Témoigner,
saluons le courage, même longtemps après, quand le temps a tendu son manteau d'oubli et de réparation, même fragiles, même superficiels. Il en faut du courage pour une telle démarche et il en faut du tempérament pour le faire clairement, sans se laisser submerger par les émotions.
Parce que 9 femmes sur 10 agressées sexuellement ne portent pas plainte, et même le taisent, à tout le monde.
Parce que les agressions sexuelles et quant bien même "que" sexistes sont inadmissibles, intolérables, insupportables ... de qui elles viennent.
Parce que les agressions sexuelles sont dans la très grande majorité le fait de l'entourage proche ce qui le rend indicible.
En France par exemple, le viol conjugal n'a été reconnu par la jurisprudence qu'en 1990 dans un arrêt de la Cour de cassation. En 1992 un autre arrêt précisera que « la présomption de consentement des époux aux actes sexuels ne vaut que jusqu’à preuve du contraire ». En 1994, les violences commises par un(e) conjoint(e) ou un(e) concubin(e) sont une circonstance aggravante. Il faut attendre une loi du 4 avril 2006 pour que le viol conjugal soit nommé dans la loi. Ce qui, ne nous leurrons pas, même reconnu, reste très difficile à prouver.
La traînée de poudre des plaintes dans le sillage des agressions de Cologne, je ne minimise pas ce qui a pu se passer d'insupportable pour celles qui ont été agressées. Mais je ne peux m'empêcher de considérer certaines récupérations opportunistes et une amplification démesurée et des dénonciations à des fins racistes. Je pense évidemment à "La rumeur d'Orléans*" vers la fin des années 1960, dont Edgar Morin a fait un essai sociologique rigoureux.
Relayer,
c'est ce que je fais, depuis mon modeste blog,
c'est ce que font souvent trop timidement les medias
Enquête sur les viols à Paris par l'ONDRP relayée par Le Parisien du vendredi 22 janvier 2016
c'est ce que je salue quand des séries le plus souvent policières ou des films abordent le sujet (voir La stagiaire saison1 épisode 5, Pas de vagues)
Accompagner,
Je suppose que c'est difficile, mais indispensable, et pas avec ce sentiment de ne pas être pris au sérieux, ou de subir des rhétoriques psychanalysantes inadéquates, ou, même entendue, d'être victimisée et entretenue dans cet état infantile de victime.
Camille Claudel, Femme accroupie |
Réhabilitée un temps grâce au très beau film Camille Claudel en 1988 et à Isabelle Adjani qui l'a incarné elle est de nouveau caricaturée à son rôle de femme fantasque et excessive et son internement abusif minimisé par le prestige de Rodin et de Paul Claudel.
* à cette époque, l'abominable curée contre d'honorables commerçants qui avaient le "tort" d'être juifs était rumeur tellement écœurante, que le phénomène a du coup occulté un autre phénomène, réel celui-là qui était qui est toujours la traite des jeunes femmes vulnérables en vue de leur prostitution après une phase de conditionnement par des méthodes d'annihilation de leurs résistances dont certaines ont tout à voir avec la torture et la réduction à l'esclavage.
Je suis de ton avis sur les agressions de Cologne qui ont été récupérées pour servir la cause des opposants allemands à l'accueil des réfugiés. Je ne dirais pas qu'il y a rumeur mais même s'il y avait parmi les réfugiés un violeur, ce n'est pas la peine de jeter l'anathème sur tous les réfugiés. Hélas il y a plus qu'on peut le penser d'hommes de toutes origines coupable de violence envers leurs épouses et souvent cela s'accompagne parfois aussi de violences et viols envers leurs enfants. Bon week-end Jeanne
RépondreSupprimerQue dire Jeanne, migrant ou pas un viol reste un acte barbare et on imagine la femme qui a subit cet acte... elle est mal très mal !! Merci, jill
RépondreSupprimerOui, aussi difficile que ce soit, témoigner, porter plainte, dénoncer dans tous les cas.
RépondreSupprimerAu nom de la vérité, de l'intégrité, pour sauver sa peau et celle des autres.
Merci pour ton article, Jeanne.
eMmA
Tu as bien raison de parler de ce sujet qui reste encore trop caché et occulté par les médias.Je dis toujours, que si les gens mettaient autant d'ardeur à défendre la condition des femmes(coups, viols, pas de droits) , qu'ils en mettent à défendre l'anti-racisme, je pense que les choses auraient bien avancé .
RépondreSupprimerQuand il s'agit des femmes, ils minimisent toujours et les mentalités sont trop longues à changer .
Témoigner est difficile mais indispensable si l'on veut que ça change.
RépondreSupprimerMerci de le faire, Jeanne.