Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

lundi 26 juin 2023

Défi n°285 : Au bout du chemin ...

A la manœuvre du défi n°285 des CROQUEURS DE MOTS, dernier de la saison  avant l'été et la reprise en septembre, voici ce que je vous propose :
Pour le défi du lundi 26 juin :
un texte s'inspirant de l'une de ces citations ou des deux

"Si haut qu'il peut grimper, un chemin qui monte n'est rien d'autre qu'un chemin qui descend en sens inverse et réciproquement."

L'Os à moelle de Pierre Dac
et 
"Pour la marche à pied, le meilleur des chapeaux de paille ne remplacera jamais une bonne paire de chaussures."
 Pierre Dac

Pour les jeudis poésie des jeudi 22 et 29 juin :
un poème en rapport avec un ou plusieurs des mots de ces citations
ou même selon votre bon plaisir estival.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, si je choisis sans trop réfléchir de rééditer ce texte, c'est pour beaucoup de raisons que je décline après mon texte (1)

A la barre de notre coque de noix lourdement chargée, il y avait la vigilante Nounedeb 


 Au bout du chemin de grève ... (2)


Il est presque neuf heures en ce matin clair d'une journée d'automne qui s'annonce douce, comme il est fréquent sur Ré la blanche en cette époque de l'année.

 

J'ai, depuis quelque temps déjà, programmé ce reportage hors temps, et vais d'un pas ferme et décidé le long du chemin de grève. Je les retrouverai bientôt sur la plage où nous avons pris rendez-vous.

Je vérifie encore une fois que ma caméra est prête à capter ces petits moments de connivence.

 

Elle est déjà là en effet, la vieille dame de la maison de retraite, dans son vieux survêtement blanc où son corps semble flotter, à peine essoufflée.

Elle a ralenti sur le chemin de grève, trop sableux et plein de chausse-trappes pour ses chevilles instables, mais a rejoint le bord de mer en petites foulées, trottinées certes, mais tout de même !

 

Elle attend ses visiteurs en faisant des assouplissements que ma petite trentaine de femme active n'arriverait tout bonnement pas à exécuter.

 

Soudain, les buissons s'animent comme une ruche agacée. Ils avancent en bavardant gaiement, sagement rangés par deux en direction de la mer, encadrés par leur maîtresse et l'assistante d'éducation. Leur institutrice est fière à juste titre de ces rencontres impromptues, devenues au fil du temps des rendez-vous que les bambins attendent avec gourmandise. Quoi de plus motivant que ces exercices que cette ancienne professeur d'éducation physique persiste à intituler culture physique.

 

Mon job est de faire un article de cette rencontre si riche de partage entre ces générations. Ils progressent plus vite que moi car je guette mon angle de prise de vue, tout en me faisant la plus discrète possible afin de capter leur joyeuse spontanéité.

 

Elle leur offre son temps, sa compétence, son enthousiasme presqu'intact. Ils lui offrent la candeur de leurs quatre ou cinq ans, leur appétit de vivre ...

  

Les premiers s'arrêtent net, provoquant une bousculade qui aurait pu entraîner quelques chutes sans la rapidité d'intervention des adultes. Les premiers rangs semblent pétrifiés.

 

Par quoi ?

 

Mon téléphone portable résonne dans l'air vide, et la sonnerie porte jusqu'au groupe, surpris de ma présence.

C'est mon rédacteur en chef qui m'apprend ce que je ne distingue pas encore.

 

 - La première sur place, tu comprends bien que ton sujet passe au second plan. Un jeune journaliste n'a pas tous les jours l'occasion d'un scoop comme celui-ci. Pense à ta carrière ... 

 

Quoi ? quel scoop ?

 

Dans la baie, le nez dressé vers le ciel narquois, il est venu là, s'échouer dans les hauts fonds, comme un animal blessé.

 

Et moi qui voulait interroger la vieille dame sur les avancées sociales et éducatives qu'elle avait vécues depuis le début de sa carrière ! Mon billet de retour ne me permettrait pas d'exploiter les deux sujets. Et si je reportais mon départ ?

 

Si c'était important aussi, ce que pensaient les enfants de ce qu'ils voyaient là, les yeux écarquillés, sans bien comprendre .

 

Plus tard, ce sera les vacances de la toussaint et la plage s'animera de la curiosité des badauds.

©Jeanne Fadosi, samedi 26 juin 2010
pour le défi 32 des CROQUEURS DE MOTS


photo en licence Creative commons trouvée sur la page wikipedia Rokia Delmas, auteur Didier Duforest,— Travail personnel, CC BY-SA 3.0, 29/10/2006

 

  pour en savoir plus voir aussi l'échouage du Rokia Delmas — Wikipédia (wikipedia.org)


(1) 28 juin 2010 première parution d'un texte peaufiné pendant les quelques jours précédents, je galérais, attendrie, à m'occuper de la chienne d'un an et de ses chiots, Cet été je ne pars pas ! - Fa Do Si (over-blog.com) je ne savais pas que je vivais mes derniers jours de confiance en le genre humain. Ce qui m'occupe hors des blogs ... - Fa Do Si (over-blog.com) ; 23 août 2010 - Fa Do Si (over-blog.com)


(2)  Ce n'était pas sans malice que j'avais choisi ce titre pour le défi n°32 des Croqueurs de mots, à programmer pour le lundi 28 juin à 8 heures du matin et l'actualité de l'époque fait écho à la notre : Mouvement social contre la réforme des retraites en France de 2010 — Wikipédia (wikipedia.org)

 

Pour ceux qui croiraient cette histoire vraie, un clin d'œil à une dame qui a continué à faire sa gymnastique certes, le cargo (le Rokia Delmas) hélas échoué près de La Couarde en octobre 2006, pour le reste, j'ai laissé libre cours à mon imagination, avec un vague souvenir d'un échange avec des enfants (d'une classe ou d'un centre de loisirs) lors d'une de nos promenades.

Compléments de ce 20 juin 2023 ou je programme mes participations : La vieille dame descendant le chemin de grève de son pas chancelant mais incroyablement alerte pour son âge a vécu encore une dizaine d'années, se désolant à la fin de ne plus pouvoir aller jusqu'à la plage car elle aurait été trop fatiguée pour en revenir.
La cargaison du navire échoué ne faisait pas craindre de marée noire car le fioul de propulsion a pu être pompé, mais il a fallu plus d'un an pour découper et évacuer l'épave par morceaux.
La rencontre entre les enfants de maternelle et la vieille dame, je l'avais imaginé, mais elle était tout à fait pertinente et cet éveil aux autres est plus que jamais nécessaire pour s'ouvrir le plus tôt possible à empathie et à la curiosité joyeuse.

7 commentaires:

  1. J'ai pensé d'abord à une baleine et puis.... eh oui une épave c'est tout un travail de récupération, merci Jeanne, bon lundi Croqueurs, bises

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  2. J'ai beaucoup aimé ton texte mélange de réalité et de fiction. Je comprends la frustration de la journaliste de n'avoir pas pu interviewer les enfants et la vieille dame.
    Martine Martin.

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  3. Fiction et triste réalité, ce porte-conteneurs, avant de s'échouer dans la nuit du 23 au 24 octobre 2006, avait tout de même été surpris en flagrant délit de rejet d'hydrocarbures ce qui l'a conduit à être contraint de rejoindre Le Havre pour un constat de pollution.
    Ah quand la condamnation de tous ces pollueurs... Nous avons été servis sur les côtes finistériennes avec l'Amoco Cadiz, et encore maintenant, au large de l'île de Btaz avec des fuites du Tanio...
    https://www.ouest-france.fr/environnement/pollution/la-marine-colmate-les-fuites-du-tanio-le-petrolier-qui-pollue-toujours-40-ans-apres-son-naufrage-6967533
    Bises et bon début de semaine Jeanne - Zaza

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  4. C'est une belle histoire qu'on aimerait vraie ; le mélange des générations est profitable pour tout le monde; effectivement le navire qui coulait c'était un spectacle !bonne semaine

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  5. Fiction et réalité sont tellement bien mêlées que l'on n'arrive pas à les séparer.
    Bravo pour ce texte tres prenant, on se met vraiment à la place de ce journaliste..
    Bonne soirée
    Bises

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  6. Fiction oui et réalité, cela tout ensemble donne vraiment un magnifique texte agréable à parcourir ! Bravo Jeanne et bonne soirée. Bises♥

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  7. La fiction pour mieux nous faire connaître ce monde j'ai passé un bon moment à te lire. Bises

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