Le grand Bruant, celui des affiches de Toulouse Lautrec et du Lapin agile a aussi écrit et déclamé des monologues qui sont de mon point de vue le slam d'avant la lettre.
Bonne année
Moi, ça m'emmerde l'jour de l'an
C'est des giri's, c'est des magnières
On dirait qu'on est des rosières
Qui va embrasser sa maman
C'en est des fricassé's d'museau :
Du p'tit môme à la trisaïeule
Les gén'rations s'lich'nt la gueule
En d'dans ça s'dit : crèv' donc, chameau !
Su' l'boul'vard on n'est pus chez soi
Y'a cor' pus d'mond' que les dimanches
Autour d'un tas d'baraqu' en planches
Des magnièr's de nich' ousqu'on voit :
Des poupé's, des sing's, des marrons
Glacés, des questions nouvelles
Des dragé's, des polichinelles
J'te vas en fout', moi, des bonbons !
Tas d'prop' à rien, tas d'saligauds
Avec vos môm', avec vos grues
Vous m'barrez l'trottoir et les rues
J'peux pus ramasser mes mégots
C'est qu'il a du mal, el'trottoir
Pour caler les jou' à son monde
J'peux pas compter su' ma gironde
On me l'a ramassé' l'aut' soir.
Et faudrait qu'j'ay' el'coeur content ?
Ah ! nom de Dieu ! c'est rien de l'dire
J'étais ben pus chouett' sous l'empire
Aristide Bruant, Monologue, 1900
Aristide Bruant, 1851 - 1925, chansonnier et écrivain français, l'un des créateurs de la chanson réaliste
slam, poésie urbaine déclamée dans la rue ou dans des vidéos sur le web, tournois de performance de poésie
A défaut de l'entendre par Marc Ogeret comme je l'ai entendu sur FranceInter dans mon demi-sommeil du matin, si vous avez du temps ou au moins le temps d'écouter le premier slameur Poison d'avril (4 min):
Finale Slam 2013 - Partie 1 (1h10)
petit bonus de dernière heure : Guillaume Meurisse, rencontre avec un SDF
En voilà un qui ne mâche pas ses mots sur le jour de l'an !!! Ca me fait penser à un clodo chez qui on est "entré", envahissant son lieu de vie, sa tranquillité, merci Jeanne, bises
RépondreSupprimerUn peu gênée par le patois. J'ai du relire 2 fois mais j'aime le regard de ce SDF sur le jour de l'an des nantis. Merci de la découverte.
RépondreSupprimerj'ai hésité à en écrire la "traduction" le temps m'a manqué.
SupprimerC'est vrai que je suis plutôt soulagée de ne plus être au boulot, où l'on passait un mois à se la souhaiter, la bonne année !
RépondreSupprimerAujourd'hui, je peux choisir, vraiment, ceux à qui je veux dire sincèement "Bonne année".
BONNE ANNEE, Jeanne.
Au fait, j'adore ton éphéméride.
Je t'embrasse,
eMmA
Très beau texte de Bruant, j'ai adoré le relire. Merci Jeanne.
RépondreSupprimerBises et bon jeudi
Une découverte qui reste d'actualité malheureusement !
RépondreSupprimerje me souviens de "ces fricassées de museaux"... bravo Jeanne
RépondreSupprimerJe le connaissais déjà mais j'ai adoré le relire...
RépondreSupprimerMerci, Jeanne.
Bisous et douce journée.
très bien choisi!!!
RépondreSupprimer'apprécie beaucoup
Effectivement, c'est du slam avant l'heure avec la truculence d'Aristide Bruant. Je vais essayer de trouver cette lecture.Un bon choix.
RépondreSupprimerBonne journée
Un texte très contemporain et renseigne autant sur le mal-être de nos sociétés actuelles que de celles du début du siècle dernier, hélas!
RépondreSupprimerje comprends très bien ce point de vue...qui aurait envie de souhaiter une mauvaise année à ceux qu'on n'aime pas?et souhaiter une bonne année mais ne pas regarder le SDF qui attend une pièce dans le froid, c'est ....écoeurant....et comme tant qu'on est vivants les années se suivent, souhaiter une bonne année, je le fais par la force de la coutume ou j'oublie c'est selon ; pour moi çà ne veut pas dire grand chose bien souvent....
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