Je ne cherche pas à convaincre. Le suis-je moi-même ? Juste avec les mots de Victor Hugo, à donner de la substance à la réflexion
Lire le début ---> ; lire la suite ---> (les trois morceaux peuvent se lire séparément, et même dans le désordre)
(Montrant le condamné.)
Cet homme a fait le mal pour nourrir une femme
Et des enfants sans pain ; mais vous, avez-vous faim ?
Vous le tuez. Pourquoi? Trouvez-vous bon qu’enfin
Le crime et la justice aient la même figure ?
O mort, sauvage oiseau, qui sait ton envergure ?
Tes ailes couvriraient l’horizon de la mer.
La blanche touche au ciel et la noire à l’enfer.
Que savons-nous ? Hélas ! le prêtre craint la bible.
Notre âme glisse au bord sinistre du possible.
La conscience humaine habite un cabanon.
Ce que vous faites là, le comprenez-vous ? Non.
Avez-vous jamais vu quelqu’un tomber dans l’ombre ?
Vous représentez-vous l’immense chute sombre,
Le gouffre, l’infini plein d’un vague courroux,
Ce damné tombant là ? Vous représentez-vous
L’ouverture des mains terribles dans l’abîme ?
Horreur ! l’homme interrompt le silence sublime,
Lui que Dieu mit sur terre afin qu’il attendît.
La justice d’en bas prend la parole et dit :
O justice d’en haut, c’est moi qui suis la vraie !
Fils, croyez un vieillard, nous sommes tous l’ivraie.
A peine aperçoit-on la faulx ; quant à la main,
Cachée en ce lieu noir qu’on appelle Demain,
Nous ne la voyons pas. Elle frappe à son heure.
Tuer cet homme ! ô ciel ! il me fait peur. Je pleure.
Est-ce qu’il est à moi ? Qu’est-il ? Dieu seul le sait.
Tuer, sans pouvoir dire au juste ce que c’est,
L’homme au-dessus duquel le ciel profond diffère.
Avez-vous bien pesé ce que vous allez faire ?
Vous figurez-vous, juge, et toi, peuple inclément,
L’aile étrange que peut déployer brusquement
L’être subit, sorti du viol de la tombe ?
Vautour peut-être, hélas ! mais peut-être colombe.
Vous dites-vous ceci : S’il était innocent ?
Peut-être il monte alors qu’on pense qu’il descend.
Que devient votre arrêt devant Dieu? Les ténèbres
Peuvent faire à nos lois des réponses funèbres.
Soyons prudents devant ce que nous ignorons.
La terre est un point sombre avec des environs
Illimités de brume et d’espace farouche.
Tout l’infini frémit d’un atome qu’on touche.
N’est-il pas monstrueux de penser que la loi
Et l’homme, en cette lutte où l’on sent de l’effroi,
Mêlent des quantités inégales de crime?
Vous êtes regardés par dessus l’âpre cime ;
Ne faites pas pleurer les invisibles yeux.
Vous avez des témoins attentifs dans les cieux ;
Ne les indignez pas, ne leur faites pas dire :
L’homme tue au hasard. L’homme, en proie au délire,
A dans de l’inconnu jeté de l’ignoré.
Ah ! c’est un attentat triste et démesuré
De jeter quelque chose à la noirceur muette,
Sans savoir où l’on jette et savoir ce’ qu’on jette,
D’accroître la stupeur du gouffre avec ce bruit,
La hache, et d’envoyer de l’ombre à de la nuit !
Cet homme a fait le mal pour nourrir une femme
Et des enfants sans pain ; mais vous, avez-vous faim ?
Vous le tuez. Pourquoi? Trouvez-vous bon qu’enfin
Le crime et la justice aient la même figure ?
O mort, sauvage oiseau, qui sait ton envergure ?
Tes ailes couvriraient l’horizon de la mer.
La blanche touche au ciel et la noire à l’enfer.
Que savons-nous ? Hélas ! le prêtre craint la bible.
Notre âme glisse au bord sinistre du possible.
La conscience humaine habite un cabanon.
Ce que vous faites là, le comprenez-vous ? Non.
Avez-vous jamais vu quelqu’un tomber dans l’ombre ?
Vous représentez-vous l’immense chute sombre,
Le gouffre, l’infini plein d’un vague courroux,
Ce damné tombant là ? Vous représentez-vous
L’ouverture des mains terribles dans l’abîme ?
Horreur ! l’homme interrompt le silence sublime,
Lui que Dieu mit sur terre afin qu’il attendît.
La justice d’en bas prend la parole et dit :
O justice d’en haut, c’est moi qui suis la vraie !
Fils, croyez un vieillard, nous sommes tous l’ivraie.
A peine aperçoit-on la faulx ; quant à la main,
Cachée en ce lieu noir qu’on appelle Demain,
Nous ne la voyons pas. Elle frappe à son heure.
Tuer cet homme ! ô ciel ! il me fait peur. Je pleure.
Est-ce qu’il est à moi ? Qu’est-il ? Dieu seul le sait.
Tuer, sans pouvoir dire au juste ce que c’est,
L’homme au-dessus duquel le ciel profond diffère.
Avez-vous bien pesé ce que vous allez faire ?
Vous figurez-vous, juge, et toi, peuple inclément,
L’aile étrange que peut déployer brusquement
L’être subit, sorti du viol de la tombe ?
Vautour peut-être, hélas ! mais peut-être colombe.
Vous dites-vous ceci : S’il était innocent ?
Peut-être il monte alors qu’on pense qu’il descend.
Que devient votre arrêt devant Dieu? Les ténèbres
Peuvent faire à nos lois des réponses funèbres.
Soyons prudents devant ce que nous ignorons.
La terre est un point sombre avec des environs
Illimités de brume et d’espace farouche.
Tout l’infini frémit d’un atome qu’on touche.
N’est-il pas monstrueux de penser que la loi
Et l’homme, en cette lutte où l’on sent de l’effroi,
Mêlent des quantités inégales de crime?
Vous êtes regardés par dessus l’âpre cime ;
Ne faites pas pleurer les invisibles yeux.
Vous avez des témoins attentifs dans les cieux ;
Ne les indignez pas, ne leur faites pas dire :
L’homme tue au hasard. L’homme, en proie au délire,
A dans de l’inconnu jeté de l’ignoré.
Ah ! c’est un attentat triste et démesuré
De jeter quelque chose à la noirceur muette,
Sans savoir où l’on jette et savoir ce’ qu’on jette,
D’accroître la stupeur du gouffre avec ce bruit,
La hache, et d’envoyer de l’ombre à de la nuit !
auteur non mentionné, source Le bagne de Brest |
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