Le Piano
Tant pis, j’aime le piano!
Mon maître, au fond de la Scythie
Fort connu, comme à Landerneau,
Aimait l’araignée et l’ortie.
Et pourquoi? Parce qu’on les hait.
Pour moi, j’aime, épris de chimères,
Le piano, parce qu’il est
Plus haï que les belles-mères.
Un rayon sur mon front a lui,
Lorsque l’heure du thé ramène
Ce monstre, affreux comme celui
Du long récit de Théramène.
Devant les dames à turban,
A ses vœux j’aime à condescendre,
Quand sa croupe se recourbe en
Replis de bois de palissandre.
N’ayant pas tremblé pour si peu,
Je supporte ses airs farouches
Et même, le terrible jeu
De ses dents, qu’on nomme: des touches.
Eh! oui, le piano, Meyer
Beer admettait cet ustensile,
Et c’est pourquoi Ernest Reyer
Me semble un peu trop difficile.
Implorant les cieux parfois sourds
Où passent des guerriers équestres,
J’en conviens, je n’ai pas toujours
Sous ma main de puissants orchestres.
Or, pour oublier les méchants
Si, pâle et l’oeil de pleurs humide,
J’ai besoin d’entendre les chants
Célestes d’Orphée ou d’Armide, –
O Vérité, sors de ton puits!
Lorsque ce désir fou m’étrangle,
Dis-nous cependant si je puis
Me les jouer sur le triangle!
Théodore de BANVILLE 4 août 1888.
Recueil : "Sonnailles et Clochettes"
Meyer Beer à 11 ans par Weitsch, 1802 |
Ernest Reyer, 1823 - 1909, compositeur français et critique d'art, neveu de la compositrice, pianiste et première femme nommée professeur de piano au Conservatoire national de Paris Louise Farenc, 1804 - 1875
Magnifique page, Jeanne !
RépondreSupprimerJ'♥ beaucoup !!!
Bonne journée,
Bises♥
C'est un très beau poème de Théodore de BANVILLE que je ne connaissais pas, merci Jeanne pour cette découverte.
RépondreSupprimerBises et bon mercredi
Merci pour ce superbe billet poésie - musique . Je découvre le poème de Théodore de Banville . Injustement oubliée en effet Louise Farenc , j'ai beaucoup aimé les extraits du trio piano, violoncelle et flute .
RépondreSupprimerBonne soirée
Bises
Jolie musique de Clara Schuman. Bon retour sur la blogosphère et merci pour tes visites. Bises.
RépondreSupprimerJe sais que c'est toujours difficile de parler sans notes... mais je trouve dommage que la présentatrice les lise autant, même si à la radio on ne devrait pas la voir.
RépondreSupprimerMerci pour le poème et les extraits proposés.
J'ai toujours adoré le piano, depuis la première fois où j'ai écouté ma mère qui en jouait.
Je n'ai jamais su le faire aussi bien qu'elle...
Merci pour ta page, Jeanne.
Bisous et douce journée.