« Un(e) ami(e) de longue date vous demande de mentir à son (sa) conjoint(e)sur son emploi du temps du samedi dans la soirée.Elle veut que vous lui disiez que vous étiez ensemble … ce qui n’est pas le cas…. »
L'envie d'inventer une correspondance imaginaire entre deux George, deux femmes libres dans des sociétés où elles étaient alors (mais n'est-ce pas toujours le cas), pour leur liberté même, considérées comme scandaleuses.
Chère George Sand,
Votre lettre me va droit au coeur et je compatis à votre désespoir. J'ai regretté infiniment de vous avoir manqué lors de nos vacances vénitiennes alors que toute jeune fille, je rêvais déjà de rencontrer l'auteur de mes premiers livres de grande personne. J'écris aussi vous savez mais il me semble bien difficile de publier un jour, encore moins en utilisant mon propre nom de femme.
Vous me demandez de faire comme si notre rendez-vous littéraire avait pu avoir lieu et je le ferais bien volontiers.
Êtes-vous sûre cependant qu'un tel mensonge serait pertinent ? Ce jeune blanc-bec vous doit tout son talent et dans ses derniers écrits, sublimes certes, - je les ai lu dans la bibliothèque du château de mon père -, il ne lui vient nullement à l'esprit qu'il puisse avoir des torts. N'est-ce pas pourtant lui qui le premier vous a trompée alors que vous étiez affaiblie par la maladie qui a vous a fait annuler notre rencontre ? Plus grave, je ne lui connais que des préoccupations d'enfant gâté à mille lieues de vos grandes idées sociales.
Je ne suis pas en position de vous conseiller mais il me semble qu'il convient de bien peser les conséquences positives et négatives d'une réconciliation après cette rupture où chacun de vous a déjà fait un bout de chemin.
Avec ma respectueuse considération, votre dévouée
George Eliot
ps du 18 mars
Je me suis inventée un voyage en Italie pour tenter d'amorcer avec vous cette correspondance épistolaire qui me ravit l'âme et l'esprit. M'en voudrez-vous si je vous en avoue l'inexistence ? Je faisais passer mes lettres par une amie moins contrainte que moi qui faisait ses études dans la même école de religieuses. Contrairement à elle qui n'entendait rien à la littérature étrangère mais partageait ses étés avec sa famille dans le sud de l'Europe, je ne quittais pas ma campagne anglaise. Comme vous le voyez, notre rencontre n'aurait pu doublement avoir lieu. Mais si vous y tenez, je suis prête à témoigner du contraire.
Aujourd'hui, ma mère se meurt et je crains de retourner chez mon père pour endosser un rôle bien prématuré de maîtresse de maison. Mon père a déjà prévu un précepteur et fort heureusement, il me laisse accès à sa bibliothèque fort bien pourvue des livres les plus récents. Je me vois déjà devenir vieille fille. C'est peut-être cette crainte qui me rend si prudente à l'égard de votre envie de raccommoder votre histoire avec votre Alfred.
J'attends avec impatience de vous lire si vous ne me tenez pas rancune de ces mots de sincérité.
George Eliot, 1819 - 1880, romancière britannique, l'un des plus grands écrivains victoriens
George Sand, 1804 - 1876, romancière, dramaturge, épistolière, critique littéraire et journaliste française
Alfred de Musset, 1810 - 1857, poète et dramaturge français, amant de George Sand de 1833 à 1835
Vermeer jeune fille écrivant, 1665 |
George Eliot ne me dit rien… mais c'est une belle idée que tu as eu, cette correspondance… merci Jeanne, bises
RépondreSupprimerplus jeune que notre George nationale et qui l'a lu (la réciproque n'est pas vraie) et mon histoire totalement inventée. Impossible d'accéder aux blog d'Ekla ce matin. Bises
SupprimerJe pense t'avoir déjà dit que j'adorais George Sand. Je connais beaucoup de sa vie pour avoir lu la biographie de Maurois. J'ai beaucoup aimé ta lettre. belle semaine
RépondreSupprimerOui moi aussi j'aime beaucoup George Sand. J'ai lu pas mal de biographies de Maurois mais pas celle-là. Bises
SupprimerExcellent cette correspondance Jeanne, bravo !
RépondreSupprimerBises et bon début de semaine
Quelle belle idée !!!
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé le ton de cette lettre et une rencontre virtuelle que j'aurais aimé vraie.
Bises et douce journée.
Si j'ai bien fait la relation tu es Zaza ? merci bises et beau lundi aussi Ici le temps se couvre.
RépondreSupprimerCoucou Jeanne, mensonges littéraires, bravo ! Mettre ces deux George en correspondance, quelle géniale idée et quel bel échange ! Je n'ai pas compris ce que voulait George Sand à propos du voyage en Italie (réel pour elle) et donc imaginé pour George Eliot, comme elle l'avoue, et le rapport avec Musset ? Tant pis, j'ai bien apprécié ma lecture, gros bisous.
RépondreSupprimerExcellent Jeanne cette correspondance qui me permet de découvrir George Eliot .
RépondreSupprimerBon lundi
Bises
C'est une idée originale d'avoir créé une correspondance entre ces deux auteures;je ne connais pas l'anglaise ;Je vais aller voir sur internet.
RépondreSupprimerJ'ai tout lu de George Sand que j'aime beaucoup en tant qu'écrivain et en tant que femme .
Bise
Oh ! Jeanne, quelle excellente idée tu as eu ! Mille et un bravos et bonne poursuite de ce lundi !
RépondreSupprimerBises♥
Magnifique idée, des auteurs qui ne se seront jamais rencontrées tout en ayant pu s'écrire au dépend d'Alfred qui n'aurait pas pu s'en douter...
RépondreSupprimerdans le blog de Bonheur du Jour, j'ai découvert cette écrivaine George Eliot ; j'ai noté de la lire prochainement.
RépondreSupprimerBises et merci pour cette belle lettre.