"Peur du noir et superstition"J'en profite pour rééditer un épitaphe écrit en faisant allusion à un poème de Joachim du Bellay. Je précise que les trois épitaphes que j'avais écrits alors étaient tous les trois le récit d'histoires que j'ai vécu
La très longue épitaphe de Joachim Du Bellay comprend plus de 200 vers. Ce n'est pas poétiquement le poème de lui que je préfère. Mais le propos mérite qu'on s'y arrête. Il est sinon le premier, du moins l'un des premiers à oser rendre publique l'affection qu'il porte à cette bête encore trop souvent à l'époque considérée comme une créature du diable et persécutée comme telle.
Peut-être aussi au-delà, faut-il y voir, déguisé, un hymne à la femme et une dénonciation des procès en sorcellerie et des persécutions menées par l'Inquisition contre les femmes trop « libres ».
A Toby,
Plusieurs années passées
Sans aucun animal,
Mais toujours je pensais
A ces p'tites bêtes à poil.
L'occasion d'accueillir
Un chaton émouvant.
J'avais vu du plaisir
Dans l'œil de mes enfants.
Tu fus vite adopté
Et pendant les vacances
La voisine t'apportait
Ton eau et ta pitance.
Tout s'était bien passé
Lors des premiers départs
Et tu nous retrouvais
Ronronnant avec art.
Notre chemin ensemble
Fut de courte durée.
Et aujourd'hui j'en tremble
Encor', colèr'rentrée !
Tu étais là gisant
Tremblant dans l'escalier,
Tes chairs décomposées,
Déjà agonisant !
Et la supplique muette
Dans leur regard embué :
« Maman, faut le soigner !
- Il va mourir, peut-être. »
J'aurais dû m'aviser
Que les superstitions
N'étaient pas oubliées :
Un chat noir, damnation !
La voisin' n'aimait pas
Au moins inconsciemment,
S'occuper de ce chat
Descendant de Satan.
Ell' semblait ennuyée
De ne pas avoir pu
Tout faire pour le soigner
Comme elle aurait voulu
Mais en vrai au bûcher,
En d'autres temps furieux,
Mon chat et moi, mon Dieu !
Aurions été brûlés.
Comme cette couleur
Ne pouvait que déplaire,
J'étais pour mon malheur
Qualifiée de sorcière !
Toby, je savais bien
Que dans ton agonie,
Je ne pouvais plus rien
Pour te garder en vie.
Et je vous ai laissés,
Enfants, le cœur en berne,
Partir vers votre été
Emportant votre peine.
Nous savions tous au fond
Que sa fin était proche.
J'ai enfoui bien profond
Mon chagrin dans ma poche.
Et si cette blessure,
Avant des jours maudits,
Semble une égratignure,
Dans mes yeux, c'est la pluie ...
Jeanne Fadosi, dimanche 12 avril 2009
pour Le nid des mots de abécé
Beaucoup touchée par ton écrit. J'ai eu beaucoup de chats dans ma vie et je peux dire que les 2 noirs que j'ai eu étaient les plus gentils. J'ai participé. Bon week-end et à lundi
RépondreSupprimerMagnifique poème Jeanne. J'aime les chats noirs, le dernier Monsieur Tic, nous ayant quitté mars 2016.
RépondreSupprimerBises et bon samedi
Quelle mentalité tout de même, ça doit encore exister je suppose... pauvre Toby le noir !!! Bises de jill
RépondreSupprimerC'est beau, émouvant et à la fois inquiétant pour le ressenti inconscient !
RépondreSupprimerMagnifique texte, Jeanne ! J'♥, pour ma part, tous les chats, y compris les noirs ! Bonne poursuite de ce samedi ! Bise♥
RépondreSupprimerUn très beau texte pour rendre hommage à ce petit chat mort trop tôt.J'en ai eu un tout noir aux longs poils .Je ne crois pas du tout à cette superstition .Je ne connais pas l'ode dont tu parles;Il faut que j'aille voir cela .
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