Cette année je délaisse volontiers l'ordinateur et je n'ai fait ni abécédaires, ni mes jeudis poésies d'été. Alors celui-ci fera exception, juste parce en faisant du vide dans mes fatras et mes anciens journaux, j'ai trouvé ce poème en ouverture du Nouveau Magazine Littéraire de mars 2018.
Pour ma part, Trois jours, ce serait un tout petit début, sans être trop gourmande, il m'en faudrait plus.
Trois glorieusesOh que ouinous avons besoinde reprendre goût à la viede retrouver notre appétitun appétit d'avenirMais alorsne soyons pas trop gourmandsDemandons trois joursjuste trois joursoù l'amère réalité accepterade se soumettre au rêveà sa puissance bienfaitriceTrois joursoù, cela va sans direles armes se tairontet les combattants de toutes les factionsiront en permissionTrois joursoù tous les bannisles exilés, les déplacés, les errantsretrouveront leurs foyerset jouiront d'une trêve bien méritéeTrois joursde paix universelleoù nous passerons la moitié du tempsà nous reposeren nous délectant du silenced'avant les douleurs et les angoissesde la créationet l'autre moitiéà nous reposer égalementen contemplantavec les plus grandes attentionstelle ou telle beautéque dans notre cécité actuellenous n'arrivons pas à discernerTrois journéesou trois glorieusesqui nous aideront plus tardà sauvegarder en nousle goût de la vieà retrouver notre appétitun appétit d'avenir
Abdellatif Laâbi
Abdellatif Laâbi — Wikipédia (wikipedia.org), né à Fès en 1942, poète, écrivain et traducteur marocain
Mon envie de le partager a été renforcée en allant ce matin sur le blog de ABC et en y découvrant une citation célèbre du film Le Cercle des poètes disparus — Wikipédia (wikipedia.org)
J'ai retrouvé celle-ci plus complète, sans certitude qu'elle soit fidèle au film :
"On ne lit pas et on n’écrit pas de la poésie parce que ça fait joli. Nous lisons et nous écrivons de la poésie parce que nous faisons partie de la race humaine ; et que cette même race foisonne de passions. La médecine, la loi, le commerce et l’industrie sont de nobles occupations, et nécessaires pour la survie de l’humanité. Mais la poésie, la beauté et la dépassement de soi, l’amour : c’est tout ce pour quoi nous vivons. Écoutez ce que dit Whitman : « Ô moi ! Ô vie !… Ces questions qui me hantent, ces cortèges sans fin d’incrédules, ces villes peuplées de fous. Quoi de bon parmi tout cela ? Ô moi ! Ô vie ! ». Réponse : que tu es ici, que la vie existe, et l’identité. Que le spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime. Que le spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime… Quelle sera votre rime ?"
Le cercle des poètes disparus.