Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

lundi 18 avril 2022

Monsieur Lucien

Précaution préalable : dans ce haïbun, tout est imaginé, si j'ai choisi Lucien, c'est en référence à lux la lumière d'où dérivent ces prénoms en français.

Pour la page 196 de  l'Herbier de poésies   sur une Photo de Adamante

La sentence a été annoncée sans ménagement. De l'autre côté de son bureau, entre dialogue avec l'ordinateur et regards neutres autant que furtifs, Monsieur Lucien avait l'impression d'être transparent au médecin.

Aussi transparent
que les sensations visuelles
de ces derniers mois.

Depuis ces derniers mois, oui. Car avec la nouvelle que son cher confrère et docteur es vue depuis tant d'années avait enfin pris sa retraite sans successeur il lui avait fallu tout ce temps pour obtenir d'être accepté comme nouveau patient et avoir un rendez-vous.

De jours en semaines
la brume avait envahi
son monde familier

Outre son attention captive à ses appareils, les gestes et les mots étaient techniques et efficaces. Le jeune diplômé avait certes des connaissances et des compétences précises alimentées par les disciplines scientifiques et numériques.

Les humanités !
Qui se souvenait encore
de leur primauté.
 
Monsieur Lucien est d'une autre époque. Il était parmi les rares boursiers à avoir passé son bac quand les camarades de sa "classe d'âge" avaient quitté les bancs de l'école dès douze treize ans avec ou sans certificat d'études.

Il tait au blanc bec
ses journées et ses années
médecin de campagne.

DMLA stade 3. Vous auriez dû venir consulter beaucoup plus tôt. Là, il n'y a plus rien à faire. D'ici quelques mois, ce sera le flou complet. Les mots sont précis. Nets et coupants comme des sabres. Monsieur Lucien s'attendait à ce diagnostic. Et à plus de tact.

Un étourdissement
un reflet sur un tableau
lui déchire l'âme.

Réalité ? Illusion ?
Humaine modernité !
©Jeanne Fadosi, samedi 16 avril 2022
pour la page 196 de l'Herbier de poésies
à découvrir bientôt avec les autres brins sur la page 196

Photo Adamante


A ne pas prendre trop vite au premier degré et me classer parmi les vieux croûtons qui pensent que "c'était mieux avant"

En illustration sonore en contrepoint, un extrait du film Knock (celui de 1951) tiré de la pièce Knock ou le triomphe de la médecine, de Jules Romain, 1923-24




8 commentaires:

  1. Ah, le tact, dans toutes choses, bienvenu, mais hélas... merci Jeanne, bises

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  2. Une très belle interprétation du flou artistique de la photo d'Adamante dénonçant le manque de tact de notre médecine d'aujourd'hui... Les jeunes médecins n'ont plus d'état d'âme, hélas. Quant à leur disponibilité, ce n'est vraiment pas la joie.
    Bises et bon lundi de Pâques Jeanne - Zaza

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  3. Jeune ou plus expérimenté, souvent devant les faits scientifiques le tact manque, impuissance ou manque d'humanité ???

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  4. laura vanel-coytte18 avril 2022 à 09:55

    bONJOUR et merci pour ton gentil com
    moi, je ne saurais faire ce que tu as fait là
    Encore merci et bonne journée

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  5. Pas facile de trouver un bon médecin qui prend son temps, qui n'assène pas les choses avec tant de brutalité, ça se voit encore, toujours...
    Voir flou ça m'arrive mais j'ai un bon ophtalmo !
    Bravo Jeanne
    Bon lundi de Pâques

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  6. Le tact, tout un art dans la pratique médicale. Il y a ceux pour qui cela va de soi et les autres qui ne s'encombrent pas de précautions. Pendant mes années d'études j'ai tout vu.
    Bonne journée
    Bises

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  7. Parfois cette "cruauté " ressentie fait craindre le pire pour la suite avec en plus un ressenti de culpabilité du malade ! Où allons- nous ?
    Belle soirée Jeanne

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  8. Un constat plutôt général, hélas; un constat désarmant, une humanité réduite à des organes déficients, aucune vue d'ensemble, aucune vue holistique, et surtout un cruel manque d'empathie. Patient coupable, toujours coupable. Cela commence par un clavier où une voix vous demande (pour tout et pour rien) de taper un, de taper deux et qui suscite une envie de taper sur la machine à déshumaniser. Oui, un bien triste constat.

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