Texte extrait d'un billet écrit en 2011, le dernier paragraphe remplace la suite du billet et me permet d'y insérer le mot clé de la semaine.
Miroirs ...
J'ai longtemps eu un grand miroir dans mon entrée, l'un de ceux à encadrement de plâtre armé et moulé d'une multitude de motifs dorés, pour les plus anciens, à la feuille. J'étais la seule de la famille à pouvoir "l'héberger" grâce à une belle hauteur sous plafond. Et encore, ce beau miroir, biseauté, à peine tacheté, avait dû descendre de son piédestal car à l'origine il figurait sur une commode ou le dessus d'une cheminée monumentale. C'est du moins ce qui se racontait. Je l'avais à l'époque patiemment nettoyé, restauré lorsque les moulures était abîmées, et redoré.
Je m'en suis séparée lorsque j'ai dû quitter cette maison pour un autre lieu aux dimensions plus communes.
A l'époque où il est entré chez moi, il me ramenait à mon enfance de fille de couturière, où un autre miroir en pied, à l'encadrement beaucoup plus sobre, occupait un mur de la pièce à vivre (on ne disait pas encore salle de séjour, encore moins séjour) et servait principalement aux essayages.
Il me rappelait aussi, en réduction, celui accroché entre porte et fenêtre en face de la table ronde, chez l'une de mes tantes qui, par tradition familiale plus que par superstition, continua longtemps à le couvrir d'un torchon blanc, au moins lorsque nous étions à table, le midi, parce que les enfants s'y regardaient trop, le soir surtout car l'électricité avait juste remplacé les chandelles.
Quand je ramenais ma fraise avec mes pourquoi, taquinerie déclenchant immanquablement un énième récit de la légende de Narcisse, j'essayais d'imaginer l'étang bordé de ces fleurs aussi belles que capiteuses. Il me semblait bien n'en avoir jamais vu en ces endroits humides voués aux roseaux-quenouilles et aux nénuphars.
Jeanne Fadosi, ,extrait réédité pour l'image 24-2016 de miletune,,
écrit pour le casse-tête de la semaine du 22 avril 2011 Les miroirs
* Les mots lus ne sont jamais tout à fait les mêmes que les mots écrits, y compris quand ils sont relus par leur auteur. Les mots impulsés par une image échappent eux aussi, et c'est tant mieux, à un seul déterminisme bi-univoque. Mais il n'est pas gratuit de lire sans voir l'image, ou en l'ayant vu ou en la voyant. Quel que soit votre choix, découvrir l'image support avant ou après, vous ne pourrez remonter le temps pour comparer les expériences.
Le choix de l'une interdit les autres.
Oui lu sur Mile et Une... Miroir et mannequin font partie des meubles chez une couturière, et je souris à la tante... merci, bises
RépondreSupprimerCe qui est très curieux que dans mes deux maisons, j'ai plein de miroirs, j'aime les miroirs mais je déteste m'y regarder.... Bon week-end.
RépondreSupprimerCoucou Jeanne,
RépondreSupprimerSuperbe récit souvenir et beau défi, BRAVO !
Bises et bon samedi. ZAZA
Très, très jolie page emplie d'espiègle nostalgie.
RépondreSupprimerMa soeur, couturière a toujours eu un faible pour les miroirs, même bien avant qu'elle ne le devienne.
Chez nous, on disait "salle à manger"...
Belle fin de semaine,
eMmA