Les participations des CROQUEURS DE MOTS a cette image tellement signifiante proposée pour le défi n°257 par Durgalola m'ont particulièrement émues et redonné un peu de sourire dans cette humanité qui se replie tant sur ses différences et ses maigres possessions. Même si je ne suis pas dupe que ces lignes n'atteignent que des convaincus et peut-être même quelques faux nez faux-c...
J'aurais du avoir en tête ce poème écrit pour la naissance d'un enfant et que j'avais mis en ligne sur mon blog initial en mars 2009 en pensant à un autre nouveau-né.
Alors je sais que pour alléger les défis, ceux du mois de décembre, qui vont finalement être deux, ne s'encombrent pas des jeudis poésies, mais permettez-moi une session de rattrapage à ce défi en rééditant une nouvelle fois ce poème qui me tient à cœur.
Humaine, rien qu'humaine
Enfant de quelque part, enfant de nulle partD'ici et de partout, d'un hameau, d'une maisonD'une région, d'une nation parmi près de deux centsSur l'infime poussière d'un brumeux univers.Enfant né de l'union d'une femme et d'un hommeDans leurs corps généreux d'un amour véritable,Tu es un pont reliant les futurs au passéA moins que ce ne soit les passés au futur.Enfant de rien, enfant de tous,Enfant de tout, enfant du ventDe la pluie, du soleil, de la nuit, de la vie.Différent et semblable, tu te crois donc l'uniqueSic six autres milliards d'humains à l'identique.
Tu es la recombinaison toujours recommencéeDe milliards de cellules, d'atomes, de photonsCes milliards de milliards d'ondes qui te recréentEt des grains de lumière qui fondent ton image,Qui te sont inconnus, étrangers ou masqués,Et pourtant familiers dans tes plis mémoriauxEffleurant dans tes rêves et dans tes émotions,Arrivant incongrus de la nuit de nos temps,Allant vers l'autre fin des horizons lointains,Fin certes provisoire comme la porte ferméePar l'huis clos et borné toujours reverrouilléDe l'humaine tant humaine arrogante ignorance.Comme Socrate et Spinoza, Galilée ou ManiOu Giordano Bruno sages inécoutés,Ces sages conspués ou bannis ou tuésAu nom de certitudes dérisoires, éphémères.
Enfant tu es surtout, enfant tu es seulementL'humain que tu deviens constant et volatile.Ces milliards de milliards de recombinaisonsTe déterminent ainsi, à l'instant et demainEn apparence Même et pourtant déjà Autre.Leur multitude mime au détour du conscientL'aléa du hasard ou la nécessitéLa prédestination de tant de religionsOu l'illusion féconde de la libertéHumble humain re-naissant de l'enfant re-crééIl n'est pas d'autre choix que ce chemin suiviDans un passé fini qui t'échappe à jamais.Le comprendre en effet peut éclairer la routeL'assumer, un combat redoutable sans douteEt pourtant prometteur d'un fardeau moins pesantPour regarder, sans plus se retourner, devantDebout digne et serein comme lavé à grands seauxDe tous ces vains chagrins, de ces mauvais procèsAssombrissant ta vie et taclant ta santéEt ce qui te relie aux autres en nourrissantTon nectar, ton suc, ta substance de vie.Vas, vis, respire, aime et enfin partageLa liberté fondamentale de l'évidence,Dans cette immensité de l'espace et du tempsTa plus proche compagne, ton ami exigeantL'alliée infaillible de ton humanitéQui loin de t'isoler te relie aux vivants :Essentielle et féconde, infinie Solitude.
©Jeanne Fadosi, version du 23 février 2007
Dédicace écrite également à l'époque
Je dédie ce poème à tous ceux que j'aime, à tous ceux qui s'aiment, à tous ceux qui attendent une parcelle de gentillesse, aux enfants de Don Quichotte, à l'inconnu qui a souri, au malade qui s'oublie, à celui qui a faim, à celui qui a mal, à celui qui rayonne et qui par son action, fait reculer l'injustice et la cruauté, bataille toujours recommencée.
Je pourrais aussi, si j'osais, le dédier à Aimé Césaire, qui a quitté cette vie le 17 avril 2008 à l'âge vénérable de 94 ans et qu'un adulte lucide et généreux m'a fait découvrir dans la foulée de ma lecture de « La case de l'oncle Tom » (ne riez pas, j'avais 9 ans) et à qui je dois avec d'autres auteurs, d'avoir pressenti, dans l'humain, l'universel, à travers son essentielle singularité et ses racines locales, sans peur et sans rejet de l'autre, sans haine, mais pas sans colère ou révolte.
Je pourrais aussi le dédier en toute humilité maintenant à Joséphine Baker, dont le Panthéon a accueilli son cénotaphe tout récemment.
Un vers pourrait être changé : en 2007, la population mondiale était de 6,7 milliards selon une estimation de l'ONU. En 2021, elle serait de 7,87 milliards.
Lors des premiers moments de blogueuse, je déplorais une frontière qui s'embarbelait entre le Mexique et les Etats-Unis. En 2021, Des frontières s'érigent en hauts murs dans une indifférence majoritaire pour refouler quelques dizaines de milliers d'humains et humaines sur leurs routes d'exils.
Merci pour cette si belle découverte qui m'a émue. Bisous
RépondreSupprimerIl est magnifique ce poème Jeanne, c'est une superbe rediffusion. Merci
RépondreSupprimerBises et bon jeudi - Zaza
Enfant d'hier, d'aujourd'hui et de demain, que ce monde ne te soit pas trop cruel, pour qu'à la fin de ta vie tu partes sans regret d'être venu sur terre, merci... bises
RépondreSupprimerBonjour Jeanne, il est superbe, ce poème et le mot qui le suit, donc !!! Heureuse rediffusion !!! Bonne journée ! Bises♥
RépondreSupprimerJe ne le connaissais pas ce poème, il est superbe, tu as bien fait de le rééditer. Une tres belle dédicace aussi l'accompagne. Je suis bien contente d'être remontée dans les news de ma boite mail.
RépondreSupprimerBonne journée
Bises