Ce soir-là était doublement un grand soir pour le moussaillon. Il venait de franchir pour la première fois la ligne invisible de l'équateur, le jour même de ses douze ans. Selon la tradition, les marins lui offriraient sa première pinte d'alcool fort et il monterait tout en haut du grand mât.
La mer démontée
se soulevait en montagnes
dans les rugissants.
Depuis qu'il avait embarqué, il s'y était accoutumé mais la tempête était si rude que l'ordinaire de son dîner avait fini par nourrir les poissons par-dessus le bastingage. après le déchaînement des vagues, le breuvage acheva de lui mettre la tête à l'envers. Mille fois il manqua de dévisser du mât avant d'atteindre la hune. Mille fois il dérapa encore en allant toujours plus haut.
Dans la nuit opaque
une nef illuminée
semblait le narguer
"Le Hollandais volant" cria la petite voix étranglée du sommet de la grand voile. En ces temps d'ignorance et de rites païens, la première cuite faisait l'homme. Le cri était parole d'homme, reprise par tout l'équipage. Nul doute que la forme mousseuse trouant la nuit ne pouvait être que le vaisseau fantôme. Les marins en convainquirent jusqu'au capitaine et son illustre passager.
D'un vaisseau d'écume
qui dansait dans les éclairs
surgit la légende.
à découvrir le vendredi soir ou le samedi
avec les autres brins sur la page 139 de L'Herbier
avec les autres brins sur la page 139 de L'Herbier
Louis M. Eilshemius, Le Hollandais Volant, 1908, huile sur bois, 58 x 63 cm, Whitney Museum of American Art, New York |
illustration musicale :
Marin Marais (1656~1728)
《Alcyone》tragédie en musique, 1706, Tempête (Jordi Savall &
Le Concert des Nations)
Une illustration qui me fait
évidemment penser à la comptine « Il était un petit navire »
mais plus encore à son pastiche trouvé consigné dans le cahier de
chansons de mon père et dont j'ai repris les paroles sur mon blog : Il était un petit navire
J'ai aimé cette naissance d'une légende. Bon weekend et à lundi. Bisous
RépondreSupprimerUn texte qui me parle Jeanne ! Il accompagne si bien le tableau de Louis M. Eilshemius. Bravo !
RépondreSupprimerBises et bon vendredi
"Boire la première tasse" ... Une autre tradition, encore plus terrible : On attachait le mousse, et on lui faisait traverser le bateau ... sous la coque.
RépondreSupprimerUne légende qui naît avec la tradition, le moussaillon est vraiment membre de l'équipage. Rude apprentissage !
RépondreSupprimerUne mise à l'épreuve terrible pour ce moussaillon bravo pour ton interprétation de la légende .
RépondreSupprimerJe connaissais der Fliegende Hollander de Wagner mais pas cette tempête de Marin Marais , j'aime .
Bon vendredi
Bises
Comme c'est BON, Jeanne ! Bravo mousaillon et bravo Jeanne ! Bonne fin de semaine ! Bises♥
RépondreSupprimerEt c'est très beau... merci, Jeanne.
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