Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

lundi 10 janvier 2022

La garçonnière

 Pour la page 189 de  l'Herbier de poésies   sur une image d'Adamante  

La garçonnière

C'était une porte pleine. Donnant sur le vide au-dessus de la cave à cidre. L'oncle y accédait par une échelle solide en fer qui pesait assez lourd à soulever pour décourager la curiosité des enfants. Quand bien même auraient-ils réussi à la hisser, ils n'en avaient pas la clé.


Objet d'hypothèses
farfelues et inquiétantes
la porte mystère.

Quand l'enfant demandait pourquoi la tante n'y allait jamais, elle répondait simplement : c'est la garçonnière. L'oncle y allait quelquefois, y entreposait ses cannes à pêche et en descendait de vieux journaux des années 30 qui finissaient leur vie de papier dans le cabinet du jardin.

La curiosité

y conduisait les enfants.
Autre porte lecture.

La garçonnière n'évoquait à la fillette que le mot garçon. La tante avait fini par lui apprendre que c'est à cette échelle, alors en bois, qu'elle était passée au travers d'un barreau vermoulu. De conversation en conversation, elle lui avait appris son accident, la perte d'un rein, son infertilité. Un jour, après la question naïve et cruelle : dis tante, pourquoi tu n'as pas eu d'enfants ?


Porte meurtrière
avait ôté des promesses
et brisé une vie.

Jamais elle ne lui dit cependant si ce terrible événement avait eu lieu avant ou après son mariage. Dans ses lectures en cachette, l'enfant grandissant avait fini par associer garçonnière à lieu de rendez-vous. Elle avait observé son oncle, entendu les rumeurs. On disait même que les deux derniers enfants de la bonne lui ressemblaient plus qu'au mari.


Porte cachotière
aurait protégé le nid
d'amours adultères ?

La tante malade, l'oncle sénile, l'adolescente accéda à la garçonnière. Elle ouvrait sur une grande pièce sans jour autre que celui filtrant entre les ardoises. Quelques lits de plume, des édredons, alignés sur un plancher brut et bien poncé. La garçonnière était la chambrée des journaliers du temps de la prospérité de l'entreprise de maçonnerie de l'oncle. Au fond, caché par des sacs de jute, un vieux poste émetteur-récepteur et un parachute.


Porte hospitalière
abrita au temps de guerre
l'aviateur tombé.
©Jeanne Fadosi, dimanche 9 janvier 2022
à découvrir bientôt
avec les autres brins sur la page 189 de l'Herbier


Et pour répondre au commentaire de Fabrice sur mon billet précédent, oui quelquefois il y a des guerres qu'il a fallu faire.

"La guerre... Vaste sujet ! Personne n'aime ça, pas même ceux qui la font. [...] Après, il y a eu des guerres qui ont été nécessaires (mais là c'est une autre histoire) [...] On aimerait tous tellement que la paix soit là. ..."                                     


Johnny Hallyday - Le chant des partisans (+ Paroles)

6 commentaires:

  1. Belle histoire Jeanne à partir de cette photo, amitiés, JB

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  2. Cette semaine encore, j'ai beaucoup aimé les textes des brins... Combien de mystères et d'histoires peuvent se cacher derrière une simple porte de grenier ?
    Bonne semaine, j'ai pris la barre des croqueurs.

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  3. Une histoire comme je les aime Jeanne, merci !
    Bises et bon début de semaine - Zaza

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  4. Bonjour Jeanne,

    merci pour ta visite chez moi. J'ai ainsi le lien pour te commenter sous ta page.
    Ton histoire lue chez l'Herbier ce matin de bonne heure, m'avait touchée. Du sourire avec la garçonnière et ce qu'elle sous entend. Et de l'émotion avec l'accident de la tante et l'aviateur caché lors de la dernière guerre.
    Beau texte Jeanne
    :)

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  5. Une bien belle histoire de cette garçonnière qui a suscité bien des questions, caché plein de mystères et surtout a permis de sauver un homme dans le plus grand secret!
    Merci Jeanne

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  6. Un si beau chant, avec notre Johnny et sa belle voix mais je l'aimais beaucoup aussi par Yves Montand, si prenant et puis ce grenier qui cache tant d'histoires, si émouvantes ! Merci Jeanne

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