jeudis en poésie libres (12 et 19 novembre). fil rouge éventuel le temps (celui qui passe et que l'on mesure en heures, en années-lumière ou en secondes ...).J'avais déjà choisi ce poème de Georges Duhamel, publié en 1920 et regroupant des poèmes écrits pendant et après la première guerre mondiale. Je le complète ce dimanche par le si poignant calligramme de Guillaume Apollinaire que j'ai déjà plus d'une fois publié sur mon blog
XV
Sous un figuier d'Avignon
L'ombre verte était sucrée
Par les larmes d'une figue
Ivre de béatitude.
Je ne voyais point les fruits,
Je n'entendais plus les guêpes
Et le Rhône en vain chantait
L'immortel mépris de nous.
Je regardais dans le ciel
S'éloigner d'un vol farouche
La paix, comme un grand oiseau
Chassé du canton natal.
Un tambour bourdonnait dans le fond d'un village,
Le silence en semblait à jamais offensé ;
Une rumeur nouvelle et barbare insultait
Vos fleurs, â grenadiers pâmés dans la poussière.
Je n'éprouvais pas ces choses :
C'était assez que d'éteindre
Toutes les années futures
Abreuvées de mille hontes.
C'était assez que d'ouvrir
Des regards désespérés
Sur un monde enseveli
Dans l'insondable tristesse.
C'était assez, sous vos feuilles,
Ô beau figuier d'Avignon,
Que d'appeler le néant
Des suprêmes solitudes.
Georges Duhamel, Elégies, 1920
Calligramme de Guillaume Apollinaire écrit sur le front pendant la première guerre mondiale |
Avec une pensée particulière pour toutes les victimes d'attentats et pour leurs familles et amis
Georges Duhamel, 1884 - 1966, médecin, écrivain et poète français, prix Goncourt 1918
Guillaume Apollinaire, 1880 - 1918, poète et écrivain français né polonais de l'empire russe. Le terme calligramme est de son invention
Beaucoup d'émotion à travers ces deux poésies, et le rappel que les mots n'ont pas de frontières, ne sont pas des barrières, que les larmes sont toutes les mêmes et que la compassion n'est qu'un faible pansement sur les blessures du temps...
RépondreSupprimerJe découvre les deux poèmes, l'autre en calligramme... on sait bien qu'avec le temps va les choses s'effacent sous le poids des années qui passent, on oublie ben un peu, mais il y a tjs quelque chose qui nous remet en mémoire les horreurs passées.... les livres d'histoires les retiennent, et les poèmes dédiés aussi... merci Jeanne, bises
RépondreSupprimerMerci beaucoup, Jeanne, magnifiques poèmes qui expriment mieux que jamais notre désarroi devant les horreurs qui nous dépassent et qui semblent implacablement liées à la nature humaine. Gros bisous.
RépondreSupprimerDes mots qui expriment si bien ce temps qui passe ; qui se passe ... oui, Jeanne, une pensée pour eux tous, certainement ! Bisous♥
RépondreSupprimerJe connaissais le second d’Apollinaire que j'aime beaucoup. Je découvre celui de Duhamel. Ils se complètent bien et conviennent bien à la tristesse et au désespoir ambiant.
RépondreSupprimerBeau week-end
je ne connaissais pas celui de Duhamel, je le note dans mes archives Jeanne
RépondreSupprimerj'ai vu sur G+ tes anciennes participations
Dépasser le désarroi, grâce à la poésie : Ces deux poèmes y participent, profondément. merci.
RépondreSupprimerLoîc
deux poêmes magnifiques....qui nous saisissent d'autant plus en ces temps de guerre souterraine....(et d e guerre tout court dans tellement de pays!)
RépondreSupprimerDe beaux textes pour rappeler que la vie de l'homme n'a pas de prix, que lui nuire c'est éliminer beaucoup de soi! Mais on dirait que de le savoir ne suffit pas, certains ont besoin de l'expérimenter...
RépondreSupprimerMerci pour cette page, Jeanne.
RépondreSupprimerPasse une douce journée.
de jolis poèmes
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ces poèmes beaux et qui nous parlent. Bon après midi. Bonne semaine également.
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