Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

lundi 29 juin 2015

Défi n°148 : L'océan au creux des mains

On l'a rimé, on l'a chanté sur tous les rythmes et tous les tons, à toutes les époques...
C'est l'océan, la mer, le grand bleu...
Choisissez votre océan ou votre mer et rendez-lui hommage...

Telle est la consigne de Enriqueta pour le défi n°148 des CROQUEURS DE MOTS, dernier avant la pause d'été.


Comme il fascinait la toute petite fille que j'étais, ce coquillage sage, large comme les deux mains de l'adulte qui l'approchait avec précaution et mystère de son oreille. Cette rumeur sourde, ce murmure de l'onde venu de l'autre bout du monde, l'imaginait-elle ? Était-ce la mémoire de ces bribes fugaces de souvenirs indicibles d'avant le langage ? La mer. Cette Manche à deux  heures de route, but de dimanches heureux les jours de grande marée ? Dans le creux de l'oreille, le chant de l'onde était le flux et le reflux, le sac et le ressac de l'océan, était l'océan. Là, dans la pénombre feutrée de cette chambre figée dans un passé interdit, la conque immobile avait, quelques minutes plus tôt, arrêté un rai de lumière filtrant par les persiennes. Avait-elle était vivante, cette pièce surannée, cette chambre musée ? Bien sûr la fillette ignorait tout encore de ce que renfermait d'histoire et d'Histoire ce mot de "musée". Peut-être même n'en connaissait-elle encore ni le nom ni le lieu. Elle en percevait la réalité par tous ses pores, par tous ses sens. C'était un moment solennel que d'y accompagner ici sa tante, un instant comme hors du temps. Rien de nostalgique ou de triste dans cet ermitage intérieur. La vie était depuis longtemps en bas. Tout ici disait une autre époque d'aisance et d'élégance.
Les mains de sa tante avaient saisi la conque, l'avaient approchée de son oreille :
- Tiens, écoute ...
La conque contre sa tempe et c'était l'éveil des mers profondes. C'était tous les océans, c'était la berceuse du monde qui gronde.
Le mystère des ondes.
conque de Lambi

12 commentaires:

  1. Très très beau texte. Merci de ce petit moment de bonheur matinal passé à te lire. Belle semaine

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  2. Bonjour Jeanne, ah il suffit d'un coquillage... je me souviens de mes jeunes rencontres avec la Mer du Nord.... on est bien petit en face en face.... merci, bises de JB

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  3. Un très beau souvenir d'enfance ;écouter la mer ou l'océan dans la conque ,on y a toujours cru ..
    bISES

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  4. C'est magique...
    Lorsqu'on voit les coquillages vivants chez Siratus, on se rend compte de beaucoup de choses... et c'est sans doute cette vie-là qu'ils nous murmurent à l'oreille.
    J'adore ton récit.
    Merci, Jeanne. Passe une douce journée.

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  5. Une belle berceuse qui fascine toujours petits et grands, elle est magique !

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  6. Très jolie histoire qui nous rappelle à tous sans doute de beaux souvenirs d'enfance.

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  7. Merci pour ce beau texte empli de poésie !

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  8. un fort beau texte ,Jeanne...l'eau ,céans, est à quelques 20km de chez moi, y retrouver son âme d'enfant,c'est un bonheur renouvelé.Bise caniculaire

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  9. Enfant, cette histoire magique du bruit de la mer dans la coquille nous faisait rêver.... On y croyait dur, car on entendait bien comme le bruit des vagues !
    Dommage qu'on sache ensuite que c'est plutôt le bruit de notre circulation sanguine et que le coquillage fait office de caisse de résonnance...
    Le rêve est cassé !
    Mais tes mots nous ramènent le rêve et c'est beau et bon
    Merci Fadosi

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  10. Belle histoire que tu racontes. Je pense que presque tous les enfants écoutent la mer dans les coquillages, cela se transmet de grand-mère ou de mère à enfant. C'est un moment magique parmi les autres moments de rêve. Bon après midi.... J'ai aussi participé 2 fois au DEFI sur le thème de l'océan grâce à Enriqueta. Je continue ce jeudi.

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  11. Bonsoir Jeanne. Oh, très riche texte poétique au parfum de madeleine de Proust ! Plusieurs étages de langage et de sens ... La conscience déjà en éveil de la petite fille de l'univers à partir de la conque, la chambre sanctuaire de la tante, c'est très beau. Merci beaucoup, bisous.

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  12. Un superbe texte comme une invitation au voyage dans l'infini des mystères de l'océan

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