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1915 ? 1916 ? 1917 ? Mes grands parents quittent leur terre familiale avec leurs trois enfants adolescents pour les plus mauvaises raisons et n'y sont jamais retournés. Quand exactement ont-ils quitté ou plutôt fui la Champagne d'Epernay pour "la douceur angevine" ? Je n'ai pas posé la question à mon père et maintenant il est bien trop tard.
La raison de leur départ en est trop banale : la guerre et la transformation de leurs vignes en champs de mines. C'est peut-être un peu avant puisque mon père m'avait raconté l'escapade des deux garçons inconscients qu'ils formaient avec son frère et son heureux dénouement. L'angoisse de cette journée avait dû décider de cet exil intérieur.
Le choix du lieu de destination n'est pas un hasard et a du être préparé. Le savoir faire d'un champenois a trouvé à s'embaucher dans l'autre région des fines bulles :
1ère maison de fines bulles du Val de Loire - Ackerman Saumur depuis 1811 et depuis
"1831, il expérimente la champagnisation des vins à partir de cépages blancs du Val de Loire et met au point la méthode traditionnelle. Il commercialise ses premières bouteilles, seulement quelques centaines, dès 1834."
1940, la ligne Maginot n'a pas arrêté les forces des armées d'Hitler qui sont passées plus au Nord par les pays neutres qui se croyaient protégés.
Tandis que des réfugiés belges et du nord faisaient une halte durable à la maison, c'est au tour de ma mère et de mes cinq frères et sœurs d'être repliés chez ma grand-mère paternelle, près de Saumur, sur la rive gauche de la Loire. Mon père mobilisé sur place du fait de ses obligations professionnelles ne les a pas accompagnés. trop de souvenirs amers lui en faisaient aussi un impossible retour.
Les allemands ayant détruit le pont de Saumur et le pont de Gennes, ma famille a été contrainte de rester tout l'été chez cette grand-mère que les enfants connaissaient peu. Mais la rentrée des classes approchant, il fallait bien rentrer. Voici comment ma sœur aînée qui avait 10 ans à l'époque décrit leur retour :
"Nous restions donc pendant la fin de l'été, mais il fallait rentrer pour la rentrée des classes en octobre. Le pont avait été refait avec des bateaux les uns contre les autres et je me souviendrai toujours du passage sur ce pont qui faisait à chaque bateau « plouf, plouf » et menaçait de s'écrouler ..."
2020 : Année commémorative des 80 ans de la Bataille des Cadets de Saumur - 19 et 20 juin 1940 (ville-saumur.fr)
Quelques liens sur la région des fines bulles et ses vins
Saumur Mousseux - Guide des appellations - Le Figaro Vin, histoire rudimentaire
Merci Jeanne, fuir et revenir un jour, ma grand-mère maternelle s'est réfugiée en Normande, française du Nord.... bises jill
RépondreSupprimerUne vraie épopée ! Pas facile de revenir avec la guerre et les mauvais souvenirs
RépondreSupprimerTes histoires sont un témoignage de plus sur ces 2 guerres. La cousine de mon père et sa mère (soeur de ma grand mère paternelle), sont parties aussi du Nord, sur les routes, pendant la seconde guerre. Comme preuve, il me reste une carte postale qu'elles ont écrites toutes les deux à mes grands parents. Bon week end. Bises.
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