L'occasion de rééditer un "blason" court poème en vogue au XVIe siècle célébrant une partie du corps humain des femmes de façon plus ou moins explicite en mode élogieux ou satirique pour ne pas dire goujat.
Si je choisis précisément en ce 19 octobre 2017 ce poème, c'est que depuis quelques jours tout autour de la planète internet, "elles" ont le front de #balancetonporc#. Enfin, pas de dire des noms qui exposerait à des poursuites pour diffamation, du moins de dire les actes et les paroles inacceptables.
Il ne s'agit pas d'allumer ou de raviver une vaine et piteuse guerre des sexes mais de dénoncer enfin des comportements inadmissibles jusqu'ici passés sous silence et communément banalisés.
Maurice Scève, tout en se pliant à cet exercice convenu et le plus souvent graveleux d'hommes sûrs de leur domination sur les femmes du XVIe siècle, est l'un des ambassadeurs de son époque pour l'égalité des hommes et des femmes, pour la reconnaissance de leur égale intelligence et leur accès à l'éducation et à la culture.
Voici d'abord la version adaptée en français moderne, trouvée ICI ---> avec un exemple de commentaire composé de bac de français, suivie du texte d'origine.
Le front
(orthographe modernisée)
Front large et haut, front patent et ouvert,
Plat et uni, des beaux cheveux couvert :
Front qui est clair et serein firmament
Du petit monde, et par son mouvement
Est gouverné le demeurant du corps :
Et à son vueil sont les membres concors :
Lequel je vois être troublé par nues,
Multipliant ses rides très-menues,
Et du côté qui se présente à l’œil
Semble que là se lève le soleil.
Front élevé sur cette sphère ronde,
Où tout engin et tout savoir abonde.
Front révéré, Front qui le corps surmonte
Comme celui qui ne craint rien, fors honte.
Front apparent, afin qu'on pût mieux lire
Les lois qu'amour voulut en lui écrire,
Ô front, tu es une table d'attente
Où ma vie est, et ma mort très-patente !
Plat et uni, des beaux cheveux couvert :
Front qui est clair et serein firmament
Du petit monde, et par son mouvement
Est gouverné le demeurant du corps :
Et à son vueil sont les membres concors :
Lequel je vois être troublé par nues,
Multipliant ses rides très-menues,
Et du côté qui se présente à l’œil
Semble que là se lève le soleil.
Front élevé sur cette sphère ronde,
Où tout engin et tout savoir abonde.
Front révéré, Front qui le corps surmonte
Comme celui qui ne craint rien, fors honte.
Front apparent, afin qu'on pût mieux lire
Les lois qu'amour voulut en lui écrire,
Ô front, tu es une table d'attente
Où ma vie est, et ma mort très-patente !
Le Front
Front large et hault, front patent et ouvert,
Plat et uny, des beaux cheveulx couvert :
Front qui est cler et serain firmament
Du petit Monde, et par son mouvement
Est gouverné le demeurant du corps :
Et à son vueil sont les membres concors :
Lequel je voy estre troublé par nues,
Multipliant ses rides tresmenues,
Et du costé qui se presente à loeil
Semble que la se lieve le soleil.
Front élevé sur cette sphère ronde,
Où tout engin et tout sçavoir abonde.
Front reveré, Front qui le corps surmonte
Comme celuy qui ne craint rien fors honte.
Front apparent, affin qu'on peult mieulx lire
Les loix qu'amour voulut en luy escrire,
O front, tu es une table d'attente
Où ma vie est, et ma mort trespatente.
Maurice Scève, 1536.
Mona Lisa, dite La Joconde, peinture à l'huile sur bois de Leonardo da Vinci, date incertaine entre 1503 et 1506 ou 1513 à 1516 ou 1518, la peinture de référence en matière d'art pictural.
Leonard de Vinci, 1452 - 1519, peintre florentin et grand savant et créateur
Les histoires de fesses comme on dit, soudain on dénonce, ah de tous temps ce droit ce cuissage, et bien non, devoir coucher pour réussir !! Merci pour le tout... bises
RépondreSupprimerune prise de parole qui j'espère ne sera pas qu'un air en courant d'air qui sera vite oublié ... bises
SupprimerTrès joli poème ancien hommage au front qu'on oublie et qu'on cache souvent sous les cheveux. Merci. Belle journée.
RépondreSupprimerLa mode de ce siècle était justement de le faire le plus grand possible quitte à tricher en se rasant les tempes quand l'implantation des cheveux était basse sur le front
SupprimerUn très joli poème Jeanne. Tu as eu raison de mettre la traduction, car le vieux français, ce n'est pas évident.
RépondreSupprimerBises et bon jeudi
J'ai pensé spécialement à Martine mais je constate qu'un vers a échappé à la traduction
SupprimerEt à son vueil sont les membres concors :
Je ne sais pas si j'ai raison de le "traduire" ainsi :
et quand le front est en éveil les membres le sont aussi
ou
et à son éveil les membres s'éveillent aussi
bises et belle fin de semaine
Il y aurait tant à dire sur le sujet !!!
RépondreSupprimerLe front souvent est un livre ouvert qui se lit avec les yeux pour déchiffrer ce qui se cache derrière lui...
Il y a des fronts qui sont des livres ouverts et d'autres qui restent des énigmes ...
SupprimerDélier les langues, briser le secret... je crois que c'est important.
RépondreSupprimerIl y a beaucoup encore à faire pour que les rapports entre hommes et femmes soient accompagnés de respect.
Merci pour ce poème, Jeanne. Je ne crois pas l'avoir jamais lu.
Je l'avais partagé sur mon ancien blog mais sans en avoir modernisé le texte. bises
SupprimerQuant à la parole libérée, pourvu que ce ne soit pas qu'une passade
Excellent choix, Jeanne ! Un front large, emblème de l'intelligence, que disait ma mère ! Bonne poursuite de ce jeudi ! Bises♥
RépondreSupprimeroups délit de bonne g... pardon Colette de taquiner ce que disaient nos aînés, ta mère comme mes parents. J'aurais baissé les bras si je m'en étais tenue à ce jugement expéditif car si maintenant le front commence à se dégarnir légèrement ... bises et belle fin de semaine
Supprimerle front qu'on plisse ! qu'on cache sous une frange !!
RépondreSupprimerune belle participation ! j'aime beaucoup -
bisous-
Un bel hommage à ce front qui recèle tant de mystère , je découvre le poète.
RépondreSupprimerQuant aux comportements banalisés il est grand temps qu'ils soient dénoncés, les hommes se sont trop habitués à ce que personne ne dise rien
Bonne soirée
Bisous
Dénonçons les comportements et éduquons pour qu'ils ne se reproduisent plus qu'exceptionnellement bises
Supprimerje dépose une bise sur ton front.
RépondreSupprimerBeau poème.
merci je l'accepte avec grand plaisir
SupprimerDis donc, c'est de la grande culture chez toi Jeanne. Merci beaucoup pour la découverte. Eh oui, balance ton porc fait parler en ce moment. Bon week end et bises.
RépondreSupprimers'il est important de dénoncer les"abus" de langage et de gestes ne tombons pas dans un puritanisme qui condamnerai Molière pour son "sein que je ne saurai voir" !
RépondreSupprimerCertes Josette, j'entends bien ta réserve et l'exemple des Etats-Unis vu d'ici a souvent agité ce chiffon rouge. Leur législation n'a pas empêché que des gens comme ce producteur de cinéma (mais on pourrait citer d'autres exemples bien connus) ait pu agir en toute impunité. Je me souviens il n'y a pas si longtemps qu'une de ces personnes a été tancée par sa justice non pour ce qu'il avait fait mais pour avoir menti ...
Supprimerceci dit, les personnes (il y a aussi des hommes et pour eux c'est encore plus difficile de le dire) qui ont été harcelées ou violentées savent bien de quoi elles parlent et faire la différence.
Et puis pour rester dans cette pièce de Molière cette réflexion cachait un comportement plus que douteux du dit offensé ...