Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

samedi 12 mars 2022

J'avais un rêve ...

 Pour le nid des mots du samedi 12 mars 2022

Thème : « Les cigogneaux s’envolent, heureusement la cigogne reste »
pour Le nid des mots de abécé
C'était le 28 août 1963 à la veille de mon anniversaire et 150 ans après la proclamation d'émancipation du 1er janvier 1863 par Abraham Lincoln :
Martin Luther King faisait son célèbre discours : « I have a dream ... »
Un rêve qui me parlait bien au-delà de l'émancipation des noirs américains.

C'était aux vacances de printemps 1968 et un film allait passer à la télévision pour occuper une après-midi pluvieuse. Un film que j'avais vu deux ou trois ans après sa sortie et sa consécration avec la Palme d'or du festival de Cannes en 1957 :
titre français : Quand passent les cigognes   (traduction littérale du titre russe : Les grues volent, un titre inutilisable en français pour le double sens et du nom "grue" et du verbe "voler")

J'avais beaucoup aimé ce film qui marquait le renouveau du cinéma russe avec le "dégel" depuis 1953.
Si j'étais en pension, je n'avais pas quitté le nid et ce ne serait pas de si tôt. Pour l'heure je préparais le bac et déjà abandonnais certains rêves d'écriture. Une déception et l'humiliation souterraine enfouie dans un inconscient d'incompréhension.

Vous imaginez combien je me réjouissais de revoir ce chef d'œuvre entre deux révisions.
C'était sans compter l'arrivée impromptue d'amis de longue date de mes parents. Oublié la télé !  J'étais furieuse. Je me suis retirée dans ma chambre en claquant la porte en refusant de faire bonne figure devant ces gens que je connaissais à peine.
C'était une époque où la majorité était à 21 ans et où l'on ne bravait pas impunément la volonté du patriarche.
Je reçus la raclée de ma vie, ce qui ne s'était produit qu'une seule fois à quatre ou cinq ans. D'autres événements avaient fait entrer mes parents, unis dans cette cause, dans la défense de la suppression des châtiments corporels.
Cet après-midi du printemps 1968, c'était juste un déchaînement  de colère archaïque.

Je n'avais pas la possibilité de quitter le nid mais cet après-midi là je compris mieux le départ tumultueux aux environs de mon âge d'alors de mes sœurs aînées.

Nous sommes le 12 mars 2022, quatre jours après une nième journée internationale des droits des femmes. voir mon billet récent A toutes les femmes courage !

J'aurais pu claquer la porte, je n'ai fermé à clé que celle de ma chambre, ce qui n'a rien empêché.
Etait-ce de la lâcheté, comme l'une des trois m'en fit le reproche bien plus tard et se trompant sur un sujet qu'elle imaginait ? Etait-ce de la prudence dans une trajectoire qui s'annonçait somme toute honorable puisque je me préparais à être institutrice à défaut de réponse pour faire des études supérieures ? Etait-ce l'éducation de ma mère qui m'avait très tôt appris que la rancune ne servait qu'à se nuire à soi-même par le récit de sa propre expérience ?
J'étais un oisillon qui doutais déjà de la pertinence du pardon et qui préférais sinon oublier du moins aller de l'avant.

L'oisillon avait toutes ses plumes et ne savait pas encore que bientôt, à la fin de l'été, d'autres grands, petits décideurs à leurs échelles provinciales, l'obligeraient à faire un semblant de nid loin de ses parents, "à la Capitale", à ne rentrer au mieux que tous les deux mois, et à apprivoiser la solitude du monde des adultes. L'oisillon fort heureusement avait la consolation de son parrain (le clown) et de sa marraine, de l'un de ses frères aussi avec sa femme si accueillante les fins de semaine.

L'oiseau, devenant grand, n'aspirait pas à être un oiseau des villes et ne le devint jamais dans sa tête.
L'oiseau avait des rêves, ils ne sont toujours que des rêves

Photo de Karen Knorr, exposée l'été 2013 au musée départemental de Beauvais, installé dans le palais épiscopal construit au XIIe siècle, dans une salle à la charpente remarquable, sur la photo une Cigogne devant la Villa Savoye, œuvre de l'architecte Le Corbusier pour Pierre Savoye

7 commentaires:

  1. C'est pas si simple de prendre son envol dans la vie d'adulte... dans un nouveau milieu qu'il faut apprivoiser, le coeur gros parfois, bises

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  2. Je t'avais bien inscrite, mais ne voyant rien ce matin, je t'ai enlevé, je vais m'empresser de te remettre...
    Tes mésaventures avec tes parents me rappelle des faits un peu similaires à l'adolescence bien avancé. J'ai ruée dans les brancards mais la punition ne s'est pas levée pour autant... Ensuite j'ai bien pris mon envolée...
    Tu n'es pas hors sujet et merci de ta participation...

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  3. Ah ! Ainsi va la vie, quelques soient nos rêves, et si grands soient-ils, ils ne sont pas toujours réalisables et réalisés mais, ce qui est consolant, il nous reste ce cheminement qui grâce à eux, menons une vie qui résulte des bons choix qui se sont offerts et auxquels nous avons adhéré(e)s.
    Bon après-midi de ce samedi,
    Bises♥

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  4. Prendre son envol surtout pour des enfants et filles du baby-boom n'était pas facile Jeanne.
    Après moult prises de tête avec mes parents qui refusaient de me laisser prendre une chambre sur Paris pour continuer après mon Bac à l'ENSAE, (concours que j'avais réussi brillamment).
    Je fréquentais à ce moment un garçon qui me demanda en mariage. C'était en juillet 1971 et pour quitter le nid familial que je ne supportais plus, j'acceptais cette proposition, même si ce n'était pas le coup de foudre mais je souhaitais ma liberté.
    Décembre 1971, je convolais en justes noces pour un mariage qui dura 15 ans.
    Voilà.
    Bises et bonne soirée - Zaza

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  5. Golondrina63Auv13 mars 2022 à 09:42

    Parfois
    La vie
    C'est comme un éclair
    en silence ...
    Silence qui devient habitude
    Habitude qui devient égoïsme
    L'égoïste fait son malheur
    Il fabrique l'indifférence!
    Mais la liberté a t-elle encore sa place dans ce monde de fous
    Le rêve est permis certes
    Mais le miel n'est pas si doux
    Les tart'ines sont indigestes
    --------bON DIMANCHE

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  6. Lorsqu'on arrive à un certain âge, on s'aperçoit que la vie est passée trop vite et que les rêves sont restés dans un tiroir ... Il n'était pas facile à cette époque de faire ce qu'on voulait , surtout pour une fille . Il reste toujours quelques regrets..
    Bonne journée

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  7. Ce film est magnifique. Je devais avoir 16 ans quand je l'ai vu. La fessée, la dernière à 19 ou 20 ans aussi. Comme toi pas reçue souvent. Bises

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