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(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

jeudi 9 mars 2017

Enfants délurées*, au Grand Bal du Printemps de Jacques Prévert

Josette à la barre du défi n°181 des CROQUEURS DE MOTS nous propose de jouer  - SANS TRICHER - au  Monopoly et pour les "jeudi poésie" du 2 et 8 mars quelle chance, vous avez carte blanche !
Ce jeudi encore, je balance entre deux choix. Enfants délurées et Sous les ponts de Paris

Celui-ci associe les rues de Paris avec ses hauts et ses bas quartiers de l'époque de Prévert qui est aussi mon souvenir et les femmes, "délurées" au sens premier et noble du terme, célébrées par le poète, tout au long de l'année et non un seul jour, hier le 8 mars.


Jeudi poésie sous le signe du 19e Printemps des Poètes, comment ne pas célébrer sous son égide l'Anniversaire Jacques Prévert, 1900 - 1977 (sous réserve de l'autorisation de publication)
Dans ce poème de Jacques Prévert, j'ai le pressentiment que cette jeune fille en noir et blanc sur le cliché d'Izis**, Prévert lui accorde le joyeux éveil, la délure de la modernité, sans débauche.

Enfants de la haute ville
filles des bas quartiers
le dimanche vous promène dans la rue de la Paix
Le quartier est désert
les magasins fermés
Mais sous le ciel gris souris
la ville est un peu verte derrière les grilles des Tuileries
Et vous dansez sans le savoir
Vous dansez en marchant sur les trottoirs cirés
Et vous lancez la mode
sans même vous en douter
Un manteau de fou rire
sur vos robes imprimées
Et vos robes imprimées sur le velours potelé
de vos corps amoureux
Tout nouveaux tout dorés
Folles enfants de la haute ville
ravissantes filles des bas quartiers
modèles impossibles à copier
Cover girls
colored girls
De la Goutte d'Or ou de Belleville
De Grenelle ou de bagnolet.
©Jacques Prévert,
Jacques Prévert et Izis, Grand bal du printemps***, 1951, 
Le cherche-midi 2008, page 134

** "déluré" quand j'avais pris connaissance du mot clé des jeudis en poésie du défi n°60 des CROQUEURS DE MOTS, piloté par Julien, m'est apparu le caractère particulièrement ambigu de cet adjectif, à la fois complimentant des qualités d'éveil et de vivacité d'esprit et désapprouvant l'audace et l'esprit de fronde ou d'indignation. Il est évident que la curiosité d'esprit ne fait pas bon ménage avec l'obéissance servile. Et pourtant, quoi de plus important pour la liberté de l'homme dans le respect de tous les autres, que de ne pas se laisser tromper.

Déluré, apparu au XVIIème siècle comme une variante du participe passé déleurré du verbe déleurrer = détromper


** p135 en regard du poème.
Le livre est né d'un proposition d'Izis à Prévert et à d'autres auteurs de mettre des textes sur ses photos.
Prévert a refusé. Mais pour une autre proposition bien plus intéressante : faire un livre à deux, où mots et photos s'associent en une puissante alchimie.

*** Mon avis : Grand bal du printemps est en fait un long poème d'une profonde unité, ... et d'une cruelle modernité.
J'ai trouvé avec un grand plaisir chez un libraire cette réédition d'un de ces livres qui ont enchanté mon enfance.



5 commentaires:

  1. Avec la rue de la Paix dedans et autres lieux qui pourraient s'y trouver, un air de Monopoly oui, je découvre ce Prévert en tous cas... merci Jeanne et bon jeudi, bises

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  2. Je ne le connaissais pas du tout... ce doit être un livre merveilleux.
    Merci pour la découverte, Jeanne.
    Bisous et douce journée.

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  3. Ah, j'ai oublié de te dire... j'adore l'idée et les mots "manteau de fou rire".

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  4. Je ne me souviens pas de ce poème tres réaliste tout en restant pudique. J'aime. Beau jeudi.

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  5. brvo pour cette belle illustration avec Prévert et les quartiers de Paris... je prends Grenelle et j'espère être dé-leurrée !
    merci Jeanne d'avoir jouer le jeu

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