La veille, j'avais eu une longue conversation au téléphone, ce merveilleux outil moderne qui a atténué les distances contraintes entre proches. Conversation qui renforçait d'autres échanges sur la nécessité de dire ce qu'on pense, et mes réserves en contre-point. Des échanges dans "l'air du temps", faisant fi des autres en s'autorisant à ne pas prendre de pincettes, des échanges laissant croire que l'on pense dire ce que l'on pense, alors que l'on ne fait que dire ce que la doxa amplifiée de notre société médiatisée nous dit de penser.Une part de la conversation a porté sur les réactions des uns et des autres à ce que l'on disait, la revendication d'être sincère et spontané sans toujours être obligé de se censurer dans la crainte de blesser l'autre, l'expression et la distorsion inévitable à la réception car l'autre ne comprend pas exactement ces mots-là dans le même sens.
Il y a tous les non-dits qui sous-tendent ce qui est dit.
Il y a tous les autres non-dits qui sous-tendent ce qui est entendu.
Ce matin, j'avais reçu deux commentaires en anglais, anonymes, l'un élogieux, du moins je le comprends comme cela avec une demande de ... je n'ai pas tout compris en essayant de traduire.
L'autre disait ceci :
"Wow, this post is fastidious, my sister is analyzing thes things, so I am going to let know her."Premier réflexe sur l'adjectif, son équivalent en français induit automatiquement l'ennui et la tâche pénible.
Or en anglais, il n'en est rien, ou plutôt le terme, qui indique aussi le caractère méticuleux, fouillé de ce qui est désigné, reste neutre, sans connotation péjorative ou favorable. L'antonyme de péjoratif est mélioratif, inutile de vous dire que je l'ai découvert juste avant d'écrire ce billet et qu'il ne me semble pas utilisé.
Sauf peut-être dans des notes jargonneuses. (comme celle-ci, autodérision)
Il se trouve que, selon la génération, le milieu social ou géographique, le contexte, ce qui s'est dit avant, personne n'attribue la même signification à ce qui est dit, même dans la même langue, peut-être même surtout dans la même langue où l'on croit comprendre.
Il se trouve aussi, c'est à la fois un progrès et une régression sans pareil, la "communication" a pris une place considérable.
J'entendais depuis la veille commenter abondamment l'arrestation d'une figure visible du mouvement des gilets jaunes, disant les faits, certes, relayant les paroles de ceux qui criaient à la persécution comme de ceux qui justifiaient le respect de l'ordre et du droit.
Mais je n'entendis personne décortiquer la mise en scène très conceptualisée de ceux qui l'avaient décidé et mis en oeuvre
De quoi s'agissait-il ? Des hommes (des femmes ?) ont été arrêtés parce qu'ils ont commencé à déposer des bougies rouges en hommage aux manifestants blessés des journées GJ de décembre.
Où ? place de la Concorde.
J'aimerais savoir où exactement sur cette place.
Je n'ai pas décortiqué, j'ai laissé mes mots traduire les pensées et émotions qui surgissaient.
Bougies rouges, ... qu'en Autriche notamment on met sur les tombes des cimetières, lieux de recueillement ... sur des lieux d'attentats ou d'accidents mortels, je voyais la place de la République après les événements tragiques du début janvier puis de novembre 2015.
Je voyais quelques bougies déposées à l'angle de la place de la Concorde et de la rue de Rivoli le 25 août de chaque année, en mémoire des civils et des soldats qui sont tombés place de la Concorde pour la libération de Paris
D'autres y verront les guillotinés de la révolution française. Certains Louis XVI et Marie-Antoinette, d'autres Danton et les Girondins, Camille Desmoulins et Lavoisier, d'autres encore Robespierre et Saint-Just.
D'autres encore (qui parmi les initiateurs de "cette action" ?) y verront les 20 morts et les 2300 blessés lors des affrontements entre les ligues d'extrême-droite et les forces de l'ordre le 6 février 1934.
J'ai revisité les temps des verbes écrits dans ce texte laissé en brouillon, rectifié quelques fautes d'orthographe ... complété laborieusement et mis en exergue le deuxième paragraphe.
Je n'ai aucune retouche à faire à la phrase qui terminait provisoirement ce billet. Et je n'ai hélas rien de plus à y ajouter ou à tempérer.
Dans cette société de consommation et de communication, la manipulation des symboles m'est de plus en plus insupportable.
dire non |
d'accord, mais pour dire oui à autre chose
et aussi savoir faire silence ...
"La communication sous l'influence des médias". En voilà un beau sujet de philo en ce lundi matin !
RépondreSupprimerMerci pour ton texte Jeanne.
Bises et bon début de semaine
Oups je n'avais pas pensé à l'épreuve de philo d'aujourd'hui Zaza !!! Il faut dire que je suis (du verbe suivre) de loin cet événement même si je suppose que parmi mes nombreux petits neveux et nièces, il se peut que certains ...
RépondreSupprimerAlors tu vois, le sujet que tu proposes me semble fort réducteur et (hélas) reprendre cette opinion largement diffusée et par les contestataires et par les pro de la politique qui conduit de plus en plus souvent à malmener les professionnels des médias. Et pas seulement dans des pays non démocratiques.
J'ai pris soin d'évoquer la doxa, la société médiatisée (et non médiatique) et le phénomène d'amplification qui en découle. Comme une boucle de rétroaction, ou si tu préfères, comme une boule de neige.
Alors ton sujet, d'accord, à condition que la dissertation ne se laisse pas enfermer par ce qu'il suggère au départ.
sourires, sur ce je m'en vais voir si on trouve déjà en ligne les premiers sujets de philo. Bises et belle journée
La communication est un art difficile et bien trop souvent galvaudée...
RépondreSupprimerParler à bon escient et savoir aussi se taire, force de la sagesse !
J'avoue que j'ai de plus en plus de mal à communiquer... mais j'espère que ça va s'arranger.
RépondreSupprimerMerci pour cette page de réflexion qui explique en partie tout ce que je ressens.
Passe une douce journée.