A la barre du défi 271 des CROQUEURS DE MOTS j'ai choisi comme thème Le temps des horloges
et pour les jeudis poésie du 3 et du 10 novembre, je laisse le choix du sujet ou pour celles et ceux qui préfèrent un fil conducteur, de choisir un ou des instrument-s de mesure du temps.
Vers le futur
O race humaine aux destins d’or vouée,As-tu senti de quel travail formidable et battant,Soudainement, depuis cent ans,Ta force immense est secouée ?L’acharnement à mieux chercher, à mieux savoir,Fouille comme à nouveau l’ample forêt des êtres,Et malgré la broussaille où tel pas s’enchevêtreL’homme conquiert sa loi des droits et des devoirs.Dans le ferment, dans l’atome, dans la poussière,La vie énorme est recherchée et apparaît.Tout est capté dans une infinité de retsQue serre ou que distend l’immortelle matière.Héros, savant, artiste, apôtre, aventurier,Chacun troue à son tour le mur noir des mystèresEt grâce à ces labeurs groupés ou solitaires,L’être nouveau se sent l’univers tout entier.Et c’est vous, vous les villes,DeboutDe loin en loin, là-bas, de l’un à l’autre boutDes plaines et des domaines,Qui concentrez en vous assez d’humanité,Assez de force rouge et de neuve clarté,Pour enflammer de fièvre et de rage fécondesLes cervelles patientes ou violentesDe ceuxQui découvrent la règle et résument en euxLe monde.L’esprit de la campagne était l’esprit de Dieu ;Il eut la peur de la recherche et des révoltes,Il chut ; et le voici qui meurt, sous les essieuxEt sous les chars en feu des nouvelles récoltes.La ruine s’installe et souffle aux quatre coinsD’où s’acharnent les vents, sur la plaine finie,Tandis que la cité lui soutire de loinCe qui lui reste encor d’ardeur dans l’agonie.L’usine rouge éclate où seuls brillaient les champs ;La fumée à flots noirs rase les toits d’église ;L’esprit de l’homme avance et le soleil couchantN’est plus l’hostie en or divin qui fertilise.Renaîtront-ils, les champs, un jour, exorcisésDe leurs erreurs, de leurs affres, de leur folie ;Jardins pour les efforts et les labeurs lassés,Coupes de clarté vierge et de santé remplies ?Referont-ils, avec l’ancien et bon soleil,Avec le vent, la pluie et les bêtes serviles,En des heures de sursaut libre et de réveil,Un monde enfin sauvé de l’emprise des villes ?Ou bien deviendront-ils les derniers paradisPurgés des dieux et affranchis de leurs présages,Où s’en viendront rêver, à l’aube et aux midis,Avant de s’endormir dans les soirs clairs, les sages ?En attendant, la vie ample se satisfaitD’être une joie humaine, effrénée et féconde ;Les droits et les devoirs ? Rêves divers que fait,Devant chaque espoir neuf, la jeunesse du monde !
Emile Verhaeren, Les villes tentaculaires, 1895, dernier poème p209
Emile Verhaeren, 1855 - 1916, poète belge flamand d'expression française
Que dire de plus Jeanne, l'homme est l'ennemi de l'homme, de part sa façon de vivre, qui a un prix, que l'on connait aujourd'hui, à épuiser la terre.... bises, JB
RépondreSupprimerExcellent choix Jeanne pour ce poème que je découvre et de superbes illustrations avec ces champs de lignes à haute tension, les pylônes ont tout de gigantesques monstres .
RépondreSupprimerBonne soirée
Bises
Jazzy .
Bonjour Jeanne, comme tu le dis si bien, c'est un poème qui ne vieillira jamais. Son titre en dit long également.
RépondreSupprimerMerci beaucoup à toi pour la belle et bonne quinzaine. Bises♥
Merci de partager ce poème qui semble tant moderne .
RépondreSupprimerLes pylônes semblent avoir des bras et des jambes , un jour peut-être ils marcheront ......
Qui sait Marco ! qui sait !
Supprimerl'anonyme précédent fut moi . Bonne soirée .
RépondreSupprimerton coucher de soleil est splendide ; elles sont un peu des tours eiffel et merci pour ce beau poème d'Emile Verhaeren. Je te remercie pour ce défi qui a remué mes méninges. Bises. Andrée
RépondreSupprimerC'est une image trouvée sur le Net. Quand je vois des couchers de soleil avec des pylônes haute tension, c'est sur des routes où l'on n'a pas de place où s'arrêter ... Je les trouve beaux (ils ont d'autres défauts moins visibles) mais je ne suis pas objective car mon père était électricien
Supprimerbises
125 ans et pas une ride c'est une sacré découverte pour moi, merci. Bisous tout doux dimanche
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