C'étaient deux rues ordinaires.
L'une, aux masures coïncées entre les immeubles début de siècle, aux façades grises, sans vitrines attrayantes, ballustrades et pigeons ramiers.
L'autre dont j'aimais, allez savoir pourquoi, l'ambiance déjà surranée. Avec l'activité tranquille des ateliers de ses impasses, son bougnat1 où se mêlaient, surtout l'hiver, les odeurs d'encre et de journal, de charbon et de jambon fumé, qui restait ouvert jusqu'à dix heures du soir, même le dimanche. Son salon de coiffure et les effluves de teinture et de shampoing, libérées, surtout l'été, par la porte grande ouverte.
Le choix de l'itinéraire était toujours difficile.
- Quelle station aujourd'hui ?
La côte et l'animation d'un village au travail ? avec en prime la correspondance à Etoile2 mais le spectacle du métro aérien sur Montmartre ?
Ou le désert de la rue dortoir puis le grouillement bruyant du boulevard, et le métro dans le ventre sombre de Paris. Sans compter les quelques deux cents mètres en plus. Ce qui n'était pas rien pour mes jambes de petite fille.
Ma marraine ne m'avait rien dit de ses problèmes cardiaques. Ou bien je l'imaginais sans doute avec candeur telle une bonne fée indestructible. Elle ne prenait pas un gros risque en me questionnant, surtout aux alentours de noël. Elle avait, en dépit de l'attrait du village, une alliée de choix pour éviter la rude montée de la rue Montlouis. Une odeur délicieuse qui me faisait choisir jusqu'au trottoir le plus proche derrière la fabrique. Et même quelquefois rallonger encore la route pour passer devant l'usine, rue Mercoeur.
Plus tard, ma marraine et mon parrain ne prirent plus jamais le métro à Charonne. Malgré la côte pour Philippe-Auguste. J'avais grandi et j'en ai compris les raisons (donnés sobrement, sans trop de détails alors).
Quelques années encore et la chocolaterie est allée s'installer loin de la capitale. Les rues de Belfort et sa parallèle majestueuse la rue Mercoeur sont devenues des rues banales, aux odeurs de ville, mélange de poussière et de circulation urbaine.
Dans la rue Montlouis aussi le bougnat a depuis longtemps fermé boutique et les ateliers de l'époque ont cédé la place à d'autres activités. Seul subsistait, du moins à ma dernière promenade, il y a déjà quelques années, le salon de coiffure, récemment climatisé, gardant pour lui ses vapeurs, et ne les laissant s'échapper qu'avec parcimonie lors de l'entrée ou de la sortie d'une cliente.
Jeanne Fadosi réédition pour la semaine 2015 - 26 de miletune
Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune
145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015, 123 en 2016, encore 123 en 2017, 121 en 2018 ? 101 femmes depuis le 1e janvier 2019 en France (2 septembre 2019) , soit une femme tous les deux jours ! accélération ou meilleure visibilité ?
(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)
samedi 27 juin 2015
Vers le métro, pour Mil et Une
4 commentaires:
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Cela me rappelle mes souvenirs d'enfance à Paris chez ma grand mère qui m'élevait dans le 14ème. Il y avait un bougnat juste à côté et en face un marchand de couleurs. J'aimais les odeurs de cette boutique et je m'en souviens encore. Bon week-end et à lundi.
RépondreSupprimerBonjour Jeanne, quand on a perdu une ville de vue des années et des années, les choses ont changées mais il reste toujours ceci cela en place, j'ai aimé ton traitement sur le thème, bises de JB
RépondreSupprimerJ'ai toujours aimé Paris et ses petits métiers, j'aime encore m'y promener à pieds hors des sentiers battus pour écouter battre le cœur des parisiens et découvrir leurs secrets de villages (pour moi, chaque quartier se recrée une vie de village, c'est ainsi que Paris garde son humanité)
RépondreSupprimerSouvenir ?
RépondreSupprimerJ'ai eu l'impression d'y être... mon enfance n'était pas si loin.
Merci, Jeanne.
Bises et douce soirée.