Alors pourquoi ce choix ? Parce qu'on se situe dans l'en-deça des dictats de certaines religions, Eve, dans sa candeur, est pure dans sa gourmande volupté.
Parce qu'on se situe dans ce très beau poème dans l'à-côté d'un siècle (le XIXe) qui est largement responsable de ce tour de vis moral qui s'est aussi largement trompé de cible et qui a préparé de redoutables retours de balanciers.
Réédition d'un poème que j'avais choisi pour illustrer le mot Femmes, quand je déclinais un alphabet en poésie.
J'avais choisi femme ...
et, selon la légende, Eve, l'originelle ...
Avant le temps présent, et même au temps présent, bien peu de poétesses parviennent aux lecteurs ... et aux écouteurs.
Femme, adulée ou maudite, courtisée ou séduite, muse ou esclave ... au fil d'une quantité infinie de poèmes ... d'hommes.
Ève
À Maurice Isabey2.
Ève au corps ingénu lasse de jeux charmants
Avec les biches rivales et les doux léopards
Goûte à présent le repos extatique,
Sur la riche brocatelle des mousses.
Autour d’elle, le silence de midi
Exalte la pamoison odorante des calices,
Et le jeune soleil baise les feuillées neuves.
Tout est miraculeux dans ce Jardin de Joie:
Les branchages s’étoilent de fruits symboliques
Rouges comme des cœurs et blancs comme des âmes;
Les Roses d’Amour encore inécloses
Dorment au beau Rosier;
Les Lys premiers nés
Balancent leurs fervents encensoirs
Auprès
Des chères coupes des Iris
Où fermente le vin noir des mélancolies;
Et le Lotus auguste rêve aux règnes futurs.
Mais parmi les ramures,
C’est la joie criante des oiseaux;
Bleus comme les flammes vives du Désir,
Roses comme de chastes Caresses
Ornés d’or clair ainsi que des Poèmes
Et vêtus d’ailes sombres comme les Trahisons.
Ève repose,
Et cependant que ses beaux flancs nus,
Ignorants de leurs prodigieuses destinées,
Dorment paisibles et par leurs grâces émerveillent
La tribu docile des antilopes,
Voici descendre des plus hautes branches
Un merveilleux Serpent à la bouche lascive,
Un merveilleux Serpent qu’attire et tente
La douceur magnétique de ces beaux flancs nus,
Et voici que pareil à un bras amoureux,
Il s’enroule autour
De ces beaux flancs nus
Ignorants de leurs prodigieuses destinées.
Marie Krysinska1 , Rythmes pittoresques, 1890
1. Marie Krysinska, 1845 - 1908
Elle a activement contribué au succès du Cabaret le Chat Noir, notamment en accompagnant les poèmes et chansons au piano.
2. Maurice Isabey, architecte auquel Rodolphe Salis a confié la transformation de l'immeuble pour en faire le célèbre Cabaret le Chat Noir3
3. Le chat Noir
Lucas Cranach l'Ancien, Eve (image de wikimedia, Domaine public)
« Toutes les tendances égoïstes qu'on trouve chez les hommes, le culte de soi et le mépris des autres, prennent leur source dans l'organisation actuelle des relations entre les hommes et les femmes. »
John Stuart Mill, L'asservissement des femmes, 1869
A Marilyn Monroe, 1928 - 1962 (5 août), symbole, malgré elle (?), de cet Eternel Féminin
Je ne connaissais pas Marie Krysinska. Un très beau poème sur Eve. Très belle participation au défi tout à fait dans le thème car dans ce poème il y a paresse et envie.... Une deuxième participation avec celle d'hier sur Clarisse. Merci beaucoup. Belle journée Jeanne
RépondreSupprimerTout en volupté et en sensualité!
RépondreSupprimerune découverte pour moi - je ne connaissais pas cette poétesse. Bonne journée
RépondreSupprimerun beau poème que je découvre...
RépondreSupprimerl'illustration de Cranach l'ancien le met particulièrement en valeur
Magnifique participation Jeanne ! Bravo et bon vendredi tout entier ! Amitiés♥
RépondreSupprimerBravo pour ce poème rempli de sensualité, pour une jeune femme qui n'en manquait certainement pas!!!
RépondreSupprimerMerci pour cette belle participation.
Bises Domi"nicales"
très très joli poème bonne journée !
RépondreSupprimerJe ne la connaissais pas... mais j'ai souri en te lisant : c'est vrai que la plupart de ceux qui parlent des femmes sont des hommes. ;)
RépondreSupprimerMerci pour la découverte de ce poème.