Camille Pissarro, gelée blanche |
Notre cap'tain Dômi de retour Jazzy À la barre du bateau des croqueurs de mots pour cette nouvelle quinzaine, nous propose de reprendre la plume pour le défi 263 et
Pour le jeudi poésie :Le 14 avril un poème où vous utiliserez les notes de musique phonétiquement à la manière de Louise de Vilmorin
Je me suis dit, facile ! (du moins pour ce jeudi, pour le suivant c'est beaucoup moins sûr !) je dois en avoir partagé plusieurs en bloguant. J'avais raison, ma requête "poème + musique" m'en a proposé trois pages de titres, du poème le plus court :
1. - Chantre : nom masculin singulier, choriste, voire chef de chœur à l'église
2. - cordeau ici la corde unique de l'instrument de musique
3.- trompette marine, comme son nom ne l'indique pas, c'est un instrument baroque à corde unique, joué autrefois dans les couvents
4.- Guillaume Apollinaire, poète, 1880 - 1918
5.- monostiche ou monostique : poème d'un seul vers
à celui de Victor Hugo qui n'est pas son plus long,
Les Rayons et les Ombres/Que la musique date du seizième siècle - Wikisource
et qui se termine ainsi :
Heureux ceux qui vivaient dans ce siècle sublime
Où, du génie humain dorant encor la cime,
Le vieux soleil gothique à l’horizon mourait !
Où déjà, dans la nuit emportant son secret,
La cathédrale morte en un sol infidèle
Ne faisait plus jaillir d’églises autour d’elle !
Être immense obstruée encore à tous degrés,
Ainsi qu’une Babel aux abords encombrés,
De donjons, de beffrois, de flèches élancées,
D’édifices construits pour toutes les pensées ;
De génie et de pierre énorme entassement ;
Vaste amas d’où le jour s’en allait lentement !
Siècle mystérieux où la science sombre
De l’antique Dédale agonisait dans l’ombre,
Tandis qu’à l’autre bout de l’horizon confus,
Entre Tasse et Luther, ces deux chênes touffus,
Sereine, et blanchissant de sa lumière pure
Ton dôme merveilleux, ô sainte Architecture,
Dans ce ciel, qu’Albert Düre admirait à l’écart,
La Musique montait, cette lune de l’art !
Victor Hugo, Les Rayons et les Ombres, 29 mars 1837.
Ne me demandez pas pourquoi ce titre.
J'aurais voulu faire un billet léger et peut-être rééditer le poème de Verlaine, Art poétique,
"De la musique avant toute chose,Et pour cela préfère l'Impair,Plus vague et plus soluble dans l'air,Sans rien en lui qui pèse ou qui pose."
mais comment passer à côté d'Aragon qui fait tant résonnance à notre époque
Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
Emplissant tout à coup l'univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l'avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l'enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d'idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
chanté par Jean Ferrat, Barclay janvier 1967
Louis Aragon, 1897 - 1982, poète, romancier et journaliste français
Jean Ferrat, 1930 - 2010, auteur-compositeur-interprête français. Il a mis en musique de nombreux poèmes de Louis Aragon
Un jour un jour de Louis Aragon, par Jean Ferrat
Gauguin, Jeunes filles au pied du menhir |
que du beau, du sensible!
RépondreSupprimerj'♥ particulièrement Aragon
Félicitations et merci pour cet agréable partage
Un grand merci Jeanne pour tes choix , je découvre ce monostiche de Guillaume Apollinaire . Quelle magnifique appellation pour la musique de Victor Hugo, la lune de l'art ! Un poème d' Aragon qui prend aussi toute sa signification en ce moment , le verra - t - on ce jour où les gens s'aimeront ?
RépondreSupprimerBonne journée
Bises
Très beau !
RépondreSupprimersi la musique peut pacifier les cœurs, n'hésitons pas à partager tous les vers qui la célèbre avec force et beauté !
De très beaux poèmes Jeanne. Merci...
RépondreSupprimerBises et bon vendredi - Zaza
la musique avant toute chose comme langage universel !
RépondreSupprimerbravo Jeanne pour cette page musicale
bises
Superbe poème d'Aragon. Tu as trouvé es petites pépites . Si seulement la musique pouvait calmer les esprits .
RépondreSupprimerPasse un bon week end
Magnifique en tout, Jeanne !!! Bravo ! Bises♥
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