Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune

145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015, 123 en 2016, encore 123 en 2017, 121 en 2018 ? 101 femmes depuis le 1e janvier 2019 en France (2 septembre 2019) , soit une femme tous les deux jours ! accélération ou meilleure visibilité ?

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

vendredi 17 mars 2023

Jardin secret

 pour  Le nid des mots de abécé, thème de mars :  

Prochain thème à publier le vendredi 17 mars 2023 sur votre blog :

 4 papiers tirés du pot : animal, livre, silence , enfant . Faites un beau festin de ces 4 mots

Le nid des mots de abécé
Réédition légèrement modifiée d'un haïbun écrit pour la page 100 de l'Herbier de poésies

C'était son refuge,
l'avant-goût du paradis,
son jardin secret.
On disait d'elle que c'était une enfant solitaire. Timide et solitaire. Au grand désespoir de sa maman, la cheville ouvrière qui transformait leur maison en une ruche conviviale. Qu'elle aimait se faire discrétion et silence pour mieux écouter et observer la petite fenêtre vers le monde !
Ici point de rendez-vous, 
l'improviste était la loi.
Seuls les tempos marquaient leurs différences, les copains de son grand frère et de sa grande sœur le jeudi ou après les cours, les clientes de sa maman couturière dans l'après-midi,, les ouvriers de son papa à l'heure du café ou après un dépannage difficile.
Elle disparaissait
sous la table en merisier
vers sa solitude.
C'était une maison accueillante, dans une époque révolue où chacun y était le bienvenu. Elle bruissait des discussions de grandes personnes et souvent la petite Jeanne ne perdait pas une miette de ces mots qui entrouvraient les portes d'un monde plein d'énigmes et de tracas, un peu trop effrayant pour qu'elle ait hâte de le rejoindre. C'est vrai qu'elle allait peu vers les enfants de son âge, bien trop immatures. Même ceux de la génération de son grand frère n'en finissaient pas de quitter l'âge bête.
Elle dégustait ces instants
qui lui étaient friandises.
Discrète, les adultes l'oubliaient auprès de son grand cerisier qu'elle avait ressuscité par la magie de l'imagination. Ce pourvoyeur de cerises juteuses et charnues tombé après l'été au champ d'honneur de la modernité pour faire place à une horrible bâtisse. Dessous, les herbes et les fleurs y poussaient en abondance et bientôt elle n'entendait plus que le murmure du vent dans les feuilles, le chant des oiseaux et le bourdonnement des abeilles qui lui faisaient un peu peur.
Loin de tout ennui,
elle serait restée des heures
dans ces parenthèses,
en compagnie des personnages de tant de livres aimés à qui elle inventait les coulisses de leurs vies de papier. Un jour d'alchimie plus intense, elle savait qu'elle pourrait même devenir lilliputienne pour être à hauteur de scarabée ou de coccinelle. Ses récréations ne duraient pas. Une voix douce bientôt l'en délogeait
Et l'heure d'un dîner
arrivant toujours trop tôt
dans son paradis

feraient taire ses rêveries :
Au revoir peuples des herbes.
©Jeanne Fadosi, jeudi 15 février 2018
réédité pour le nid des mots de mars 2023

3 commentaires:

  1. Pour faire place à une horrible bâtisse... mais la mémoire du coeur n'a rien oublié... merci Jeanne, bises

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  2. Merci pour ce beau texte, souvenirs d'enfance, je m'y retrouve parfaitement bien !!!

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  3. Comme il est BEAU, ce texte, Jeanne !!! J'♥ beaucoup !!! Bonne soirée. Bises♥

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