À partir de cette citation :
« Le train quotidien va bientôt dérailler, qui veut rester dedans n’a qu’a bien s’accrocher. »
Robert de Houx (acteur belge, 1926 - 2008)
Quant aux jeudis poésie des 5 et 12 décembre,
– Le courage
– La peur
dans l’ordre que vous souhaitez ou libre bien entendu ;
Alors le courage, après la peur, pour la conjurer et se donner ce courage qui s'effrite tant devant l'avancée de la bête immonde et des temps sombres qui se préparent ...
parce que je connais d'autres poèmes sur le courage, mais je reviens toujours à celui-là
Ballade de celui qui chanta dans les supplices
Et s’il était à refaire,
Je referais ce chemin
Une voix monte des fers
Et parle des lendemains.
On dit que dans sa cellule
Deux hommes, cette nuit-là,
Lui murmuraient : « Capitule,
De cette vie es-tu las ?
«Tu peux vivre, tu peux vivre,
Tu peux vivre comme nous ;
Dis le mot qui te délivre,
Et tu peux vivre, à genoux. »
Et s’il était à refaire,
Je referais ce chemin.
Ta voix qui monte des fers
Parle pour les lendemains.
Rien qu’un mot, la porte cède,
S’ouvre, et tu sors. Rien qu’un mot,
Le bourreau se dépossède ;
Sésame, finis tes maux !
Rien qu’un mot, rien qu’un mensonge
Pour transformer ton destin :
Songe, songe, songe, songe
A la douceur des matins. »
Et si c’était à refaire,
Je referais ce chemin.
La voix qui monte des fers
Parle aux hommes de demain.
J’ai tout dit ce qu’on peut dire :
L’exemple du roi Henri ;
Un cheval pour mon empire ;
Une messe pour Paris.
Rien à faire ! Alors qu’il parte,
Sur lui retombe son sang !
C’était son unique carte,
Périsse cet innocent.
Et si c’était à refaire,
Referait-il ce chemin ?
La voix qui monte des fers
Dit : « Je le ferai demain. »
Je meurs et France demeure
Mon amour et mon refus.
Ô mes amis, si je meurs,
Vous saurez pourquoi ce fut !
Ils sont venus pour le prendre,
Ils parlent en allemand ;
L’un traduit : « Veux-tu te rendre ? »
Il répète calmement :
Et si c’était à refaire,
Je referais ce chemin.
Sous vos coups chargés de fers,
Que chantent les lendemains !
Il chantait, lui, sous les balles,
Des mots « sanglant est levé ».
D’une seconde rafale
Il a fallu l’achever ;
Une autre chanson française
A ses lèvres est montée,
Finissant la Marseillaise,
Pour toute l’humanité.
Louis Aragon, Paris, 14 juillet 1943
Louis Aragon, 1897 - 1982, poète, romancier et journaliste français
Un excellent choix de poème, en effet, Jeanne ! Merci beaucoup à toi et bon jeundi ! Bises♥
RépondreSupprimerJ'ai été très heureuse de relire ce poème d'Aragon que j'aime beaucoup. Merci et bisous.
RépondreSupprimerLe courage de mourir sans mot dire... quand les lâches... merci Jeanne, bises
RépondreSupprimerSuperbe poème d'Aragon , merci beaucoup de l'avoir choisi pour ce thème
RépondreSupprimerBonne soirée
Bises
Superbe tout autant que l'illustration. Merci Jeanne.
RépondreSupprimerBisous.
C'est l'un des poèmes d'Aragon qui sont dans mon anthologie personnelle... mais je ne l'ai pas si bien illustré. :)
RépondreSupprimerMerci pour cette page, Jeanne.
Bises et douce journée.