pour seules contraintes, agréables, de répondre aux signes reçus par sms ou autre, de souhaiter mes vœux en ne trouvant aucune formule qui me satisfasse, d'hésiter sur quelque règle grammaticale que l'aide à la rédaction ne résoudrait pas. Pas encore. Je prends de plus en plus de recul sur la supposée importance d'une bonne orthographe.
Oups, j'entends déjà s'offusquer les puristes de la belle langue lesquels seront bien peu nombreux à être capables sans recherche de me dire si j'aurais dû écrire satisfît et non satisfasse.
Déjà le soir allumerait le réverbère de ma rue en ces jours les plus courts de l'année. L'estomac de la chienne se fiant à la tombée du soir me réclamerait trop tôt sa gamelle du soir.  Ainsi s'achèverait mon premier jour de la nouvelle année entre plateaux repas, farniente et bonnes lectures, souriant à l'évocation des rêves de voyages de ma jeunesse, et des voyages virtuels que je m'offrais dans la lecture d'un bon roman ou en navigant sur la Toile d'Internet.
Le plus beau, dans ces voyages, ce n'était pas de respirer l'air du réel, c'était cette formidable sensation de tenir la planète entière au bout de mes doigts et de mon écran d'ordinateur et bien au-delà. L'espace et le temps.
Une image s'incrusta dans ma mémoire : la première page d'une rédaction rédigée en 5ème, barrée méchamment à l'encre rouge par le prof d'un : "belle écriture mais délire complètement irréaliste". C'était en 1962 ou 1963 et l'on devait se projeter en 1983. J'avais évoqué des voitures autonomes qui pouvaient voler et des téléphones sans fil tels les radio à transistors portatifs avec écran de télé miniature où l'on pourrait voir nos interlocuteurs et où l'on pourrait s'envoyer des lettres en caractères d'imprimerie voire en traçant de notre écriture avec un stylet directement sur l'écran. Complètement irréaliste me criait en rouge le prof à l'imagination étriquée.
Le plus beau, dans ces voyages, c'est de pouvoir les faire à l'intérieur de ma tête. Il me plaisait bien ce premier jour de l'année.

Pourquoi voyageait-on au Moyen Age? – Libération (liberation.fr) décembre 2014 à partir d'une exposition au Musée Cluny (Paris)
 
cliché reçu après le tsunami de 2011 pour illustrer
mes réflexions sur le réel et le virtuel

idem ici hiver 2012
Ce matin du lundi 16 janvier 2022, j'ai une pensée émue pour les familles de ces voyageurs qui se sont écrasés au Népal et je frémis à toutes les personnes qui rêvent encore de faire un jour un voyage vers le toit du monde comme à l'époque où René Barjavel, ayant eu naguère un béguin pour l'écrivaine Colette, faisait rêver toute une jeunesse sur Les chemins de Katmandou, le roman pourtant d'une bien triste épopée.

Arbres en lumière

 Pour la page 214 de  l'Herbier de poésies 

Arbres en lumière

Le fier conifère
survivant de mille tempêtes
embrasse le soleil

Non loin l'arbre à coings
mille olé de bras tendus
saluent à la lune

Dans le laurier sauce
un merle rêve de nuit noire
sous le réverbère

Et dans le logis cozy
s'allument les luminaires.
©Jeanne Fadosi, mercredi 11 janvier 2023
pour la page 214 de l'Herbier de poésies
à découvrir bientôt avec les autres brins sur la page 214

Image proposée par Jeanne Fadosi








vendredi 13 janvier 2023

De maux en mots, de fil en aiguille

pour  Le nid des mots de abécé, thème de janvier :  

thème à publier le vendredi 13 janvier 2023 sur votre blog :

"Absences et oublis, vous me faites peur..." 

Il a suffi de quelques mots*
pour qu'une chanson surgisse
depuis l'abysse de mes ans
avec quelques bribes de français
et la voix et le son bien net
qui rock and roll

J'ai des trous d'air dans ma mémoire
j'ai la musique pas les paroles
le rythme va avec des mots
et me revient le mot final
"encore" encore et encore*

J'ai des absences au quotidien
actes manqués un peu fêlés
redoutant une soirée ratée
je lâche prise à ces méprises
est-ce ma faute à moi 
d'être née comme ça ?
un peu medium ?

J'ai encore égaré ma clé
Je me souviens d'avoir un double
obstinée à la retrouver
au lieu d'user de mon joker
quitte à perdre un temps
pas si précieux

Au fond ce sera comme l'ouïe
je suis dans la norme de l'âge
que mon cerveau enfin se repose
d'un trop d'images
trop de messages
trop de virages
accumulés.

Si j'ai des trous dans la raquette
c'est de n'avoir pas bien joué
aux normes de la société
Maintenant maintenant
je suis fatiguée.
Maintenant maintenant
je me repose
et je me pose.

"Satisfaction ?
Non non non"
"Absences et oublis, 
vous me faites peur..."
©Jeanne Fadosi, lundi 2 janvier 2023
pour le nid des mots du 13 janvier 2023 


*Commentaire déposé par ABC sous Fadosi continue: Rose et arbre sous la lune

Et les oiseaux chantaient
Et la lune brillait

L'arbre en était tout ému
La rose rêvait de chaleur
En cette nuit de saint Sylvestre !

Et merci les moteurs de recherche qui m'ont fait retrouver Laurent Voulzy et sa chanson avec juste la requête " et ... chantaient chanson" avec en prime un roman qui donne envie de le lire Et les Beatles chantaient LE PREMIER ROMAN DE LA RENNAISE SARAH BELL - Rennes Infos Autrement (rennes-infos-autrement.fr)


Essayez, je n'ai pas rêvé : chantez avec moi à la place de Et la p'tite fille chantait (bis)
un truc qui m'colle encore au cœur et au corps..

"Et les oiseaux chantaient
Et la lune brillait"


En bonus, et alors que j'avais présélectionné cette réédition, en panne d'inspiration à l'approche de cette fin d'année horribilis pour tant sur cette planète