D'accord, Marquise n'est pas une tirade à proprement parler mais ce poème devenu chanson est tout de même un morceau de bravure et il trouverait sa place dans bien des pièces de marivaudages ...
Initialement publié en écho et suite d'un sonnet à Hélène de Ronsard pour le 2nd jeudi en poésie du défi n°93 sur les âges de la vie le 3 janvier 2013
Marquise
Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront,
Et saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m'a vu ce que vous êtes;
Vous serez ce que je suis.
Cependant j'ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n'avoir pas trop d'alarmes
De ces ravages du temps.
Vous en avez qu'on adore,
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.
Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qu'il me plaira de vous.
Chez cette race nouvelle,
Où j'aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu'autant que je l'aurai dit.
Pensez-y, belle Marquise :
Quoiqu'un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu'on le courtise,
Quand il est fait comme moi.
Pierre Corneille, Stances à Marquise,
Pierre Corneille, 1606 - 1684, plus connu comme dramaturge que comme poète. toutefois celui-ci est célèbre et plus encore depuis que Georges Brassens l'a mis en musique, avec la conclusion qu'on lui connait, une strophe que Tristan Bernard avait rajouté aux Stances à Marquise, pour les débuts du Canard Enchaîné :
Peut-être que je serai vieille,
Répond Marquise, cependant
J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
Et je t'emmerde en attendant.
Tristan Bernard, Réponse de Marquise à Corneille
Tristan Bernard, 1866 - 1947, romancier et dramaturge
Peut-être apprécierez-vous de l'entendre sobrement dit par Louis Jouvet ?
Comment cela je me suis trompée de Tristan ? Le mouvement dada, c'est Tristan Tzara. Bien sûr !
Mais les dadas, le jeu des petits chevaux, on dit que c'est l'invention de Tristan Bernard dans sa forme actuelle datant de la fin des années 1920.
Oh oh la réponse de Bernard... merci Jeanne, bon jeudi/poésie, bises de jill
RépondreSupprimern'est-ce pas ? je ne sais à qui il pensait alors bises
SupprimerPeut-être ce poème a-t-il inspiré le "fillette, fillette" de Juliette Gréco ?
RépondreSupprimerLOIC
Ah mais c'est bien sûr ! Raymond Queneau est le parolier de cette illustre chanson mis en musique par Joseph Cosma à l'initiative de Jean-Paul Sartre, fréquenta un temps les surréalistes, fils "naturels" du mouvement dada. Pataphysicien et cofondateur de l'Oulipo, entre les dadas, les surréalistes et les oulipistes, il y a juste le discours de la méthode qui les opposent.
SupprimerMerci de ce rappel, je m'en suis allée écouter Juliette Gréco.
L'une de mes chansons préférées de Georges Brassens...
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup pratiquement toutes les chansons de Brassens. Et Loïc m'a rappelé Si tu t'imagines, de Queneau et Cosma, chanté par Juliette Gréco
SupprimerQu'importe l'âge pourvu qu'on ait l'ivresse !!!
RépondreSupprimersourires ... autant je suis émue devant le propos d'Arold et Maud, autant le spectacle des vieux séducteurs et de vieilles kougars je trouve ça assez pitoyable ...
SupprimerC'est vrai que l'on peut s'interroger sur leurs véritables motivations... ;)
SupprimerJ'adore ce poème et la chanson de Brassens . La dernière strophe d'un Tristan (hi!hi!) est un beau clin d'oeil à Corneille.
RépondreSupprimerJe m'en vais l'écouter tiens!
Bises
J'adore ce poème , et aussi chanté par Brassens. La dernière strophe rajoutée est un beau clin d'oeil à Corneille . Bises
RépondreSupprimerJ'adore, il n'y a pas de meilleure illustration du "vivre présent" comme choix de vie!t
RépondreSupprimerJ'adore la réponse!
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