Pas beaucoup de temps, des contre-temps aussi, pas vraiment le cœur à écrire. Et puis ce texte dont j'ai envie de partager avec vous le contenu et l'utopie, même naïve.
Je l'avais écrit pour un défi des CROQUEURS DE MOTS pour le 12 juillet 2010. Entre les lignes qui ne laissaient encore rien apparaître, je devine l'énorme besoin que j'avais de me raccrocher à un monde de fraternité à travers ce partage absolument véridique. Pas un pays ou pas seulement un pays ou deux mais un monde fraternel.
J'avais appris quelques petits jours avant qu'Anne-Sophie était à l'hôpital, et pourquoi.
rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo, violet.
Les Croqueurs de mots, avec à la barre, anni, pour le défi n°33, nous emmènent en vacances arc-en-ciel, pour donner à voir de toutes les couleurs.
J'avais le projet de vous relater une rencontre singulière de lointaines vacances, mais les contingences du quotidien ont déjà bien entamé ma journée. Aurai-je le temps d'aller jusqu'au bout ? Rien n'est moins sûr.
L'été 1970 avait commencé avec son lot de péripéties plus ou moins éreintantes. Le mot stress ne faisait pas encore partie du vocabulaire ambiant, mais si je l'avais connu, je l'aurais bien volontiers emprunté pour qualifier ce que nous venions de vivre. Ma sœur Lil plus que moi encore (non pas Jacotte, une autre de mes sœurs) était bien cabossée et je lui avais proposé de partir se mettre au vert dans ma 4L blanche à nouveau fringante.
Se promener au bord des torrents, se baigner dans l'eau du lac d'un bleu changeant, comme pour satisfaire toute la palette d'un peintre qui aurait posé là son chevalet. ...
Le soir habillait les montagnes de rose et de violet. Ce n'était pas le hasard qui avait nommé le sommet du lieu le Mont Rose. Et même la nuit, qui tombait plus tôt en août, faisait de son écrin indigo ruisseler le jaune pâle des étoiles filantes.
Fenêtres et balcons s'égayaient sous le géraniums du même rouge et blanc que ceux du drapeau suisse, ce drapeau qui, dans ce que j'en avais appris en Histoire, symbolisait une neutralité qui avait traversé les conflits du vingtième siècle la tête haute.
Une telle rencontre ne pouvait avoir lieu qu'ici. Dans cette pension de famille accueillante où l'hôtesse organisait l'espace de la salle à manger en réunissant les pensionnaires par tables de quatre ou six. C'est ainsi que nous avions fait connaissance d'un vieux couple d'Allemands venus par la train. Madame B avait un accent campagnard très prononcé que je ne comprenais absolument pas mais Monsieur Erich B parlait distinctement et assez lentement pour que nous puissions, repas après repas, dialoguer davantage. Ils avaient même accepté avec grand plaisir notre proposition de les emmener faire quelques excursions, puisqu'ils n'étaient pas motorisés sur place.
C'est ainsi que la veille de leur départ, tandis que le soir éclairait la nappe blanche de sa lumière orange, le vieux monsieur, les yeux embués de larmes, choisit méticuleusement ses mots pour nous dire sa honte d'avoir été allemand et adulte pendant toutes ces horreurs, me dire que le passé ne pouvait pas s'effacer, et nous demander, en leur nom et au nom de beaucoup d'allemands du moins le pensait-il
pardon
Sa femme est décédée quelques années après, mais j'ai pu correspondre avec ce monsieur environ deux à trois fois par an jusqu'à son extrême vieillesse pendant plus de vingt cinq ans encore.
Belle rencontre. Texte très bien écrit que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire, très émouvant et touchant sur la fin. Il y a des rencontres de vacances qu'on n'oublie pas. Nous avons ainsi connu un couple d'anglais au camping et 30 ans après nous sommes toujours amis et nous nous voyons de temps en temps. Belle semaine
RépondreSupprimerJe crois m'en souvenir Jeanne... les pauvres soldats allemands aussi... on y pense pas et pourtant ils ont souffert tout autant de cet état de guerre ! Merci à toi, bises
RépondreSupprimerTrès beau et très émouvant, ces couleurs de la vie se réunissant pour dire pardon...
RépondreSupprimerC'est une belle, très belle rencontre. Merci, Jeanne.
RépondreSupprimerIl y a des moments comme ça, où l'important est de pouvoir se raccrocher à ce qui est beau.
J'espère que tu vas bien.
Bisous et douce journée.
Bonjour Jeanne, pour une belle rencontre c'est une belle rencontre et tu fais bien de nous la remémorer. Gravité mais bonheur de se trouver enfin sur la même longueur d'onde. Merci beaucoup, gros bisous.
RépondreSupprimerun texte qui rend hommage à c e qui est humain en nous et nous relie les uns aux autres....
RépondreSupprimermerci pour ce texte - mon mari a rencontré à Kos, un allemand de 60ans qui lui aussi portait encore la souffrance d'être Allemand après cette guerre horrible. Bises et porte toi bien
RépondreSupprimerBonjour Jeanne,
RépondreSupprimerUn billet qui méritait d'être rééditer, c'est d'un très grand humanisme. Merci.
Bises bien amicales.
Henri.
très très beau texte merci à toi
RépondreSupprimerC'est magnifique tout simplement ! Rien à ajouter.
RépondreSupprimerCoucou Jeanne
RépondreSupprimerComme je suis contente que tu n'aies pas eu le temps d'en composer un autre ! Je ne connaissais pas celui-ci couleur arc-en-ciel et ..... qu'il est beau, vraiment ! Une trop belle note d'espérance, un vrai bonheur à lire !
Merci de tout cœur et bisous énormes
oui il pourrait être si beau ce monde arc-en-ciel !!!
RépondreSupprimertexte très émouvant .. les choses sont rarement simples !
belle soirée à toi
Une rencontre très émouvante que tu as eu bien raison de publier à nouveau.
RépondreSupprimerVraiment une belle rencontre que celle-là, Jeanne ! tu as bien fait de le publier à nouveau ! Bon jeudi tout entier ! Bisous♥
RépondreSupprimerun texte bien émouvant
RépondreSupprimerBeaucoup d'émotion et de partage, de la compassion et le bonheur d'une rencontre, l'humain face à l'humain, avec ses défauts et ses fragilités, acceptation et résilience pour ce monsieur...
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