Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune
145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ;118 en 2014 ; 122 en 2015, 123 en 2016, encore 123 en 2017, 121 en 2018 ? 101 femmes depuis le 1e janvier 2019 en France (2 septembre 2019) , soit une femme tous les deux jours ! accélération ou meilleure visibilité ?
Pour cette quinzaine du défi n°264 des CROQUEURS DE MOTS, Zaza pilote la galère à la suite de notre amie Jazzy, sous la houlette de l’Amiral Dômi.
Ci-dessous et sous le lien, ses consignes et pour ce jeudi en poésie :
Le 28 avril 2022 – Pour clore cette quinzaine, juste un petit poème concernant vos futures vacances d’été…
Comme je n'ai toujours aucune idée de la façon dont se passera le prochain été, voici l'occasion de rééditer ce que j'avais partagé avec vous au début de juin 2016 dont le sujet était plus généralement un poème sur les vacances.
FAR-NIENTE
Quant à son temps bien le sut disposer :
Deux parts en fit, dont il souloit passer
L’une à dormir et l’autre à ne rien faire.
JEAN DE LA FONTAINE*
Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage
Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,
J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,
Loin des chemins poudreux, à demeurer assis
Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,
Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.
Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi
Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi,
Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,
Le puceron qui grimpe et se pend au brin d’herbe,
La chenille traînant ses anneaux veloutés,
La limace baveuse aux sillons argentés,
Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.
Ensuite je regarde, amusement frivole,
La lumière brisant dans chacun de mes cils,
Palissade opposée à ses rayons subtils,
Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte
En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;
Et lorsque je suis las je me laisse endormir,
Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,
Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,
Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.
Théophile Gautier, Premières Poésies
Le poème a été écrit entre 1830 et 1832.
(Cf livre de français 2nde Edition Bordas)
*vers de La Fontaine mis en exergue par Théophile Gautier Théophile Gautier, 1811 - 1872, poète, romancier et critique d'art français
Et comme ce lundi matin où je m’apprêtais à mettre en ligne le poème de Théophile Gautier pour jeudi, Microsoft m'avait fait un tour pendable en mettant à jour d'office mon ordinateur avec Windows10, j'avais trompé l'attente légèrement anxieuse de ce qu'il allait advenir en laissant mon stylo plume noircir une feuille de papier sur le sujet :
Farniente
Ecrire, à défaut de partir. Bricoler au jardin, prolonger le matin. Recevoir des amis, muser sur les sentiers dans le soir attiédi par les heures de soleil.
Dormir, au frais de quatre murs dans un lit accueillant aux doux draps de percale, à défaut de camper sous le ciel étoilé de ses jeunes années ouvertes à l'aventure.
Muser, au gré d'un temps maintenu en respect pour goûter le farniente guettant les mille vies qui foisonnent ici dans une goutte d'eau ou dans un souffle d'air.
Si vous voulez connaître la genèse de cette aventure ludique, Bigornette, Présidente d'honneur de La cour de récré de JB pour avoir créé les prénoms du mercredi, s'en expliquait ICI.
Pas d'illustration musicale pour ce billet mais l'envie de rendre hommage à Jacques Perrin qui s'est éteint jeudi 21 avril en prenant encore plus de hauteur avec la bande annonce de son film le peuple migrateur :
Ajout : en hommage à Arno qui est mort samedi 23 avril 2022 à Bruxelles
"Je veux vivre dans un monde
sans jalousie sans amants
et où les pessimistes sont contents
je veux vivre dans un monde
sans p ? (à l'écoute je ne sais pas si Arno dit Papys ou papiers)
et après avoir jeudi dernier évoqué nos souvenirs de vacances de printemps ;
Le lundi 25 avril 2022 – Défi N°264 – « Ah oui, je me souviens… » – Parler de votre matière préférée quand vous étiez à l’école.
« Ah oui, je me souviens… » à l'école, ma matière préférée c'était ...
Difficile, bien trop difficile de me faire choisir !
J'ai aimé l'école dès la première journée où je l'ai fréquentée. Enfant habituée à la solitude, ce qui n'est pas du tout l'ennui, je rêvais des vies parallèles et à cette occupation je ne manquais pas d'imagination. Maman n'était jamais bien loin et m'acceptait volontiers dans ses pas. Papa dans son bureau, il ne fallait pas le déranger. C'était la règle depuis toujours et il était à la table de midi autant que possible. En fin de journée, s'il lui fallait quelques temps pour récupérer, il était toujours prêt ensuite pour me prendre sur ses genoux pour me lire un livre ou, dès le printemps, m'initier modestement aux secrets du potager. Nous avions déménagé depuis peu et notre nouveau logement de fonction, vaste pour la môme crevette que j'étais, m'offrait avec son grenier, ses dépendances et son jardin un champ d'exploration à la hauteur de ma curiosité de gamine.
On m'avait si bien préparé à cette entrée à l'école maternelle que je n'avais eu aucune difficulté à me séparer de l'adulte qui m'avait emmenée. Dans cette petite ville où tout le monde se connaissait, c'est papa qui était revenu me chercher accompagné d'un artisan électricien. Ne me demandez pas pourquoi. Il y avait sans doute des travaux électriques à faire.
J'avais déjà étonné le matin en manifestant plus de curiosité que de crainte mais voilà que la crise de pleurs attendue a bien eu lieu, à front renversé, quand il m'a fallu quitter cette nouvelle aire de jeux et de joie.
On avait chanté comme je l'aimais, en chœur, à l'unisson, en canons. Notre jeune institutrice que l'on appelait Mademoiselle Le M., pas question à l'époque d'appeler les maitresses par leur prénom ni même de les tutoyer. On avait danser des rondes issues des traditions populaires en nous accompagnant en chantant, évidemment.
"J'aime la galette
savez-vous comment ?
quand elle est bien faîte
avec du beurre dedans
la la la la lalalalère
la la la la lalalalala"
On avait appris par cœur un poème.
"J'aime l'âne si doux
marchant le long des houx ..."
On avait compté jusqu'à dix, fait avec des buchettes dix tas de dix buchettes ...
On avait gâché du plâtre et on l'avait fait couler dans des moules pour faire des figurines qu'on avait mis à sécher.
C'était la fin de matinée et je n'avais pas du tout mais pas du tout envie de quitter ce lieu magique. J'en avais fait une de mes crises de colère et de larmes, aussi rares que véhémentes, à la surprise générale.
Vous l'avez deviné, ce n'est pas une ou plusieurs matières que je découvrais et qui me plaisaient plus ou moins, je découvrais un endroit et des personnes entièrement disponibles aux enfants qui démultipliaient les possibilités de satisfaire ma curiosité et ma soif d'apprendre. Un lieu fait pour les enfants, le lieu du bonheur d'apprendre.
De ces années d'école maternelle, j'en suis sortie suffisamment charpentée (et toujours aussi chétive en dépit du verre de lait généralisé à l'automne 1954) pour aborder avec un enthousiasme intact et inaltérable les années suivantes où je rencontrerais des pratiques plus ou moins bienveillantes d'enseignement qui ne réussirent pas à entamer mon intérêt pour les études. Un intérêt que je cultivais volontiers dans mes activités de loisirs où j'aimais autant fréquenter les encyclopédies et les bestiaires, les livres d'Histoire et les atlas que des contes, des romans et des bandes dessinées. J'aimais autant dessiner et peindre ou écrire que broder. Autant m'exercer à des figures de gymnastique que grimper ou sauter à la corde.
Une frustration toutefois, ne pas avoir eu l'autorisation de prendre des leçons de piano. Mais cela, c'est une autre histoire !
Le jeudi 21 avril 2022 – En poésie ou en prose, mettre en avant vos souvenirs de vacances de printemps.
Devant l'abondance des souvenirs de l'enfance choix bien difficile
Clichés noir et blanc souvent sans date ni lieu passés par le temps
Clichés en couleur était-ce encore l'enfance ou l'adolescence ?
L'enfance tirait à sa fin et je ne le savais pas encore. Pour la satisfaction des plus jeunes, je m'étais rendue complice des cloches de Rome. Dans deux mois, on me convaincrait de me couper les cheveux. J'aurais bientôt douze ans.
Enfants de tous âges
pour la joie des grands aussi
qui faisaient semblant
de croire au mystère des cloches
Ailleurs c'était des lapins.
Un photographe patient, il y a quelques dizaines d'années, en avait surpris une dans le jardin de ses ancêtres et avait même réussi à visualiser son auréole. Normal après tout, c'était bien sur le trajet entre Rome et Villedieu-les-Poêles où l'on n'y fabrique pas que des poêles, des cloches aussi.
Par un clair matin
un nuage lumineux
l'avait aspirée
A deux elles ont dessiné
une jolie croix céleste.
Et si elles n'allaient pas dans la même direction, aucune importance ! Ne dit-on pas que tous les chemins mènent à Rome ? Alors, promis, je n'allais pas traquer leur retour, plutôt veiller à ces merveilles de promesses de vie que sont les œufs.
Qui de l'œuf
qui de l'oiseau
l'origine ?
Dans ce nid déchu, il y a eu
des œufs
sans doute des oisillons ...
qui ont, je l'espère, grandi
Les photos qui précèdent viennent d'un livre lu et relu et gardé précieusement pour d'autres enfants
C'est de ce livre que j'ai fait au pastel sec : craies, carrés conté et crayons pastels ce qui m'a servi de bannière
Depuis, en juin 2010, une merlette et son merle m'avaient fait le joli cadeau de m'accepter discrètement dans l'intimité de leur couvaison.
J'ai découvert le chanteur Matéo Langlois (MATÉO LANGLOIS - Le Mégaphone Tour (megaphonetour.fr) ) à l'occasion de ce petit jeu d'écriture et je suis tombée sous le charme de cette poésie et de son chant et de sa voix, des mots intemporels et collant si tragiquement à la réalité lugubre de la vie bousculée par l'intrusion du retour de la pluie de ferraille comme disait Prévert dans Il pleut sur Brest
J'ai toujours du mal quand pour m'endormir je joue dans ma tête au "Baccalauréat" Jeu du baccalauréat — Wikipédia (wikipedia.org) Il occupait nos après-midi pluvieuses dans nos enfances, je m'en souviens.
Le matin où je réfléchis mentalement à mon abécédaire en prenant mon petit déjeuner, c'est la panne.
Puis honneur. Mouais, que dire de ce mot qui ne veut plus rien dire.
Honni, comme "Honni soit qui mal y pense !"
Mais où diable ai-je été trouver cette maxime et que veut-elle dire ?
J'écoute en même temps la radio d'une oreille distraite.
"Les carottes sont cuites" ... mais pourquoi ? carottes ne commencent pas par un h ! Ah ça y est !
"C'est la fin des haricots"
L’expression « Les carottes sont cuites » servit de code à la Radio Londres pour annoncer l’imminence du débarquement des troupes alliées en Normandie le 3.
« L'honneur est un sentiment d'estime et de considération porté à un individu ayant une conduite digne, méritante, conforme à un certain nombre de normes d'un groupe ou d'une société. C'est un lien entre une personne et un groupe social qui lui donne son identité et lui confère le respect. »
Quand je vous disais que ce mot ne voulait plus rien dire en ces temps qui ont remplacé le nom "morale" par le nom "éthique" en lui tordant le cou et peu importe les moyens.
Comment un verbe (honnir) et un nom (honneur) qui ont un sens à peu près contraire l'un à l'autre peuvent-ils avoir une structure aussi proche ? Je suis bien en peine de trouver une réponse à cette question qui m'interpelle. Dans la plupart des cas, les antinomies apparaissent dans les termes.
En France, la légion d'honneur est la plus haute décoration ou distinction donnée par l'Etat à une personne physique ou morale, la Grand Croix en étant le grade le plus élevé.
Il arrive que la légion d'honneur soir retirée :
Maurice Papon décoré par De Gaulle en 1961 (ironie de l'Histoire) déchu en 1999 s'est pourtant fait enterrer avec sa médaille faisant fi de l'interdiction de la porter indument.
Bachar Al-Assad, décoré en toute discrétion par Jacques Chirac en 2001, la Syrie l'a rendue en anticipant le résultat d'une procédure de radiation.
Mussolini, Franco, Ben Ali, Ceausescu, Noriega, Bocassa, et la liste n'est pas close ont été décorés de la Légion d'honneur. Certains ont été déchus, pas tous.
Il est d'ailleurs plus risqué d'être particulier dans ce cas tels John Galliano, le couturier britannique , pour des injures antisémites déchu en 2012 ou en 2014 Lance Amstrong, le champion cycliste américain condamné pour dopage.
Une telle démarche a été entamée par Emmanuel Macron en 2017 concernant Harvey Weinstein décoré en 2012 par Nicolas Sarkozy et condamné et incarcéré en 2020 pour viols et agressions sexuelles.
Heurs et Malheurs de la fameuse Moll Flanders (1722) de Daniel Defoe
Entre honni et honneur que d'ambiguïtés ! Vous m'excuserez de perdre un instant mon sérieux quand je réalise que ce sont les garçons d'honneur qui sacrifient encore de temps à autre au banquet de noces à la mise aux enchères de la jarretière de la mariée. En tout bien tout honneur.
La même ambiguïté se retrouve entre le pouce levé qui signifie selon les lieux, "c'est super", bravo ou le sens inverse à l'égal du majeur levé en "doigt d'honneur" qui est un signe d'hostilité et le plus souvent une insulte, déjà répertorié à la bataille d'Azincourt des anglais aux français et même dans les comédies d'Aristophane.
honor. Issu du latin honos, honor, « honneur rendu aux dieux, décerné à quelqu’un ; charge honorifique, magistrature ».
1. Sentiment d’une dignité morale, estimée au plus haut, et qui porte à des actions loyales, nobles et courageuses. Les lois, les règles de l’honneur. Code de l’honneur, ensemble des règles que doit observer une personne soucieuse de sa dignité.
2. Estime qu’a de soi et qu’obtient d’autrui une personne qui obéit en toute chose à ce sentiment.
"C'est la contradiction fondamentale qui nourrit la morale de Saint-Exupéry. Il dénonce la médiocrité de chaque individu, mais celle-ci ne peut être rachetée que par la noblesse de l'humanité. Peu importe nos pensées misérables. Seul compte le devoir. On connait aujourd'hui par ses confessions le Saint-Exupéry , par ses lettres intimes (...), on connaît si bien ses pensées secrètes qu'on en oublierait celui qu'il était pour les autres, (...), et surtout, ne se lamentant pas ... agissant ! Un homme d'honneur et d'action."
Michel Bussi, Code 612 Qui a tué le Petit Prince, Les Presses de la Cité, p178