L'idée me vient de recommencer une série abécédaire. Je n'avais pas trop envie de le faire tant l'Histoire en marche, avec le franchissement du pont du pire un jeudi 24 février, m'anéantit.
Pourquoi aujourd'hui ? parce que je me suis réveillée aux aurores avec la radio qui m'apprenait ou me rappelait qu'aujourd'hui et depuis 2013, ce jour du 20 mars a été choisie comme
La journée internationale du bonheur et du bien-être
que plus personne n'ose dire "mondiale", ni en énoncer le titre entier.
Passé à la trappe le bien-être. Passé à la trappe l'idée d'un bonheur mondial, l'idée d'Une Idée monde.
Mais qu'est-ce que le bonheur ? et s'il est un objectif inatteignable, comme le disait de René Char pour un autre mot L'impossible", comment tendre à l'approcher ?
"La recherche du bonheur est un objectif fondamental, que l'Assemblée générale des Nations Unies a reconnu dans sa résolution 66/281 du 12 juillet 2012 en appelant à « une croissance économique dans une optique plus large, plus équitable et plus équilibrée, qui favorise le développement durable, l’élimination de la pauvreté, ainsi que le bonheur et le bien-être de tous les peuples »."
Ce fut l'énoncé d'un sujet de français qui marqua au collège le passage brutal de la narration à la rédaction organisée d'une réflexion.
Je me souviens que mon frère étudiant à l'époque s'était étonné d'un sujet aussi perché pour des adolescents de 12 ou 13 ans. Je me souviens qu'il avait essayé de favoriser ma réflexion.
je me souviens aussi que j'en avais produit une rédaction (pas encore une dissertation) axée sur le matériel.
Je ne me souviens plus de la note obtenue mais de la substance de l'annotation qui l'accompagnait :
du genre le bonheur ne se résume pas à la richesse matérielle.
Pour autant, c'était une petite musique insidieuse qui se murmurait à l'oreille des futurs consommateurs à travers le commerce et la publicité et jusque dans les têtes des petites filles avec son "Moulinex libère la femme". Et puis cela fait longtemps et à l'autre bout du monde aussi que cette imagerie fait son chemin dans nos cerveaux.
Cette petite musique, cette imagerie a largement colonisé nos imaginaires comme en atteste les termes de la résolution 66/281 du 12 juillet 2012 de l'Assemblée générale des Nations Unies en dépit du Sommet de la terre de 1992, du Protocole de Kyoto de 1997, de la Conférence de Copenhague de 2009, si décevante, de la Conférence de Lima de 2014 et des Accords de Paris de 2015, source d'espoir vite douché par les renoncements des dirigeants des Etats signataires.
Kuniyoshi Utagawa, The seven goods of good fortune Les sept divinités de la bonne fortune (bonne fortune abusivement assimilée bonheur) |
Certes. Je me sentais alors douée pour le bonheur. C'est d'ailleurs la première phrase d'un roman que je n'ai jamais continué. Mes parents avaient surmonté des malheurs et ils avaient su me transmettre ce goût. Une chance que n'ont pas eu mes ainés. A treize ans, je n'avais pas de matière ni de mots à poser dessus quand je n'avais encore rien vécu d'autre.
J'ai écrit plus haut "m'apprenait". J'aurais dû écrire "rappelait" puisque je signale cette journée dans mon éphéméride du jour : éphéméride du dimanche 20 mars 2022 | La blog heure de Jeanne Fadosi
Pendant que je rédige ce billet (dimanche 20 mars, jour du printemps 2022, depuis 10h14) sans trop hésiter et revenir sur les mots tapés au clavier directement dans mon espace de rédaction de blog, vient de s'afficher, comme un rappel au printemps, la notification d'un article de RFI (Radio France International), petite bulle de bonheur dans cette actualité sinistre, que je m'empresse de partager
Norouz, la fête du printemps perse, un mystère anthropologique (rfi.fr)
Norouz, le Nouvel an persan, une fête célébrée depuis plusieurs milliers d'années pour marquer le renouveau
J'ai ouvert mon ordi avec l'intention de chercher dans mon blog les billets où était écrit le mot BONHEUR.
Fadosi continue: Résultats de recherche pour bonheur
avec l'intention de rééditer un billet parmi ceux qui me sembleraient les plus pertinents pour le moment présent. Mais il y en a trois pages et presque soixante articles, entre textes personnels et poèmes ou citations choisis.
Et l'impossibilité de les passer à la trappe. Alors me voici à 11h40 et la contrainte basique de mettre mon poisson à cuire si je veux ne pas déjeuner à une heure indue. Je me suis fait un petit plaisir hier en achetant le quart d'une aile de raie au poissonnier qui vient le samedi directement de la criée de Dieppe.
Et des épinards frais à l'étal de la maraîchère bio.
Difficile de penser qu'à 2000 kilomètres, des humains sont privés de tout. Que pensent-ils du bonheur ? Que ressentent-ils du bonheur de vivre ?
Le bonheur ne se réduit pas à la richesse, certes, mais résiste-t-il à la perte de tout ?
Au moment où l'on s'efforce de commémorer, (d'en rappeler la mémoire) les accords d'Evian du 18 mars 1962 et du cessez-le-feu du 19 mars 1962 qui mit longtemps à être respecté pour mettre fin à la Guerre d'Algérie (que j'ai toujours entendu désigner ainsi en dépit du discours officiel) je vais quand même rééditer les vœux de Jacques Brel à La Bastille pour 1953 :
RTB Vœux Jacques Brel . - YouTube
"Je ne sais jamais quoi souhaiter d'ailleurs personne ne sait quoi souhaiter; je crois qu'il y a une chose essentielle, moi je, c'est mon vieux côté boy-scout comme disent les gens, j'aime pas la guerre alors je voudrais vraiment qu'il y ait la paix. Moi je la souhaite, pour tout le monde. C'est tout bête hein.Puis je crois qu'c'est la seule chose ... on puisse rien y faire parce que si on est heureux ou malheureux ça dépend quand même beaucoup de nous. On nous apprend jamais ça à l'école mais, on fabrique quand même un peu son bonheur ou son malheur.Tandis que la guerre ça dépend d'une série de cornichons, nous sommes impuissants, alors Je voudrais que ces cornichons soient gentils c'te année qu'on ait la paix encore."Les vœux de Jacques Brel ." Aucun rêve ne mérite une guerre "La Bastille 1953
Le bonheur, un mot en or de nos jours... merci Jeanne, bises
RépondreSupprimerMerci Jeanne pour cet abécédaire fort intéressant. Bon début de semaine. Bises♥
RépondreSupprimerBrel avait raison: aucun rêve ne vaut une guerre. Hélas, certains ne pensent pas comme lui. C'est un drôle de printemps que vit le monde de notre hémisphère.
RépondreSupprimerBonne semaine
Fanfan a exprimé ce que je ressens...
SupprimerTu pose une question que je me pose aussi...
"Le bonheur ne se réduit pas à la richesse, certes, mais résiste-t-il à la perte de tout ?"
Je n'ai pas de réponse. Je crois qu'il faut être enfant pour être heureux malgré tout.