Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

vendredi 14 octobre 2022

Abécédaire du monde d'après : V comme Vie et vivre

dernière minute

- Oui. On nous oubliera. C'est la vie, rien à faire. Ce qui aujourd'hui nous paraît important, grave, lourd de conséquences, eh bien, il viendra un moment où tout cela sera oublié, où cela n'aura plus d'importance. Et, c'est curieux, nous ne pouvons savoir aujourd'hui ce qui sera un jour considéré comme grand et important, ou médiocre et ridicule. (...) Il se peut aussi que cette vie d'aujourd'hui dont nous prenons notre parti, soit un jour considéré comme étrange, inconfortable, sans intelligence, insuffisamment pure et, qui sait, même, coupable.               Anton Tchekhov

mis en épigraphe par Annie Ernaux au tout début de son livre Les années, 2008, collection folio

j'ai retrouvé grâce à Internet et au journal Libération «Trois Soeurs» face à l'oubli – Libération (liberation.fr) que la citation est extraite de la pièce de Tchékhov Les trois sœurs

citation à laquelle elle fait écho à la fin de son introduction :

"Tout s'effacera en une seconde. Le dictionnaire accumulé du berceau au dernier lit s'éliminera. Ce sera le silence et aucun mot pour le dire. De la bouche ouverte il ne sortira rien. Ni je ni moi. La langue continuera à mettre en mots le monde. Dans les conversations autour de la table de fête on ne sera qu'un prénom, de plus en plus sans visage, jusqu'à disparaître dans la masse anonyme d'une lointaine génération."                                     (Annie Ernaux, Les années, p19 col. folio)

Ecrire Les années, c'est pour qu'il en reste quelque chose, non de sa petite vie à soi, mais de sa vie dans celle du monde : 

"La forme de son livre ne peut donc surgir que d'une immersion dans les images de sa mémoire pour détailler les signes spécifiques de l'époque, l'année, plus ou moins certaine, dans laquelle elles se situent - les raccorder de proche en proche à d'autres, s'efforcer de réentendre les paroles des gens, les commentaires sur les événements et les objets, prélevés dans la masse des discours flottants, cette rumeur qui apporte sans relâche les formulations incessantes de ce que nous sommes et devons être, penser, croire, craindre, espérer. Ce que ce monde a imprimé en elle et ses contemporains, elle s'en servira pour reconstituer un temps commun, celui qui a glissé d'il y a si longtemps à aujourd'hui - pour, en retrouvant la mémoire individuelle, rendre la dimension vécue de l'Histoire.

Ce ne sera pas un travail de remémoration, tel qu'on l'entend généralement, visant à la mise en récit d'une vie, à une explication de soi. Elle ne regardera en elle-même que pour y retrouver le monde, la mémoire et l'imaginaire des jours passés du monde, saisir le changement des idées, des croyances et de la sensibilité, la transformation des personnes et du sujet, qu'elle a connus et qui ne sont rien, peut-être, auprès de ceux qu'auront connus sa petite fille et tous les vivants en 2070. "                                       (Annie Ernaux, Les années, 1e éd 2008, col. folio p. 251) 


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vivre, vivant, vie, vitalité

volonté, vouloir, vœu

vague

Les secrets derrière le tableau la Grande Vague de Kanagawa (francetvinfo.fr)

La grande vague de Kanagawa, Hokusai, 1830

voix, violence

Discours de l’abbé Pierre, la voix des sans-voix - YouTube

Abbé Pierre — Wikipédia (wikipedia.org)

Voilà l'état de mon brouillon ce mardi 11 octobre. 

Qu'il me semble difficile à poursuivre et terminer cet abécédaire d'un monde où l'après recule comme l'horizon à chaque jour et chaque heure de la vie !

Vivre, c'est ce que tout le monde souhaite. Mais comment ? Vivre et non survivre.

"Femme ! Vie ! Liberté !" Ce slogan s'est imposé sur les pancartes des manifestants en Iran, puis du monde entier, après la mort de Mahsa Amini aux mains de la police des mœurs à Téhéran, le 16 septembre dernier. Interpellée alors qu'elle se promenait en famille, l'étudiante de 22 ans avait été embarquée dans une camionnette de la Gasht-e Ershad, cette police du quotidien qui contrôle l'habillement et les comportements des Iraniens – et surtout des Iraniennes  dans l'espace public. Une police des mœurs dont les comportements violents sont régulièrement documentés et dénoncés par des militantes et des ONG, comme le rapportait Amnesty International en 2019.

La mort de Mahsa Amini a embrasé la société iranienne, conduisant de nombreuses femmes à brûler leur voile et à sortir la tête découverte en pleine rue. Partout, le même cri du cœur résonne : "Ça aurait pu être moi !" 

 TEMOIGNAGES. "Ils sont là pour nous dominer, gêner nos vies" : quatre Iraniennes racontent les interpellations fréquentes de la police des mœurs (francetvinfo.fr)

J'admire leur vitalité et surtout leur courage.

Qu'est-ce qui est vital ? Nous pourrions nous alléger de tant d'habitudes pour vivre mieux. A commencer par cet égoïsme forcené qui s'étalent ces derniers jours dans les files aux pompes à essence, quand il y en a eu un peu ce matin avec ses incivilités et même ses empoignades.

La factrice, contrainte par ses horaires de distribution, n'a pas pu attendre une heure pour alimenter le véhicule de distribution du courrier. Le taxi qui transporte aller retour trois fois par semaine mon voisin au centre hospitalier distant d'une trentaine de kilomètres pour sa dialyse n'est pas prioritaire. Ses autres clients réguliers sont également en soins et non autonomes ...

Mais les betteraves ont pu être transportées toute la nuit, les camions faisant trembler la maison me réveillant à chacun de leurs passages à vide et une dizaine de quads ont fait les marioles dans les champs pendant une partie du dimanche.

Hier soir j'ai regardé pour la nième fois le film Soleil vert de 1974. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vu et son propos est toujours aussi terrible et de plus en plus crédible. En revanche, la vision du monde dans lequel se déroulait l'intrigue m'est apparue cette fois-ci très nettement datée tant nos vies et nos sociétés se sont transformées depuis.

Au temps d'harmonie, de Pau Signac, 1895
L'étrange destin d'une oeuvre symbole de l'idéal libertaire - Fa Do Si (over-blog.com)


1 commentaire:

  1. Vivre, tout un programme Jeanne, et en ce moment, en octobre 2022 cette vie qui devrait nous rendre heureux, tout nous est donné de consommer, eh bien... beaucoup à en dire ! Merci, bises

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