C'est bien !
C'est l'une des expressions que l'enfant entend presque dès sa naissance :
oh c'est bien, il elle a bien mangé, il elle a fait un beau rot, il elle a fait un beau caca. Notez que c'est source d'admiration au départ.
Bien comme le symbole en une seule syllabe d'une action qui a produit l'effet escompté.
C'est bien ! Quand l'enfant tient sa tête, se tient assis, arrive à ramper, à se tenir debout et ou à progresser à quatre pattes.
C'est bien ! quand le château branlant exécute un pas et tombe sur les fesses. Plus un tendre encouragement que le constat d'une pleine réussite. Deux petits mots qui vont construire sa confiance en lui elle.
Puis viennent les premières mises en garde. Non. ou c'est mal. La vie et ses milliers de dangers nécessitent une vigilance de tous les instants et des mots brefs pour empêcher les erreurs fatales. Ne pas mettre tout à sa bouche (par hygiène et par sécurité) parce qu'on ne peut pas débarrasser de tout ce qu'il faut craindre et que grandir dans une bulle serait un bien piètre apprentissage de la vraie vie.
Réagir vite quand l'enfant s'est précipité près du placard aux produits ménagers ... quand on n'a pas encore eu le temps de remettre le cache prise. quand l'envie de grimper et la curiosité font prendre trop de risque ...
Mais voilà, la langue française a ceci de bizarre que le bien et le mal prennent vite, trop vite le chemin du jugement moral.
Ce passage du faire à l'être peut devenir la meilleure et la pire des choses. Le pire quand les reproches conduisent à la dévalorisation jusqu'à se convaincre que l'on est bon à rien.
Aujourd'hui je choisis le meilleur en me rappelant la petite musique de Enzo Enzo, Juste quelqu'un de bien.
Cette chanson a commencé à se faire une douce place de choix sur les ondes au début de l'été 1993. Elle est le premier titre de son album Deux, en 1994 qui reçoit deux victoires de la musique en 1995, comme artiste interprète féminine et comme chanson.
Kent a eu l'élégance de reconnaître "que la chanson s'inspire, en ce qu'elle la prolonge, de La bicyclette interprétée par Yves Montand". J'imagine sans peine que les ayant-droit* de cet interprète on dû crier au plagiat, ce que ni le compositeur Francis Lai ni la SACEM n'ont relayé. Jai même trouvé cette notice de la SACEM elle-même accessible en pdf, Kent : Juste un refrain de bien ...
Francis Lai, immense compositeur à succès, pouvait se permettre cette élégance. Peut-être aussi, en conscience, savait-il que la musique est une circulation faite de reprises et de métissages depuis la nuit des temps et que si la protection des droits d'auteurs est une avancée sociale (fragile) pour que vive la culture, elle souffre trop souvent de s'être figée dans la protection des biens hérités.
Je me souviens d'avoir appris souvent par coeur toutes les chansons grâce à leur diffusion à la radio ou par les partitions sur 4 ou 6 pages qu'on achetait chez le marchand de disques faute d'avoir assez de sous pour acheter les 45 tours à défaut des albums. Encor aurait-il fallu avoir un tourne disques.
Je me souviens d'avoir appris souvent par coeur de la poésie vivante. Peut-on encore en apprendre à l'école aujourd'hui ? Je veux dire de la poésie d'aujourd'hui ? Sauf peut-être au moment du printemps des poètes. Quel écolier connait le nom même de Jean-Pierre Luminet, non pour ses travaux d'astro-physique mais pour ses poèmes. Lequel a jamais entendu parler de la belgo-israélienne d'expression française Esther Granek, survivante de la Shoah et eu l'occasion de lire un seul de ses vers ? Vous peut-être si vous suivez mon blog (Abécédaire du CroqCovid, J comme Le Jeu, de Esther Granek). Des prix Nobel de littérature de 2018 et 2020, la polonaise Olga Tokarczuk et l'américaine Louise Glück ? Pas moi qui en ai découvert l'existence mais pas l'œuvre (inaccessible même comme courtes citations) à l'occasion de ces prix Nobel.
Et nous voilà à la notion de biens économiques ...
J'aime la façon dont tu passes de la notion de bien et de mal à la notion de bien économiques. bon weekend et bises
RépondreSupprimerJ'adore cette chanson... et le mot bien, petit mot mais qui si plus employé ferait grand bien à la planète ,-)
RépondreSupprimerOh ! C'est bien, Jeanne, cet abécédaire pardon : c'est super bien ! Bravo ! En effet, oui, comme tu le dis si bien, le bien et le mal prennent vite, trop vite le chemin du jugement moral, hélas ! Merci pour la chanson ! Bonne fin de semaine ! Bises♥
RépondreSupprimerPas facile du tout de composer une chanson, soit on copie, de loin ou de presque près, soit on fait une chanson de rien, soit on essaie de faire une bonne chanson, mais on ne sait pas comment faire... je ne connais pas les poètes d'aujourd'hui, sauf quelques très très rares parmi mes amis... On ne peut pas tout savoir. Bonne soirée et bon week end, bises et passe de belles fêtes de fin d'année, dans la mesure du possible.
RépondreSupprimerComme si souvent (j'allais écrire "toujours", mais je me suis ravisée pour ne pas te faire penser que je suis partiale), j'ai suivi avec attention et grand plaisir le cheminement de ta pensée.
RépondreSupprimerJ'en aurais oublié, je crois bien, mais grâce à toi, je me suis souvenue de certains moments.
Du bien de l'enfant aux biens économiques, il faut parfois une vie.
Et surtout... ne pas oublier d'examiner avant d'approuver tout ce qui est dit et fait.
Merci pour tout cela.