Ce jeudi encore, je balance entre deux choix. Enfants délurées et Sous les ponts de Paris
Celui-ci associe les rues de Paris avec ses hauts et ses bas quartiers de l'époque de Prévert qui est aussi mon souvenir et les femmes, "délurées" au sens premier et noble du terme, célébrées par le poète, tout au long de l'année et non un seul jour, hier le 8 mars.
Jeudi poésie sous le signe du 19e Printemps des Poètes, comment ne pas célébrer sous son égide l'Anniversaire Jacques Prévert, 1900 - 1977 (sous réserve de l'autorisation de publication)
Dans ce poème de Jacques Prévert, j'ai le pressentiment que cette jeune fille en noir et blanc sur le cliché d'Izis**, Prévert lui accorde le joyeux éveil, la délure de la modernité, sans débauche.
Enfants de la haute ville
filles des bas quartiers
le dimanche vous promène dans la rue de la Paix
Le quartier est désert
les magasins fermés
Mais sous le ciel gris souris
la ville est un peu verte derrière les grilles des Tuileries
Et vous dansez sans le savoir
Vous dansez en marchant sur les trottoirs cirés
Et vous lancez la mode
sans même vous en douter
Un manteau de fou rire
sur vos robes imprimées
Et vos robes imprimées sur le velours potelé
de vos corps amoureux
Tout nouveaux tout dorés
Folles enfants de la haute ville
ravissantes filles des bas quartiers
modèles impossibles à copier
Cover girls
colored girls
De la Goutte d'Or ou de Belleville
De Grenelle ou de bagnolet.
©Jacques Prévert,
Jacques Prévert et Izis, Grand bal du printemps***, 1951,
Le cherche-midi 2008, page 134
Déluré, apparu au XVIIème siècle comme une variante du participe passé déleurré du verbe déleurrer = détromper
** p135 en regard du poème.
Le livre est né d'un proposition d'Izis à Prévert et à d'autres auteurs de mettre des textes sur ses photos.
Prévert a refusé. Mais pour une autre proposition bien plus intéressante : faire un livre à deux, où mots et photos s'associent en une puissante alchimie.
*** Mon avis : Grand bal du printemps est en fait un long poème d'une profonde unité, ... et d'une cruelle modernité.
J'ai trouvé avec un grand plaisir chez un libraire cette réédition d'un de ces livres qui ont enchanté mon enfance.
Avec la rue de la Paix dedans et autres lieux qui pourraient s'y trouver, un air de Monopoly oui, je découvre ce Prévert en tous cas... merci Jeanne et bon jeudi, bises
RépondreSupprimerJe ne le connaissais pas du tout... ce doit être un livre merveilleux.
RépondreSupprimerMerci pour la découverte, Jeanne.
Bisous et douce journée.
Ah, j'ai oublié de te dire... j'adore l'idée et les mots "manteau de fou rire".
RépondreSupprimerJe ne me souviens pas de ce poème tres réaliste tout en restant pudique. J'aime. Beau jeudi.
RépondreSupprimerbrvo pour cette belle illustration avec Prévert et les quartiers de Paris... je prends Grenelle et j'espère être dé-leurrée !
RépondreSupprimermerci Jeanne d'avoir jouer le jeu