Les jeudis poésies vous verrons choisir dans votre poémeraie les vers que vous préférez. Vous pourrez les partager jeudi 12 mai et jeudi 19 maiJe ne reviendrai pas sur mon absence de "vers préférés", mais j'ai trois raisons de vous proposer celui-ci de Paul Eluard :
- il fait écho à mon choix précédent, poème inscrit sur un monument aux morts de la paix. On le sait peu, cela ne plait guère, mais il y en eut plus qu'on ne le croit au lendemain de la Grande Guerre ;
- il nomme Gabriel Péri, lâchement arrêté par la police française et fusillé en décembre 1941 par la Gestapo allemande au Mont Valérien. Je sais, Capitaine Durgalola, l'Histoire n'a pas retenu de lui le poète, mais je suis sûre qu'il l'était aussi.
- Ce poème fait assurément partie de mes vers préférés, même s'il y en a beaucoup d'autres, évoquant notre univers familier et nos intimes ; en lien avec l'intemporel comme avec notre époque à la dérive.
« Gabriel Péri »
Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli
Car tout ce qu’il voulait
Nous le voulions aussi
Nous le voulons aujourd’hui
Que le bonheur soit la lumière
Au fond des yeux au fond du cœur
Et la justice sur la terre
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d’amies
Ajoutons-y Péri
Péri est mort pour ce qui nous fait vivre
Tutoyons-le sa poitrine est trouée
Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux
Tutoyons-nous son espoir est vivant.
Paul Éluard, Au rendez-vous allemand, Paris, 1944
Paul Eluard, poète français, 1895 - 1952
Gabriel Péri, journaliste et homme politique français, 1902 - 1941, mort fusillé comme otage par les nazis au mot Valérien le 15 décembre 1941
Et peut-être en contre-point, cette tribune dans Rue89 de Bénédicte Desforges, ex-flic et auteur, qui, pour dater de 2010, fait écho à l'actualité et devrait être lu attentivement par toutes les parties prenantes :
Ce ne me dit ce nom Jeanne... mais sa fin tragique ne laisse pas de marbre, merci... bises
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas ce beau poème. Merci beaucoup Jeanne de l'avoir partagé. Il m'a beaucoup touchée. Beau jeudi.
RépondreSupprimerPas facile de commenter un tel poème ni un tel billet... Il est superbe et émouvant...
RépondreSupprimeravec le sourire
Coucou Jeanne,
RépondreSupprimerMagnifique ce poème.
Il devrait être diffusé en masse, comme "Ballade de celui qui chanta dans les supplices" d'Aragon.
Un période de notre histoire que beaucoup malheureusement ont oublié ou ne connaisse pas.
Comme me le disait mon père, parti rejoindre De Gaulle en avril 1943, "Heureusement que certains français se sont rebellés en perdant la vie pour certains. Autrement vous parleriez allemand !"
Merci Jeanne pour ce moment de poésie.
Bises et bon jeudi. ZAZA
et bien le nom, oui, bien sûr!!!!!enfant et ado j'ai vécu dans des villes communistes et il y avait des boulevards gabriel Péri, ou des salles Gabriel Péri, tout à coup ton article refait surgir ce nom et ces endroit d'une vie d'avant mais je n'aurais pu affirmer qui il était....alors merci beaucoup d e nous le ressusciter à travers ces vers de force et de mémoire....
RépondreSupprimerJe découvre Jeanne ! C'est super ! Excellent choix : Bravo ! Bon vendredi tout entier ! Bises♥
RépondreSupprimer