Le pin des Landes
On ne voit en passant par les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l’herbe sèche et des flaques d’eaux vertes
D’autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc,
Car, pour lui dérober ses larmes de résine,
L’homme, avare bourreau de la création,
Qui ne vit qu’aux dépens de ceux qu’il assassine,
Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !
Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,
Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.
Le poëte est ainsi dans les Landes du monde ;
Lorsqu’il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d’or !
Théophile Gautier, España, 1840 - 1845
Théophile Gautier (1811-1872), poète, romancier et critique d'art français
Gravure de Gustave de Galard, illustrant le gemmage au crot en 1818 à la Teste de Buch (Gironde, Aquitaine, France)
Ah se demande t'on si le pin et autre en souffre, non... quant au poète c'est souvent lorsqu'il est malheureux qu'il donne le meilleur de sa plume... Merci Jeanne, bises
RépondreSupprimerDe toute beauté cette comparaison entre le poète et l'arbre.
RépondreSupprimerMerci Jeanne.
Superbe ce poème dont je ne me souvenait pas.
RépondreSupprimerBises et bon jeudi Jeanne
Magnifique ce poème qui me rappelle "le saule" de Verhaeren, merci à toi de nous le faire connaître, bonne année!
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