Pour une nouvelle page de l'Herbier de poésie
Le vieux pommier n'en pouvait plus de tant d'années à le chahuter. La grande sécheresse de 1976 avait failli le voir périr prématurément et il s'était dit qu'il avait déjà bien vécu. Ses puissantes racines avaient puisé dans la source profonde dont la sortie s'est tarie cette année-là.
On l'avait greffé avec amour et savoir-faire aux premières années de l'autre siècle. Dans le mince espoir d'y voir revenir l'enfant né hors convenance de l'enfant chassée pour déshonneur. Une enfant conçue sans violence ni surprise, juste par escroquerie aux sentiments d'un fils de patron à la soubrette.
C'était sa manière au grand-père de dire de loin à cette fille jadis maudite et à sa petite fille combien elles leur manquaient. Sculpter l'arbre en renforçant et en étirant à l'horizontale une des maîtresses branches.
Le temps, la distance, le tempérament fier n'avaient pas permis les retrouvailles mais la maison et son lopin était revenus à ces enfants. Et la balançoire, si elle a bercé la jeune femme devenu adulte, a surtout fait le bonheur des générations suivantes.
Par précaution il avait fallu la soutenir. Les compotes étaient toujours aussi délicieuses. Dis, Mémé Louise, ça vit longtemps un pommier ? Est-ce qu'elle souffre la branche quand elle grince ? Mémé Louise souriait. Viens. Nous allons aider ta marraine à éplucher les pommes pour faire une compote.
La béquille est devenue un solide échalas. La planche et les cordes usées n'ont pas été remplacées. Un temps la maison a vécu des étés au rythme des vieilles et douces personnes qui l'avaient rachetée. Non loin la route a été élargie pour drainer la circulation vers l'autoroute en construction. La vieille dame n'est plus. Le vieux monsieur a revendu la maison. Le jardin a connu trop de tempêtes et de chaleurs et ses fruits ne régalent plus ni petits enfants ni de vieilles personnes.
Les bruits des moteurs
Illustration sonore : La complainte du vieux pommier de Luc Alenvers
Belle histoire pour ce pommier, pas comme les autres, mais il mène sa vie, ah s'il pouvait parler... ,-) bises, jill
RépondreSupprimerBonjour Jeanne,
RépondreSupprimerDes histoires de familles qui s'entremêlent à celle de l'arbre. Sa sagesse traverse le temps. je ne sais s'il entend le bruit des mécaniques. J'espère que non.
Comme cette histoire est belle et bien contée Jeanne, un grand merci.
RépondreSupprimerBises et bon début de semaine
C'est beau, cette branche pour faire balancer les enfants, même ceux qui ne le sauront pas, et cette idée que tous les petits à venir profiteront du jardin, des pommes, des tartes, des compotes, l'amour des anciens pour ces enfants lointains qui font partie de l'avenir
RépondreSupprimerBises
Bravo pour ton très bel écrit sur l'histoire de cet arbre. Les arbres aiment qu'on leur parle, qu'on les touche, enfin comme toi je l'imagine. Beau mois de février et bises
RépondreSupprimerJe ne voudrais pas être mauvaise langue mais je trouve que cette drôle de période nous va bien ! Les brins de L’Herbier sont de plus en plus en progrès l le haiboun n’a bientôt plus de secret pour nous. Olé !
RépondreSupprimerMon amitié à tous, même si je ne peux passer dans vos domaines autant que je le souhaiterais.....
Ah si les arbres pouvaient parler ! Celui-ci a sûrement garder sous son écorce le poids des histoires de tous ceux qui l'ont côtoyé...
RépondreSupprimerBravo Jeanne ! C'est magnifique ! J'♥ beaucoup ! Bon mardi ! Bises♥
RépondreSupprimerUne très belle histoire un peu triste qui mêle le malheur de la pauvre fille punie de sa "faute" et le pauvre pommier oublié. Quel dommage ;Il a dû en entendre des rires et des pleurs....
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup. Bise
" C'est une belle histoire que celle de ce vieux pommier qui a bravé les ans, a vu et entendu tant d'histoires tristes ou parfois plus joyeuses. Souhaitons que les descendants soient bienveillants et prennent soin de lui."
RépondreSupprimerMerci pour tes mots sur mon blog.
Balaline
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J'ai moi-même cette difficulté sur certaines plateformes