Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune

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(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

jeudi 10 mai 2018

Les Djinns, de Victor Hugo

Jazzy à la barre du défi n°205 des CROQUEURS DE MOTS nous emmène dans le futur de créatures étranges et pour ce premier jeudi poésies nous propose comme thème le fantastique ou thème libre.
L'occasion de montrer la grande liberté stylistique du jeune Victor Hugo (il n'a dans les 25-28 ans) quand sa plume suit le Djinns dans la nuit.
pour écouter le poème Clic --->

Les Djinns

E corne i gru van cantando lor lai
       Facendo in aer di se lunga riga,
      Cosi vid’ io venir traendo guai
      Ombre portate dalla detta briga.
Dante.

Et comme les grues qui font dans l’air de longues files
vont chantant leur plainte, ainsi je vis venir  traînant des 
          gémissements les ombres emportées par cette tempête.

          Murs, ville,
    Et port,
Asile
      De mort,
       Mer grise
     Où brise
     La brise,
      Tout dort.

      Dans la plaine
    Naît un bruit.
     C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
         Comme une âme
      Qu'une flamme
     Toujours suit !

     La voix plus haute
     Semble un grelot.
       D'un nain qui saute
C'est le galop.
  Il fuit, s'élance,
   Puis en cadence
     Sur un pied danse
   Au bout d'un flot.

    La rumeur approche.
L'écho la redit.
      C'est comme la cloche
     D'un couvent maudit ;
           Comme un bruit de foule,
       Qui tonne et qui roule,
  Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,

   Dieu ! la voix sépulcrale
                  Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
   Déjà s'éteint ma lampe,
   Et l'ombre de la rampe,
      Qui le long du mur rampe,
  Monte jusqu'au plafond.

            C' est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
   Les ifs, que leur vol fracasse,
       Craquent comme un pin brûlant.
      Leur troupeau, lourd et rapide,
    Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
       Qui porte un éclair au flanc.

             Ils sont tout près ! - Tenons fermée
           Cette salle, où nous les narguons.
            Quel bruit dehors ! Hideuse armée
   De vampires et de dragons !
  La poutre du toit descellée
            Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
         Tremble, à déraciner ses gonds !

               Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
       L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
              Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
    Le mur fléchit sous le noir bataillon.
     La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
   Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
     Le vent la roule avec leur tourbillon !

  Prophète ! si ta main me sauve
   De ces impurs démons des soirs,
     J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
 Meure leur souffle d'étincelles,
     Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
      Grince et crie à ces vitraux noirs !

        Ils sont passés ! - Leur cohorte
        S'envole, et fuit, et leurs pieds
   Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
               L'air est plein d'un bruit de chaînes,
    Et dans les forêts prochaines
              Frissonnent tous les grands chênes,
 Sous leur vol de feu pliés !

        De leurs ailes lointaines
      Le battement décroît,
            Si confus dans les plaines,
        Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
       Crier d'une voix grêle,
   Ou pétiller la grêle
                 Sur le plomb d'un vieux toit.

    D'étranges syllabes
        Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
    Quand sonne le cor,
       Un chant sur la grève
     Par instants s'élève,
     Et l'enfant qui rêve
     Fait des rêves d'or.

         Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
     Dans les ténèbres
       Pressent leurs pas ;
          Leur essaim gronde :
  Ainsi, profonde,
      Murmure une onde
     Qu'on ne voit pas.

      Ce bruit vague
   Qui s'endort,
     C'est la vague
   Sur le bord ;
        C'est la plainte,
          Presque éteinte,
   D'une sainte
      Pour un mort.

   On doute
    La nuit...
      J'écoute : -
    Tout fuit,
     Tout passe
   L'espace
Efface
    Le bruit.

Victor HUGO, 28 août 1828
Les orientales,  première édition 1829

Victor HUGO, 1802 - 1885, poète, dramaturge, prosateur et dessinateur français. Rattaché au romantisme, c'est l'un des écrivains les plus importants en langue française

dessin de Victor Hugo ? à confirmer ou infirmer
Quelques pas de côté :
Je venais de mettre en ligne ce poème de Victor Hugo, quand j'ai découvert l'image de la semaine pour l'Herbier et avant d'en lire les explications, je me suis dit qu'elle aurait pu illustrer le poème ...

8 commentaires:

  1. Excellent choix, Jeanne ! J'ai aussi publié du Victor Hugo mais, pas le même poème ! Bon jeudi ! Bises♥

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  2. je l'ai lu mais il y à si longtemps : heureuse de le relire. Merci.

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  3. Excellent choix Jeanne, Victor Hugo avec ces Djinns nous plonge vraiment dans un monde fantastique , j'aime beaucoup en plus la structure du poème
    Bonne journée
    Bisous

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  4. Tu as choisi un très beau poème Jeanne... Merci.
    Bises et von jeudi de l'Ascension

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  5. Un grand parmi les grands, sont poème est très évocateur.

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  6. toujours ce grand Victor Hugo toujours aussi génial ; ma chienne s'appelle Djinnie car petite, c'était un vrai djinn .. bonne soirée et bises.

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  7. C'est vrai qu'elle aurait pu...
    C'est un poème que j'ai aimé, que j'aime encore.
    Du Victor Hugo étonnant.
    Bisous et douce journée.

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