Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

vendredi 16 février 2018

Jardin secret

Pour la page 100 de  l'Herbier de poésies   sur une proposition de Adamante

C'était son refuge,
l'avant-goût du paradis,
son jardin secret.
On disait d'elle que c'était une enfant solitaire. Timide et solitaire. Au grand désespoir de sa maman, la cheville ouvrière qui transformait leur maison en une ruche conviviale.
Ici point de rendez-vous, 
l'improviste était la loi.
Seuls les tempos marquaient leurs différences, les copains de son grand frère et de sa grande sœur le jeudi ou après les cours, les clientes de sa maman couturière dans l'après-midi,, les ouvriers de son papa à l'heure du café ou après un dépannage difficile.
Elle disparaissait
sous la table en merisier
vers sa solitude.
C'était une maison accueillante, dans une époque révolue où chacun y était le bienvenu. Elle bruissait des discussions de grandes personnes et souvent la petite Jeanne ne perdait pas une miette de ces mots qui entrouvraient les portes d'un monde plein d'énigmes et de tracas, un peu trop effrayant pour qu'elle ait hâte de le rejoindre. C'est vrai qu'elle allait peu vers les enfants de son âge, bien trop immatures. Même ceux la génération de son grand frère n'en finissaient pas de quitter l'âge bête.
Elle dégustait ces instants
qui lui étaient friandises.
Discrète, les adultes l'oubliaient auprès de son grand cerisier qu'elle avait ressuscité par la magie de l'imagination. Ce pourvoyeur de cerises juteuses et charnues tombé après l'été au champ d'honneur de la modernité pour faire place à une horrible bâtisse. Dessous, les herbes et les fleurs y poussaient en abondance et bientôt elle n'entendait plus que le murmure du vent dans les feuilles, le chant des oiseaux et le bourdonnement des abeilles qui lui faisaient un peu peur.
Loin de tout ennui,
elle serait restée des heures
dans ces parenthèses,
en compagnie des personnages de tant de livres aimés à qui elle inventait les coulisses de leurs vies de papier. Un jour d'alchimie plus intense, elle savait qu'elle pourrait même devenir lilliputienne pour être à hauteur de scarabée ou de coccinelle. Ses récréations ne duraient pas. Une voix douce bientôt l'en délogeait
Et l'heure d'un dîner
arrivant toujours trop tôt
dans son paradis

feraient taire ses rêveries :
Au revoir peuples des herbes.
©Jeanne Fadosi, jeudi 15 février 2018



9 commentaires:

  1. Très beau texte. J'aime bien cette petite Jeanne qui préfère observer la nature que jouer avec les autres enfants. J'ai l'impression de me retrouver enfant. Beau week-end et à lundi.

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    1. et même la recréer à l'intérieur dans son coin secret de la salle de séjour ...

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  2. Quelle belle description pour cette petite Jeanne. Je viens de me régaler. N'y aurait-il pas un peu de la Jeanne "fadosi" derrière ces mots ?????
    Bises et bon vendredi

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    1. sourires ... un peu beaucoup et j'ai même eu du mal à raboter mon brouillon bises

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  3. C'est très beau, Fadosi. Une vraie perle, que j'ai eu un grand plaisir à relire. Un moment d'émotion.

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  4. En te lisant tout à l'heure et en te relisant ici, je pensais à cette enfant solitaire qui m'a rappelée un livre que j'ai adoré.
    Tu avais ton jardin, le cerisier, elle n'avait qu'un escalier où elle lisait...
    Mais les souvenirs d'enfance sont les mêmes et ton écriture est magnifique.
    Merci pour cette page, Jeanne.
    Bises et douce journée.

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  5. J'aime beaucoup cette enfant solitaire au prise avec son imaginaire, elle frappe très agréablement à la porte de nombreux souvenirs... Merci pour ce texte riche de tolérance poétique...

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  6. Oh ! Que c'est beau et que ça sent le vécu !!! Bravo et bonne fin de semaine Jeanne ! Bises♥

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  7. Ah Jeanne ! je suis touchée ! cette petite fille pourrait être moi en tous points : je me cachais tout le temps sous l'immense table "pleine de piliers en bois tourné", et difficile de m'y déloger....Je lisais passionnément tous les livres à ma portée dès mes 7 ans... et je grimpais dans mon arbre : le tilleul de mes grand-parents maternels !!!
    Superbe !
    Bisous

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