Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune

145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015, 123 en 2016, encore 123 en 2017, 121 en 2018 ? 101 femmes depuis le 1e janvier 2019 en France (2 septembre 2019) , soit une femme tous les deux jours ! accélération ou meilleure visibilité ?

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

lundi 9 octobre 2017

Défi n°192 : "En une heure,"

Moi-même à la barre du défi n°192 des CROQUEURS DE MOTS, je vous invite une fois de plus à explorer le temps qui passe avec la consigne suivante :
"Racontez ou inventez les temps forts d'une heure de votre vie en un minimum de mots. (Idéalement au plus l'équivalent d'une dizaine de nouveaux tweets de 280 caractères)."
A titre d'exemple la consigne précédente fait 2 phrases, 28 mots et 170 caractères.
J'avais initialement l'envie de vous conter brièvement une tranche de vie récente dans la même veine qu'un des premiers billets que j'avais produit dans la blogosphère Clic ---> en septembre 2008. Mon premier jet étant beaucoup trop bavard j'ai eu ensuite l'idée de dégraisser ce vieil article. Croyez-moi, cela n'a pas été facile mais selon OpenOffice, le texte qui suit fait exactement 2796 caractères. Ouf !.
Samedi, jour de marché. C'est cher mais meilleur qu'au supermarché .
11 h15, heure d'affluence. Je ne sais pas me lever tôt. Je n'aurai plus de poireaux en ce début de saison. Les files sont clairsemées, le sens devant l'étal indécise. (un maraîcher qui ne vend que sa production).
Je quitte la place, capte des bribes de phrases entre camelots. Une marchande de légumes se la joue écolo en vendant très cher des choses pas bio ni de saison. Des friqués adorent, tant mieux pour elle.
- les gens menaient leurs gosses à 9 heures et les reprenaient à midi. Ils venaient au marché entre deux. Maintenant ?
Au supermarché le parking est plein. Plus de collège ou d'école privée, on zappe le marché.
A l'intérieur, les allées sont aérées. Un monsieur me propose d'attraper un paquet trop haut. On m'aide. C'est une première !
Au rayon sucre une jeune femme rate une boite. Pour faire de l'esprit, je lui souris que pour les jeux olympiques, il y a encore du boulot.
Son visage dit la contrariété puis la perplexité pendant que ma phrase, anodine, atteint son cerveau. Il faut une minute. Je m'éloigne quand elle me répond "Ah oui, en effet !" avec un rire léger.
Ouf, but atteint mais ce n'était pas gagné.
Dimanche, le film de Mike Leigh "Be happy"m'a enthousiasmé. Sa légèreté n'occulte pas la noirceur du monde, mieux, elle parvient au spectateur subtilement.
Depuis que j'ai dépassé des malheurs qui ont abîmé ma vie, (tout reste fragile), j'observe autour de moi avec acuité, ce n'est pas un défaut, et interviens au besoin, ce qui est perçu comme intrusif. Si mon regard, du fond de ma mémoire, a toujours été en éveil,  ma posture active est récente.
J'ose me mêler de ce qui ne me regarde pas. Ma spontanéité me vaut parfois des faux pas, mais tant mieux quand un visage se déride.
Plus âgée et avec d'autres préoccupations, je me retrouve dans l'obstination de l'héroïne du film à faire sourire les gens.
12h15. J'atteins les caisses. Il y a un peu d'attente mais les clients sont peu nombreux. Devant moi, une trentenaire attend avec une baguette. Lui dirai-je qu'il y a une caisse rapide et des bornes ? Son attitude ne m'y incline pas. Quelques minutes de danse sur ses pieds, elle laisse le pain en râlant. "Une heure de queue pour un article !" Comme si le monde entier tournait pour elle !
Ma face doit afficher mon amusement. La vieille dame devant vide péniblement ses achats sur le tapis, s'excuse de sa lenteur.
- Bah, on a bien le temps tout de même ! je lui dis.
Sa réponse et son un air malicieux me lave de la mesquinerie précédente :
- on trouvera  bien le temps de mourir !
J'acquiesce avec chaleur cette personne lucide osant parler de finitude sans pathos. Ses yeux rieurs, le contenu de son caddy, disent son amour de la vie.

Ludovic Piette, Le marché aux légumes
Pontoise, place du petit Martroy, 1876

21 commentaires:

  1. Les marchés de nos jours ne voient plus de jeunes, place entière aux plus âgés qui ont le temps de le faire, les couples travaillant les achats se font à la grande surface, d'où les files au caisse mais on y voit de tout comme clientèle, tant pis pour les plus pressés !!! Merci Jeanne, bon lundi Croqueurs, bises jill

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    1. cela dépend où mais là où je vais c'est plutôt vrai pour le marché. Aux caisses souvent (mais c'est une petite ville) on se parle. bises

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  2. Ici en Vendée où il y a beaucoup de retraités les gens prennent leur temps ils discutent avec les caissières. Quand ils ont oublié un article ils vont le chercher sans se presser et tout le monde attend sans réagir même moi maintenant mais au début je m'énervais. J'imaginais cela à l'Auchan de Cergy c'est l'émeute. Le pire c'est chez le pharmacien où les tamalous confient leur douleurs avec moultes détails. J'ai aimé ton texte. Belle semaine

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  3. Voici le lien pour ma participation:
    http://journal-d-une-retraitee.eklablog.com/defi-n-192-avant-le-concert-a132179414

    Le marché est un vrai spectacle par lui-même . Un moment de vie intéressant car c'est cela la vraie vie .
    Bonne journée;Bise

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  4. Tour le plaisir, et la difficulté, d'entrer en relation avec l'inconnue.
    La vérité sortirait-elle aussi, des personnes âgées ?
    Merci pour tes textes, Fadosi.

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    1. Comme toujours, cela peut l'être. Ne faire une généralité de rien

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  5. Bonjour Jeanne. Une belle nouvelle pour une heure de vie qui souligne le passage du temps dans des lieux familiers, le marché extérieur et le supermarché. Bravo, bien "envoyé" ! et je me retrouve aussi dans ton récit. Merci beaucoup, gros bisous.

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  6. C'est le mal du siècle il faut toujours courir... Je suis comme toi je prends le temps et aime les contacts et les petites phrases opportunes juste pour faire sourire la journée...

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    1. Un mal que je me souviens avoir découvert dans les couloirs du métro dans les années 60. J'étais en vacances et inconsciemment nous nous étions mis au rythme des travailleurs avant d'éclater de rire en disant "mais pourquoi on court ?"

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  7. Eh oui Jeanne, il faut savoir prendre son temps et la vie avec philosophie... Comme tu l'écris, on trouvera bien le temps de mourir !
    Bises et bon début de semaine

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    1. et le plus tard possible en vivant le mieux possible avant

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  8. Une heure qui en dit long sur les personnes rencontrées. Le marché j'essaye d'y aller régulièrement , j'aime beaucoup cette ambiance où oui les gens se parlent .Ah le supermarché , un vrai régal pour observer les comportements autour de soi , parfois je me demande si la majorité ne se sont pas levés du pied gauche le matin , heureusement il y a des exceptions que ce soit au niveau des clients comme des caissières .
    Bonne journée
    Bisous

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  9. Qu'on l'occupe à courir ou à prendre son temps, une heure aura toujours soixante minutes ! Cette lapalissade fera grincer les dents des pressés et des surbookés mais provoquera, je l'espère, un sourire indulgent chez la plupart des " pensionnés " !
    Bonne journée Jeanne de la part des Cabardouche.

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  10. le marché en vacances (ici il est très peu achalandé) mais c'est pour le plaisir car c'est souvent l'arnaque écolo je préfère mes petites boutiques
    ici super marché dans la file souvent je parle avec les "gens" et cette semaine derrière moi une maman -plutôt unr nourrice avec une petite fille et 3 paquets dans les bras, mon caddi est plein, je lui cède mon tour elle en est toute étonnée !

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  11. Ouinnnn j'ai fait une bêtise avec votre commentaire chez Cabardouche, en voulant vous répondre j'ai bêtement appuyé sur la touche 'supprimer '. Merci pour votre défi intéressant.
    Les Cabardouche

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  12. Une heure bien habillée de ces personnes reencontées, Jeanne ! Bien oui, on a toujours le temps, si l'on veut, c'est bien vrai ! J'♥ ! Bon mardi ! Bises♥

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  13. Mon prochain jeudi poésie ici :
    http://jardin-des-mots.eklablog.com/lenteur-a132198662

    Bonne soirée

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  14. moi aussi je vais moins au marché et plus dans le supermarché à côté de chez moi. Ici les produits trouvés au marché et au supermarché sont souvent les mêmes, venant de centrales d'achat. Et dans le supermarché, finalement je trouve souvent des gens souriants.
    J'ai participé au défi en suivant ton idée de tweet ; j'ai galéré ... et je ne tweeterai plus préférant causer avec mes voisins et voisines. Bonne soirée

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  15. Je cours beaucoup après le temps pourtant je fais le marché. Ici tu croises jeunes et vieux. Les jeunes sont plus vers les fringues. Les allées, comme celles du supermarché, sont des lieux de conversation, de retrouvailles et c'est parfois difficile de se frayer un chemin. Dans les files d'attente on discute facilement au marché.
    Mine de rien, on en fait des choses en une heure !
    Bonne nuit Jeanne

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  16. Je vais très rarement au marché parce que je serais tentée de tout acheter lol. Par contre j'adore le contact avec les gens. Dans mon quartier j'ai un petit supermarché, on finit par connaître tout le monde.
    Bisous Jeanne et merci pour ta prise de barre :)
    Domi.

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  17. Je me demandais où tu en viendrais... et j'aime énormément ta conclusion.
    Magnifique représentation de notre quotidien.

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