Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune

145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015, 123 en 2016, encore 123 en 2017, 121 en 2018 ? 101 femmes depuis le 1e janvier 2019 en France (2 septembre 2019) , soit une femme tous les deux jours ! accélération ou meilleure visibilité ?

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

vendredi 20 septembre 2019

Aux sommets

Pour la page 149 de l'Herbier de Poésies

Comme d'habitude, il n'avait aucune idée de ce qui adviendrait de son texte. S'il convenait, il paraîtrait, signé du nom de son boss, caviardé des nuances et de la complexité de l'analyse. Sinon il n'en resterait qu'une caricature sans base ni sommet pour remplir l'espace d'une pub non attribué avec ses initiales. Souvent le fichier atterrissait dans la corbeille.
Il longeait la Seine.
Vers l'ouest doucement
le soleil déclinait.
L’œuvre ne l'avait pas inspirée, son histoire en revanche l'avait interpellé. Comme une répétition sans fin. Symptôme de la ré-émergence des pratiques d'asservissement dont les trente glorieuses avaient fait croire à la disparition.
Sur l'autre rive
une vieille dame incarnée
derrière des palissades.
Sa petite amie, en le présentant à ses parents, l'avait dit "critique d'art". Cela avait plus d'allure que poète. Moins inquiétant, quoique. Il avait envie de gueuler à l'eau noire "plus de gueule". Ce contrat à durée indéterminée était une aubaine pour se loger et ils avaient besoin de leur caution.
Un beau soir d'avril
les âmes des anonymes
pleuraient leur chef d’œuvre.
Demain sans doute les enchères grimperaient dans d'autres tours. Quelqu'un achèterait un nom. L'objet passerait d'un coffre à un autre. Il pensa à cette citation de Raymond Poincaré lu sur un des blogs où il aimait se détendre et se ressourcer : « Une œuvre d’art n’est jamais immorale. L’obscénité commence où l’art finit ».
L'arrogance des marchés
la quête vaine du barbouilleur
étaient dérisoires.
Vers les tours de la Défense
Le Soleil griffait les toits.
©Jeanne Fadosi, jeudi 12 septembre 2019
à découvrir le vendredi soir  ou le samedi
avec les autres brins sur la page 149 de L'Herbier

6 commentaires:

  1. Etre connu, reconnu un jour qu'importe son don… beaucoup d'appelés mais peu d'élus, en vivre ah… l'espoir de tout artiste, bravo Jeanne, bises

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  2. Excellente participation à relever le défi, Jeanne !
    Bon et beau vendredi,
    Bises♥

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  3. C'est une magnifique page, merci, Jeanne.
    Se faire voler son oeuvre est terrible, même si, finalement, le fait qu'on la vole lui donne plus de valeur. ;)
    Passe une douce journée, bisous.

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  4. Vraiment magnifique, Jeanne, je viens de publier seulement la page. Merci pour cette participation.

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  5. tant d'artistes ont oeuvré dans l'ombre, ont espéré être reconnus pour leur art mais les élus sont peu nombreux, c'est tellement alléatoire, le vol est impardonnable
    beau texte jeanne

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  6. Ta participation est vraiment excellente tu touches avec délicatesse et beaucoup de justesse la situation de tant d'artistes. Bravo !

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