La garçonnière
Objet d'hypothèsesfarfelues et inquiétantesla porte mystère.
Quand l'enfant demandait pourquoi la tante n'y allait jamais, elle répondait simplement : c'est la garçonnière. L'oncle y allait quelquefois, y entreposait ses cannes à pêche et en descendait de vieux journaux des années 30 qui finissaient leur vie de papier dans le cabinet du jardin.
La curiosité
y conduisait les enfants.Autre porte lecture.
La garçonnière n'évoquait à la fillette que le mot garçon. La tante avait fini par lui apprendre que c'est à cette échelle, alors en bois, qu'elle était passée au travers d'un barreau vermoulu. De conversation en conversation, elle lui avait appris son accident, la perte d'un rein, son infertilité. Un jour, après la question naïve et cruelle : dis tante, pourquoi tu n'as pas eu d'enfants ?
Porte meurtrièreavait ôté des promesseset brisé une vie.
Jamais elle ne lui dit cependant si ce terrible événement avait eu lieu avant ou après son mariage. Dans ses lectures en cachette, l'enfant grandissant avait fini par associer garçonnière à lieu de rendez-vous. Elle avait observé son oncle, entendu les rumeurs. On disait même que les deux derniers enfants de la bonne lui ressemblaient plus qu'au mari.
Porte cachotièreaurait protégé le nidd'amours adultères ?
La tante malade, l'oncle sénile, l'adolescente accéda à la garçonnière. Elle ouvrait sur une grande pièce sans jour autre que celui filtrant entre les ardoises. Quelques lits de plume, des édredons, alignés sur un plancher brut et bien poncé. La garçonnière était la chambrée des journaliers du temps de la prospérité de l'entreprise de maçonnerie de l'oncle. Au fond, caché par des sacs de jute, un vieux poste émetteur-récepteur et un parachute.
Porte hospitalièreabrita au temps de guerrel'aviateur tombé.
Et pour répondre au commentaire de Fabrice sur mon billet précédent, oui quelquefois il y a des guerres qu'il a fallu faire.
"La guerre... Vaste sujet ! Personne n'aime ça, pas même ceux qui la font. [...] Après, il y a eu des guerres qui ont été nécessaires (mais là c'est une autre histoire) [...] On aimerait tous tellement que la paix soit là. ..."
Belle histoire Jeanne à partir de cette photo, amitiés, JB
RépondreSupprimerCette semaine encore, j'ai beaucoup aimé les textes des brins... Combien de mystères et d'histoires peuvent se cacher derrière une simple porte de grenier ?
RépondreSupprimerBonne semaine, j'ai pris la barre des croqueurs.
Une histoire comme je les aime Jeanne, merci !
RépondreSupprimerBises et bon début de semaine - Zaza
Bonjour Jeanne,
RépondreSupprimermerci pour ta visite chez moi. J'ai ainsi le lien pour te commenter sous ta page.
Ton histoire lue chez l'Herbier ce matin de bonne heure, m'avait touchée. Du sourire avec la garçonnière et ce qu'elle sous entend. Et de l'émotion avec l'accident de la tante et l'aviateur caché lors de la dernière guerre.
Beau texte Jeanne
:)
Une bien belle histoire de cette garçonnière qui a suscité bien des questions, caché plein de mystères et surtout a permis de sauver un homme dans le plus grand secret!
RépondreSupprimerMerci Jeanne
Un si beau chant, avec notre Johnny et sa belle voix mais je l'aimais beaucoup aussi par Yves Montand, si prenant et puis ce grenier qui cache tant d'histoires, si émouvantes ! Merci Jeanne
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