Porte-plume en l'air
l'enfant est loin de la classe,
oreille vagabonde.
Le maître a noté au tableau, de sa belle écriture inclinée, la morale du jour. Puis c'est la leçon d'Histoire. Leurs pères attendent les avis de mobilisation. Les esprits y sont préparés. Ce sera la revanche. S'ils partent "la fleur au fusil", d'ici deux ou trois semaines ils seront de retour pour les moissons.
Offertes par les vieux fusils
l'enfant rêve aux fleurs
dans un champ de coqu'licots.
Le maître a marqué au tableau, d'une belle écriture droite, la morale du jour. Suit la leçon d'Histoire, dont on tire, dit-on, des leçons. Le fils de l'enfant songe à la TSF écoutée avec son père. C'est la drôle de guerre qui ressemble à une drôle de paix, derrière la ligne Maginot.
Pour sauver la paix
sans guerre et sans déshonneur
ils auront les deux.
Longtemps après l'Indochine, loin des camarades et de l'agent orange, le fils, ancien matelot, cancer brûlant ses poumons, feuillette, tel un carnet de vacances, son album photos : sites paradisiaques, jonques sur l'eau aux marchés aux fleurs, sourires et beauté des temples. Parenthèses hors du temps et des lieux de combats.
Ce samedi la radio égrenait les premiers faux pas de chasseurs, une balle pour sangliers a traversé le salon d'une fenêtre à l'autre. Sans faire d'autre dommage. Une fillette n'a pas eu cette chance.
Violence multiforme
Une enfant se promenait
accident de chasse.
©Jeanne Fadosi, mercredi 26 septembre 2018
à découvrir le vendredi ou le samedi lundi mardi
avec les autres brins sur la page 120 de l'Herbier
Carl Fredrik Reuterswärd, Non-Violence, 1980, bronze, Malmö © ADAGP, Paris, 2018, photo : François Polito |
A lire et entendre Ne jouez pas au soldat
Défi magnifiquement relevé, Jeanne ! Mille bravos et bonne fin de semaine ! Bises♥
RépondreSupprimerUn très beau texte Jeanne... Mieux vaut les fleurs que les balles de fusils ! Bises et bon weekend Jeanne
RépondreSupprimerLa violence, sous toutes ses formes, a de longues années encore devant elle ... et les discours des pacifistes sont de plus étouffés.
RépondreSupprimerComme on le sait l'impression de toute puissance que donnent les armes n'est pas prête de quitter ces hommes bravaches, et pourtant tant en ont péri !
RépondreSupprimerBravo Jeanne pour ce beau texte poetique
Bises
Ton récit suit notre propre Histoire.
RépondreSupprimerLa violence est partout, hélas, même là où on ne l'attendait pas.