Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

jeudi 9 décembre 2021

Devenir, un poème de mon cru et jamais trop recuit

 Les participations des CROQUEURS DE MOTS a cette image tellement signifiante proposée pour le défi n°257 par Durgalola m'ont particulièrement émues et redonné un peu de sourire dans cette humanité qui se replie tant sur ses différences et ses maigres possessions. Même si je ne suis pas dupe que ces lignes n'atteignent que des convaincus et peut-être même quelques faux nez faux-c...
J'aurais du avoir en tête ce poème écrit pour la naissance d'un enfant et  que j'avais mis en ligne sur mon blog initial en mars 2009 en pensant à un autre nouveau-né.
Alors je sais que pour alléger les défis, ceux du mois de décembre, qui vont finalement être deux, ne s'encombrent pas des jeudis poésies, mais permettez-moi une session de rattrapage à ce défi en rééditant une nouvelle fois ce poème qui me tient à cœur.

Humaine, rien qu'humaine

Enfant de quelque part, enfant de nulle part
D'ici et de partout, d'un hameau, d'une maison
D'une région, d'une nation parmi près de deux cents
Sur l'infime poussière d'un brumeux univers.
Enfant né de l'union d'une femme et d'un homme
Dans leurs corps généreux d'un amour véritable,
Tu es un pont reliant les futurs au passé
A moins que ce ne soit les passés au futur.
Enfant de rien, enfant de tous,
Enfant de tout, enfant du vent
De la pluie, du soleil, de la nuit, de la vie.
Différent et semblable, tu te crois donc l'unique
Sic six autres milliards d'humains à l'identique.

Tu es la recombinaison toujours recommencée
De milliards de cellules, d'atomes, de photons
Ces milliards de milliards d'ondes qui te recréent
Et des grains de lumière qui fondent ton image,
Qui te sont inconnus, étrangers ou masqués,
Et pourtant familiers dans tes plis mémoriaux
Effleurant dans tes rêves et dans tes émotions,
Arrivant incongrus de la nuit de nos temps,
Allant vers l'autre fin des horizons lointains,
Fin certes provisoire comme la porte fermée
Par l'huis clos et borné toujours reverrouillé
De l'humaine tant humaine arrogante ignorance.
Comme Socrate et Spinoza, Galilée ou Mani
Ou Giordano Bruno sages inécoutés,
Ces sages conspués ou bannis ou tués
Au nom de certitudes dérisoires, éphémères.

Enfant tu es surtout, enfant tu es seulement
L'humain que tu deviens constant et volatile.
Ces milliards de milliards de recombinaisons
Te déterminent ainsi, à l'instant et demain
En apparence Même et pourtant déjà Autre.
Leur multitude mime au détour du conscient
L'aléa du hasard ou la nécessité
La prédestination de tant de religions
Ou l'illusion féconde de la liberté
Humble humain re-naissant de l'enfant re-créé
Il n'est pas d'autre choix que ce chemin suivi
Dans un passé fini qui t'échappe à jamais.
Le comprendre en effet peut éclairer la route
L'assumer, un combat redoutable sans doute
Et pourtant prometteur d'un fardeau moins pesant
Pour regarder, sans plus se retourner, devant
Debout digne et serein comme lavé à grands seaux
De tous ces vains chagrins, de ces mauvais procès
Assombrissant ta vie et taclant ta santé
Et ce qui te relie aux autres en nourrissant
Ton nectar, ton suc, ta substance de vie.
Vas, vis, respire, aime et enfin partage
La liberté fondamentale de l'évidence,
Dans cette immensité de l'espace et du temps
Ta plus proche compagne, ton ami exigeant
L'alliée infaillible de ton humanité
Qui loin de t'isoler te relie aux vivants :
Essentielle et féconde, infinie Solitude.
 ©Jeanne Fadosi, version du 23 février 2007

Poème écrit pour la naissance d'un enfant, et cela aussi c'est une histoire merveilleuse toujours au commencement
Dédicace écrite également à l'époque
Je dédie ce poème à tous ceux que j'aime, à tous ceux qui s'aiment, à tous ceux qui attendent une parcelle de gentillesse, aux enfants de Don Quichotte, à l'inconnu qui a souri, au malade qui s'oublie, à celui qui a faim, à celui qui a mal, à celui qui rayonne et qui par son action, fait reculer l'injustice et la cruauté, bataille toujours recommencée.
Je pourrais aussi, si j'osais, le dédier à Aimé Césaire, qui a quitté cette vie le 17 avril 2008 à l'âge vénérable de 94 ans et qu'un adulte lucide et généreux m'a fait découvrir dans la foulée de ma lecture de « La case de l'oncle Tom » (ne riez pas, j'avais 9 ans) et à qui je dois avec d'autres auteurs, d'avoir pressenti, dans l'humain, l'universel, à travers son essentielle singularité et ses racines locales, sans peur et sans rejet de l'autre, sans haine, mais pas sans colère ou révolte.

Je pourrais aussi le dédier en toute humilité maintenant à Joséphine Baker, dont le Panthéon a accueilli son cénotaphe tout récemment.


Un vers pourrait être changé : en 2007, la population mondiale était de 6,7 milliards selon une estimation de l'ONU. En 2021, elle serait de 7,87 milliards.
Lors des premiers moments de blogueuse, je déplorais une frontière qui s'embarbelait entre le Mexique et les Etats-Unis. En 2021, Des frontières s'érigent en hauts murs dans une indifférence majoritaire pour refouler quelques dizaines de milliers d'humains et humaines sur leurs routes d'exils.






5 commentaires:

  1. Merci pour cette si belle découverte qui m'a émue. Bisous

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  2. Il est magnifique ce poème Jeanne, c'est une superbe rediffusion. Merci
    Bises et bon jeudi - Zaza

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  3. Enfant d'hier, d'aujourd'hui et de demain, que ce monde ne te soit pas trop cruel, pour qu'à la fin de ta vie tu partes sans regret d'être venu sur terre, merci... bises

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  4. Bonjour Jeanne, il est superbe, ce poème et le mot qui le suit, donc !!! Heureuse rediffusion !!! Bonne journée ! Bises♥

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  5. Je ne le connaissais pas ce poème, il est superbe, tu as bien fait de le rééditer. Une tres belle dédicace aussi l'accompagne. Je suis bien contente d'être remontée dans les news de ma boite mail.
    Bonne journée
    Bises

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