J'ai l'habitude de proposer plutôt des textes choisis que les miens pour les jeudi en poésie, c'est pourquoi je réédite ce poème de Max Jacob que j'avais proposé pour le défi n°118 de lénaïg en 2014.
Bon d'accord, il est question d'un crapaud, mais c'est de la même famille que les grenouilles, non ?
L'AMOUR DU PROCHAIN
A Rousselot
Qui a vu le crapaud traverser la rue ?
C’est un tout petit homme : une poupée n’est pas plus minuscule.
Il se traîne sur les genoux : il a honte on dirait,
-Non. Il est rhumatisant, une jambe reste en arrière, il la ramène.
Où va-t-il ainsi ? Il sort de l’égout pauvre clown.
Personne n’a remarqué ce crapaud dans la rue ;
Jadis, personne ne me remarquait dans la rue.
Maintenant, les enfants se moquent de mon étoile jaune.
Heureux crapaud !...Tu n’as pas d’étoile jaune.
Max Jacob (Drancy, 1944)
A la page manuscrite de mon anthologie à la page 45, je n'y avais pas respecté la mise en page du poète et l'ai noté comme un texte en prose. Sans doute était-il publié ainsi, en prose.
Mais j'avais noté en exergue, A Rousselot.
Camp de Drancy, 1941 - 1944, plaque tournante de la déportation depuis la France, notamment des juifs
Terrible période pour qui était juif !!!!! On les aplatissait comme ce crapaud.... merci, bises de JB
RépondreSupprimerLa nuit toutes les grenouilles sont crapauds.... Tu as eu bien raison de rediffuser ce poème que je découvre et dont la fin m'a émue. Je connais pas bien Max Jacob. Beau jeudi.
RépondreSupprimerCes vers sont saisissants, le poète trouve la force de l'autodérision malgré l'horreur.
RépondreSupprimerEn quelques mots, ses images nous révèlent toute la dureté de sa condition d'humain qui souffre.
Le portrait de Modigliani lui redonne vie et couleurs.
Bonne journée,
eMmA
Très poignant !
RépondreSupprimerBonjour Jeanne, merci beaucoup de me rappeler ce poème de Max Jacob, oui, même famille grenouilles et crapauds. Peu importe la présentation comme en prose sur ton Anthologie manuscrite, on y reconnaît le rythme et les mots d'un poème, terrible à lire mais plus encore parce qu'il a été vécu. Bises !
RépondreSupprimerUn superbe poème qui allie l'humour au désespoir.
RépondreSupprimer.
ce parallèle est glaçant....encore plus quand on sait comment il est mort....
RépondreSupprimerEh oui, hélas...
RépondreSupprimerD'accord avec ABC... c'est poignant.
Merci de le publier à nouveau, Jeanne, cela m'a permis de le lire ! Très prenant, ce texte ! Bon vendredi tout entier ! Amitiés♥
RépondreSupprimerOuch ! Merci Fadosi de nous re-publier ce témoignage très émouvant.... L'image du crapaud est très parlante !
RépondreSupprimerJe suis heureuse que cet homme plein d'humour et de talent s'en soit sorti....
Bisous très émus
Bonjour Jeanne. Bel hommage à Max Jacob ! Je ne connaissais pas ce poème que je trouve très émouvant. J'organise aussi des jeux d'écriture (les Café Thé) et j'apprécie ce que tu en dis en bas de ton blog. Bonne journée
RépondreSupprimerQuand on démarre ce poème on pourrait croire à du Queneau mais hélas la fin est bien moins enjolivée !!!
RépondreSupprimerC'est un très bon choix qui rime bien avec l'insolite demandé par Martine.
Bisous et douce nuit.
Domi.