aparté, petit rappel, je suis dans l'impossibilité à cause d'un bug de déposer des commentaires sur les blogs de Blogger. Vous m'en voyez désolée.
L'eau s'écoulait nonchalamment
A peine ridée par le vent
Le chaland allait lentement
La femme sans âge,
sans nuage sur son visage
S'imprégnait du paysage
J'avais vu son annonce d'offre de cours particuliers de piano classique et moderne dans le journal Le Monde car j'avais acheté un clavier électronique et je ne m'en sortais pas toute seule. Il lui fallait deux heures par le train depuis Paris où elle logeait dans un foyer pour femmes de L'Armée du Salut et autant pour le retour. Juste pour m'apprendre les rudiments du piano pendant mon troisième congé de maternité et pour un prix plus que modeste.
Après ma leçon je lui offrais du thé et des gâteaux et nous écoutions de la musique de son choix. Elle aimait particulièrement La Moldau de Smetana. Et quand le temps était clément elle me demandait si nous pouvions aller nous promener le long de la rivière toute proche. Nous étions en hiver, j'emmitouflais mon bébé et nous partions avec le landau.
Le poème symphonique de Smetana est enkysté de ce souvenir de près de quarante ans. Elle me disait combien contempler le fil de l'eau l'apaisait et elle me racontait par bribes des fragments de sa vie d'avant. Sa voix sans affect, sans ressentiment non plus, avait le même ton que si elle m'avait demandé de lui passer le sel.
D'elle je n'ai su que peu de choses sinon qu'elle était arrivée d'Asie avec les boat people. Elle avait été pharmacienne dans une autre vie. Elle avait vendu son officine, puis son logement. Il valait mieux désormais être locataire que propriétaire. Mais ces précautions n'avaient pas suffi et elle avait perdu toute sa famille un jour de grand "ménage".
L'émotion avait déserté
comme le sel brûlant ses blessures.
Cœur à vif, cœur flétri,
Le tribut à sa survie.
L'eau s'animait doucement
Au passage de la péniche.
péniche sur l'Oise |
l'Orne en amont du barrage de Rabodanges |
Un texte très émouvant. Je viens de le lire plusieurs fois, contempler le fil de l'eau pour apaiser les brulures de la vie en laissant aller son esprit.
RépondreSupprimerL'émotion disparue ou enfouie, et l'eau qui s'anime.
Merci
l'Marco
Comme j'habite au bord de la rivière qu'on nomme la Lys, j'ai connu très tôt ces sorties... et ma foi, je continue encore, merci, jill
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