Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

jeudi 24 août 2023

Trois glorieuses, d'Abdellatif Laâbi


Cette année je délaisse volontiers l'ordinateur et je n'ai fait ni abécédaires, ni mes jeudis poésies d'été. Alors celui-ci fera exception, juste parce en faisant du vide dans mes fatras et mes anciens journaux, j'ai trouvé ce poème en ouverture du Nouveau Magazine Littéraire de mars 2018.

Pour ma part, Trois jours, ce serait un tout petit début, sans être trop gourmande, il m'en faudrait plus. 

Trois glorieuses

Oh que oui
nous avons besoin
de reprendre goût à la vie
de retrouver notre appétit
un appétit d'avenir
Mais alors
ne soyons pas trop gourmands
Demandons trois jours
juste trois jours
où l'amère réalité acceptera
de se soumettre au rêve
à sa puissance bienfaitrice
Trois jours
où, cela va sans dire
les armes se tairont
et les combattants de toutes les factions
iront en permission
Trois jours
où tous les bannis
les exilés, les déplacés, les errants
retrouveront leurs foyers
et jouiront d'une trêve bien méritée
Trois jours
de paix universelle
où nous passerons la moitié du temps
à nous reposer
en nous délectant du silence
d'avant les douleurs et les angoisses
de la création
et l'autre moitié
à nous reposer également
en contemplant
avec les plus grandes attentions
telle ou telle beauté
que dans notre cécité actuelle
nous n'arrivons pas à discerner
Trois journées
ou trois glorieuses
qui nous aideront plus tard
à sauvegarder en nous
le goût de la vie
à retrouver notre appétit
un appétit d'avenir

Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi — Wikipédia (wikipedia.org), né à Fès en 1942, poète, écrivain et traducteur marocain

Mon envie de le partager a été renforcée en allant ce matin sur le blog de ABC et en y découvrant une citation célèbre du film Le Cercle des poètes disparus — Wikipédia (wikipedia.org)

J'ai retrouvé celle-ci plus complète, sans certitude qu'elle soit fidèle au film :

"On ne lit pas et on n’écrit pas de la poésie parce que ça fait joli. Nous lisons et nous écrivons de la poésie parce que nous faisons partie de la race humaine ; et que cette même race foisonne de passions. La médecine, la loi, le commerce et l’industrie sont de nobles occupations, et nécessaires pour la survie de l’humanité. Mais la poésie, la beauté et la dépassement de soi, l’amour : c’est tout ce pour quoi nous vivons. Écoutez ce que dit Whitman : « Ô moi ! Ô vie !… Ces questions qui me hantent, ces cortèges sans fin d’incrédules, ces villes peuplées de fous. Quoi de bon parmi tout cela ? Ô moi ! Ô vie ! ». Réponse : que tu es ici, que la vie existe, et l’identité. Que le spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime. Que le spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime… Quelle sera votre rime ?"

Le cercle des poètes disparus.


1 commentaire:

  1. A moi aussi, il me faudrait plus que 3 jours. Merci pour la découverte de ce poème qui me parle, qui est très bien écrit car il met le doigt sur beaucoup de choses. Bonne fin de journée et bonne continuation de pause. Bises.

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont modérés. Merci de patienter, je ne les valide pas toujours à la minute ni même quelquefois à la journée.
Certains rencontrent des difficultés à renseigner leurs liens voire ne peuvent plus commenter du tout sur blogger (un problème irrésolu depuis des mois) : vous pouvez signer votre commentaire de votre nom ou pseudo, merci
Comments are moderated. Thank you for your patience, I don't valide them immediatly.
anonymous comments are never validated except if they are signed in the text.