Je me souviens de ces matins de l'hiver 1968, largement avant les fameux événements du même nom, dans le bus scolaire qu'on avait obtenu au bout de deux ans de trajets à pied (deux bons kilomètres) pour nous rendre de l'Ecole Normale des Filles, notre lieu de résidence, à l'Ecole normale des garçons, où nous avions nos cours ;
Je me souviens de notre groupe de filles de la section expérimentale de B "science économique", sans s et sans "et sociales", pour préparer un baccalauréat B qui était en test dans un certain nombre d'établissements avant d'être ou pasgénéralisé ;
Je me souviens dans le bus au petit matin, dans la nuit froide, nous entonnions en rituel l'Internationale. systématiquement.
Ça ne plaisait pas trop au chauffeur qui en a référé au Directeur et à la Directrice lesquels ont convoqué le chef de classe pour ... je ne me souviens plus si il y a eu une conséquence ou pas ... peut-être que je raconterai ... ou pas
Cette fin de matinée, la cérémonie pour Charb a débuté par l'Internationale, en présence des élus, dont le maire de droite.
Qui l'eut cru seulement possible ?
Aujourd'hui j'ai surtout une pensée pour les proches de Charb, ses parents et tout particulièrement sa maman, ses camarades de classe, ses professeurs, ceux qui le comprenaient comme ceux qui n'appréciaient pas, déjà, qu'il bouscule gentiment l'autorité.
Charb, je n'achetais que rarement Charlie hebdo, mais cela m'arrivait.
Tu vas nous manquer.
Camille Pissarro, Gelée blanche, 1873 |
clic sur l'image pour écouter un clip de L'Internationale
L’INTERNATIONALE
Au citoyen Lefrançais, membre de la Commune.
C’est la lutte finale :
Groupons-nous, et demain,
L’Internationale
Sera le genre humain
Debout ! les damnés de la terre !
Debout ! les forçats de la faim !
La raison tonne en son cratère :
C’est l’éruption de la fin.
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !
Il n’est pas de sauveurs suprêmes :
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot,
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !
L’État comprime et la loi triche ;
L’Impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche ;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez languir en tutelle,
L’Égalité veut d’autres lois ;
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle
« Égaux, pas de devoirs sans droits ! »
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu’il a créé s’est fondu
En décrétant qu’on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.
Les Rois nous soûlaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air, et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
À faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n’appartient qu’aux hommes,
L’oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais, si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins, disparaissent,
Le soleil brillera toujours !
C’est la lutte finale :
Groupons-nous, et demain,
L’Internationale
Sera le genre humain
Eugène Pottier, Paris, juin 1871.
Au départ chantée sur l'air de la Marseillaise, la musique de l'Internationale a été créée par Pierre Degeyter en 1888.
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